Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
Vom Netzwerk:
 ; car si l ’ origine de la connaissance intellectuelle est dans la sensation, il faut que l ’ intellect subisse l ’ action du corps  ; mais comment le pourrait-il s ’ il est incorporel  ? Et comment p.446 pourrait-il être maître de sa pensée, puisque rien ne pâtit de soi-même  ? Enfin, si une intelligence n ’ est rien en acte, mais si elle est tout en puissance, en quoi diffère-t-elle de la matière première  ? A propos de l ’ intellect-agent, les difficultés ne sont pas moindres  ; car on ne peut dire comment il vient en l ’ âme, et s ’ il lui est inhérent, pourquoi l ’ oubli, l ’ erreur et le mensonge  [643] ? »
    Nous connaissons par Alexandre d ’ Aphrodise  [644] la solution que son maître Aristoclès essayait de ces difficultés  ; on va voir qu ’ elle est suggérée par le stoïcisme (et la confusion que l ’ on commit longtemps entre Aristoclès et Aristotélès, et qui fit attribuer à Aristote lui-même les idées de celui-là ne contribua pas peu à obscurcir le sujet). Aristoclès admet d ’ abord que ce qu ’ Aristote appelle l’intellect matériel ou en puissance est un intellect qui croît naturellement, comme toutes nos autres facultés, par le progrès de l ’ âge et qui est capable d ’ opérer l ’ abstraction. Néanmoins cette activité, inhérente à l ’â me, n ’ est possible que parce qu ’ il y a un intellect venu du dehors, pensée pure, intelligence divine partout répandue dans la matière, comme une substance en une substance, traversant tout et étant en n ’ importe quel corps. Lorsque cet intellect en acte rencontre un mélange corporel favorable, elle agit par lui comme par un instrument, et l ’ on dit que nous pensons. Notre intelligence matérielle ou en puissance n ’ est donc, comme toutes nos autres facultés, qu ’ une certaine combinaison organique, qui peut servir d ’ instrument à la pensée.
    Cette doctrine répond aux objections de Théophraste  ; mais Alexandre estime qu ’ elle s ’ écarte trop de l ’ opinion du maître. Pour lui, il distingue quatre intellects, l ’ intellect en puissance ou hylique, capacité de recevoir les formes, semblable à une table rase, ou plutôt «  à ce caractère qu ’ elle a d ’ être rase  » , intellect différent de la matière première, puisqu ’ il ne p.447 devient pas telle ou telle chose en particulier et parce qu ’ il ne pâtit pas comme la matière. En second lieu, l ’ intellect acquis, ou l ’ intellect comme disposition, qui naît lorsque l ’ intelligence a appréhendé l ’ universel, en séparant par abstraction les formes de la matière  ; il est l ’ ensemble des pensées qui sont toujours à notre disposition, comme la science est à la disposition du savant, bien qu ’ il n ’ y pense pas toujours actuellement. Enfin l ’ intellect en acte est la pensée actuelle, dans laquelle le sujet est identique à son objet.
    Ces trois intellects décrivent les trois phases de l ’ activité intellectuelle, de la puissance à la disposition et de la disposition à l ’ acte. Le quatrième intellect est l ’ intellect agent, la cause qui fait passer à l ’ acte les intelligibles en puissance. Il faut qu ’ il soit par conséquent lui-même intelligible en acte, par sa propre nature, séparé et sans mélange. Dans cet intellect agent, Alexandre est amené à reconnaître non plus une faculté de l ’ âme, mais l ’ acte pur, la pensée de la pensée, en un mot le Dieu d ’ Aristote. C ’ est donc Dieu qui est l ’ agent de l ’ opération intellectuelle en nous  ; ce n ’ est point une vision en Dieu mais c ’ est, si l ’ on peut dire, une vision par Dieu. Grâce à Alexandre, chez les Péripatéticiens comme chez les Platoniciens, la méditation sur la nature de la connaissance intellectuelle et sur son objet nous amène non pas à la science, mais à la théologie.
     
    Bibliographie
    @
     

CHAPITRE VII
    DÉVELOPPEMENT DU NÉOPLATONISME
     
    I. — PLO TIN
    @
    p.449 Le néoplatonisme est essentiellement, on l ’ a déjà vu, une méthode pour accéder à une réalité intelligible et une constructiqn ou description de cette réalité. La plus grosse erreur que l ’ on pourrait commettre, c ’ est de croire que cette réalité a pour fonction essentielle d ’ expliquer le sensible  ; il s ’ agit avant tout de passer d ’ une région où la connaissance et le bonheur sont impossibles à une région où ils sont

Weitere Kostenlose Bücher