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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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sujet existant, une hypostase, mais un sujet déterminé par des attributs positifs et ayant une forme. C ’ est pourquoi il faut faire attention que ces attributs  : Premier, Un ou Bien, ne soient pas pris pour des propriétés positives ou des formes de l ’ Un  ; ce sont des manières d ’ en parler, en envisageant le rôle qu ’ il jouera par rapport aux hypostases subordonnées; ce n ’ est pas une manière de dire ce qu ’ il est puisque, à proprement parler, il n ’ est rien, pas même un, pas même bien, rien qu ’ un néant superessentiel  [648] .
    Pourquoi cet Un ne reste-t-il pas l ’ unique  ? Pourquoi la réalité ne reste-t-elle pas éternellement contractée en lui  ? C ’es t que toute chose parfaite produit, comme l ’ être vivant, arrivé à l ’ état adulte, produit son semblable  ; production inconsciente, involontaire, due à une sorte de surabondance, comme celle d ’ une source dont le trop plein s ’ écoule, comme celle d ’ une lumière qui se diffuse  ; l ’ être vivant, la source, la p.454 lumière ne perdent rien à se répandre, et gardent en eux-mêmes toute réalité  ; c ’ est ce que l ’ on a appelé, d ’ une métaphore habituelle, mais qui n ’ est pas tout à fait juste, la théorie de l ’ émanation  ; il faut dire plutôt, avec Plotin, la procession, la production, ou marche en avant de quelque chose qui vient du principe. Mais le produit cherche à rester le plus près possible de son producteur, dont il reçoit toute sa réalité  ; à peine a-t-il procédé qu ’ il se retourne vers lui pour le contempler. C ’ est en cet acte de se retourner, ou conversion, que naît (bien entendu d ’ une naissance éternelle et intemporelle) la seconde hypostase, qui est à la fois Être, Intelligence et Monde intelligible  [649] .
    Il ne faudrait pas exagérer l ’ unité systématique de la pensée plotinienne dans la description de cette seconde hypostase  ; elle présente plusieurs aspects. C ’ est d ’ abord, sous l ’ aspect du monde intelligible, l ’ Un en quelque sorte détendu et multiplié  : la réalité, indistincte dans l ’ Un, s ’ épand en une multiplicité hiérarchisée de genres et d ’ espèces, que l ’ on voit se former par une sorte de dialectique (la division platonicienne) et de mouvement spirituel, à partir des genres suprêmes  ; encore faut-il bien voir que ce mouvement est éternellement achevé, que cette hiérarchie d ’ intelligibles est éternellement fixée, et que c ’ est seulement notre pensée qui se meut en la parcourant  [650] . Il faut aussi se garder d ’ exagérer le caractère de multiplicité de ce monde  : dans une pareille unité systématique, chaque être contient tous les autres, tout est dans tout  : Plotin nous rappelle que la dialectique platonicienne ne procède pas, comme la logique aristotélicienne, par des additions, ajoutant au genre des différences spécifiques pour déterminer l ’ espèce  ; elle procède par division, c ’ est-à-dire que le genre est un tout concret que l ’ on sépare pour le diviser en espèces, comme on peut concevoir le monde divisé en ciel p.455 et région sublunaire  ; le progrès du genre aux espèces n ’ est pas un enrichissement, mais un passage du tout aux parties, où les parties garderaient encore la richesse du tout  [651] .
    De là une conséquence importante  : l ’ intelligible aristotélicien ne désignait que des genres et des espèces  ; l ’ individu, réalisé dans le monde sensible, contenait donc tous les caractères de la forme spécifique, augmentés d ’ autres caractères en nombre indéterminé, dus à sa réalisation dans la matière et qui constituaient sa véritable individualité  ; on peut penser l ’ homme, on ne peut penser Socrate, dont l ’ individualité est due aux mille accidents que la forme spécifique de l ’ homme a rencontrés en se réalisant  : le monde sensible serait donc à certains égards plus que le monde intelligible  ! La vérité est au contraire pour Plotin que l ’ individu existe dans le monde intelligible, ou qu ’ il y a « des idées des individus  [652] » . Plotin n ’ admet pas d ’ une manière générale que la forme, pour se réaliser dans le sensible, doive être accrue de caractères positifs, comme les organes de défense, par exemple, ou les organes des sens  ; à ces questions : « Quel besoin le lion intelligible a-t-il de griffes, puisqu ’ il

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