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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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des parties n ’ est pas parfaite suppose au-dessus d ’ elle une unité plus achevée  ; ainsi la sympathie mutuelle des parties d ’ un corps vivant ou des parties du monde suppose au-dessus d ’ elle une unité plus parfaite, celle de l ’âm e, qui les contient  ; l ’ union des théorèmes d ’ une science suppose l ’ unité d ’ une intelligence qui les saisit. Sans cette unité supérieure tout s ’ éparpille, s ’ effrite et perd son être. Rien n ’ est que par l ’ Un  ; Aristote a eu tort de dire que l ’ê tre et l ’ un sont toujours convertibles  : en réalité l ’ être est toujours subordonné à l ’ Un  ; l ’ Un est le principe de l ’ être. Mais à une condition  : c ’ est que cette unité ne soit pas une unité purement formelle et vide, mais contienne toute la réalité qui se développera en son produit : l ’ âme d ’ un vivant contient en elle, à l ’ état de raisons séminales inséparables les unes des autres, tout le détail du corps vivant  ; rien de réel qui ne vienne d ’ elle. A cette condition, on voit la portée du mode d ’ intelligibilité qu ’ emploie Plotin, qui consiste à faire comprendre une p.452 réalité quelconque en la rapportant à une unité plus parfaite  [645] .
    Pourtant Plotin abandonne entièrement la théorie stoïcienne, dont il a quelquefois suivi les formules  ; pour les Stoïciens, on s ’ en souvient, l ’ unification était due à une activité propre de l ’ agent qui pénétrait dans la matière et, par sa tension, en retenait les parties. Pour Plotin, toute unité est toujours plus ou moins du genre de celle d ’ une science  ; dans une science l ’ esprit est un parce qu ’ il contemple un seul et même objet  ; ce qui introduit l ’ unité dans la réalité inférieure, c ’ est la contemplation du principe supérieur  [646] . Dire que l ’ un est le principe de l ’ être revient alors à dire que la seule réalité véritable est la contemplation. Non seulement l ’ intelligence est contemplation de son objet, mais la nature est aussi contemplation, contemplation tacite, silencieuse, inconsciente, du modèle intelligible qu ’ elle s ’ efforce d ’ imiter  ; un animal, une plante, un objet quelconque n ’ ont leur forme (au sens aristotélicien) que dans la mesure où ils contemplent le modèle idéal qui se reflète en eux. Le principe supérieur reste donc en soi, en son inaltérable perfection et immobilité  ; rien de lui-même, de son activité ne passe dans la réalité inférieure, puisqu ’ il n ’ agit, comme les choses belles, qu ’ en emplissant les choses de sa lumière et de son reflet autant qu ’ elles sont capables de le recevoir.
    Toutefois, pour bien le saisir, il faut avoir présente l ’ image fixe d ’ un cosmos unique, fini et éternel, avec son ordre toujours identique à lui-même, qui obsède l ’ esprit de Plotin comme celui de tous ses contemporains  ; c ’ est en fonction de cette image que sa doctrine métaphysique prend un sens. Le donné, c ’ est l ’ unité du monde sensible, et toutes les réalités intelligibles dont il dépend ne sont que ce même monde, plus contracté et en quelque sorte dématérialisé. Toute la construction métaphysique de Plotin perd beaucoup de son sens si l ’ on n ’ accepte, p.453 avec l ’ unicité du monde, son unité, la sympathie de ses parties, son éternité et le géocentrisme  [647] .
    Ainsi se comprend la théorie plotinienne des principes ou hypostases  : le premier principe, c ’ est l ’ Un ou Premier, en qui il n ’ y a encore aucune division  ; il n ’ est rien, puisqu ’ il n ’ y a en lui rien de distinct  ; et il est tout, puisqu ’ il est puissance de toutes choses  ; il est comme l ’ Un du Parménide de Platon, dont on peut successivement tout nier et tout affirmer  ; de fait, c ’ est à ce dialogue que Plotin emprunte le principe de sa théorie de l ’ Un. Mais c ’ est aussi au VI I e livre de la République  ; l ’ Un est en effet aussi le Bien, puisqu ’ il donne à chaque être son être  ; et il est lui-même «  au-dessus de l ’ essence », puisque être, rappelons-le, pour Platon, c ’ est nécessairement être quelque chose. Or le Premier, Bien ou Un, est une hypostase, sans être une essence ou substance. Le mot hypostase signifie tout sujet existant, que ce sujet soit déterminé ou non  ; le mot essence ou substance (ου̉σία) désigne aussi un

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