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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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conservé, contient un exposé de la doctrine d ’ Antiochus, mis dans la bouche de Varron.
    Pour bien faire comprendre le sujet du débat, nous devancerons le temps et exposerons d ’ abord le contenu de ce premier livre des Seconds Académiques . Varron-Antiochus y expose une thèse historique des plus étranges  ; les véritables continuateurs de Platon et des Académiciens, ce ne sont point Arcésilas et Carnéade, ce sont les Stoïciens  ; et c ’ est en reprenant le stoïcisme bien compris et purgé de ses inconséquences que l ’ on renouera la tradition académique. Zénon de Cittium, qui l ’ a reçue par Polémon, n ’ a fait que changer quelques noms  ; en appelant préférables la richesse et la santé que Platon appelait des biens, il n ’ a rien changé aux règles de la conduite  ; tout en rejetant l ’ incorporéité de l ’ âme, il a gardé l ’ essentiel de la physique platonicienne qui est la dualité d ’ un agent et d ’ un patient  ; enfin, il admet comme Platon la certitude, tout en la plaçant dans les sens. Antiochus est ici le fondateur d ’ un dogmatisme syncrétiste qui efface toutes les nuances  ; il collabore, à sa manière, à ce rapprochement du platonisme et du stoïcisme que l ’ on constate chez Panétius et Posidonius.
    Or Cicéron raconte que, en 87 avant J.-C., Lucullus, étant proquesteur à Alexandrie, avait parmi ses familiers Antiochus et son ami Héraclite de Tyr  ; l ’ on avait apporté à Alexandrie deux livres de Philon  ; Antiochus, les ayant lus, s ’ irrita et demanda à Héraclite s ’ il avait jamais ouï Philon ou un Académicien quelconque dire de telles choses  ; c ’ est à ce moment qu ’ il écrivit contre son maître un livre intitulé le Sosus .
    p.413 Ce qui cause l ’ irritation d ’ Antiochus ne peut être dû, semble-t-il, qu ’ à la manière singulière qu ’ il a lui-même d ’ écrire l ’ histoire  ; dans sa réponse à Lucullus et Varron, Cicéron, qui représente Philon, leur oppose une autre vérité historique, celle de la tradition sceptique, qui commence avec les physiciens Anaxagore et Empédocle, continue avec Socrate qu ’ Antiochus voudrait séparer de Platon, avec Platon lui-même et les Cyrénaïques  [585] . Quant à Philon, le néo-platonicien Numénius raconte qu ’ il a changé d ’ avis et que, après avoir cultivé et exagéré les dogmes de Clitomaque, il devint lui-même dogmatique, « retourné par l ’ évidence qu ’ il trouvait dans les impressions passives et leur accord entre elles  [586]  ». Philon était-il donc sur la pente qui menait au dogmatisme d ’ Antiochus  ? Dans la même phrase, d ’ après Sextus  [587] , Philon dit que les choses sont incompréhensibles et qu ’ elles sont compréhensibles  ; Cicéron le représente à la fois ruinant la définition zénonienne de la représentation compréhensive et refusant pourtant d ’ admettre que rien ne puisse être compris  [588] . Enfin, on le voit admettre à la fois des choses évidentes ( perspicua ) qui sont empreintes dans l ’ esprit, tout en n ’ accordant pas que ces choses soient perçues. Antiochus, qui le connaissait bien pour avoir été son élève pendant beaucoup plus de temps que personne autre, a-t-il tort de le taxer de contradiction  ? La contradiction n ’ est peut-être qu ’ apparente  ; Philon a pu admettre des évidences irrésistibles, sans admettre le critère stoïcien  ; et le texte de Sextus ne veut pas dire autre chose  : si l ’ on veut user du critère stoïcien (c ’ est-à-dire une représentation non seulement correspondante à l ’ objet mais capable d ’ être distinguée de tout autre qui ne l ’ est pas), rien n ’ est compréhensible  ; en se laissant aller à la spontanéité de la nature, il y a des choses compréhensibles  ; ce sont les perspicua dont parle Cicéron. p.414 Philon est donc de ces philosophes dont le sceptique Énésidème dit qu ’ ils dogmatisent sur beaucoup de choses, mais ne veulent pas faire reposer leurs affirmations sur la représentation compréhensive. De fait Stobée  [589] nous a conservé sous son nom l ’ esquisse d ’ un véritable enseignement moral, dont le dessin n ’ est pas très différent de celui de l ’ enseignement stoïcien.
    Telle est l ’ issue de la pensée académique qui tend à se durcir en dogmes.
     
     
    Bibliographie
     
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CHAPITRE VI
    LES COURANTS D ’ IDÉES
    AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES DE

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