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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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Dioclétien et Constantin qu ’ enseigna Jamblique de Chalcis, dont la pensée domine toute la fin du néoplatonisme  ; il était non moins mystagogue que philosophe. La manière dont il voulait qu ’ on étudiât Platon (selon un ordre peut-être déjà traditionnel) est caractéristique  ; on devait étudier dix dialogues en ordre systématique en commençant par Alcibiade I , qui traite de la connaissance de soi, en continuant par le Gorgias , qui traite des vertus politiques, en réservant pour la fin le Parménide , qui se rapporte au principe suprême. Ainsi les dialogues, lus comme il faut, ne sont qu ’ un vaste guide de la vie spirituelle  [677] .
    Des spéculations de Jamblique sur l ’ âme, nous ne connaissons guère que les fragments d ’ un traité, de caractère surtout historique, conservés dans les Eclogues (I, 40, 8  ; 41, 32-33) de Stobée. Ce qui nous intéresse, c ’ est qu ’ il veut y distinguer la pure tradition historique du platonisme des additions dont elle a été l ’ objet. D ’ après un enseignement, qui ne remonte qu ’ à Numénius, l ’ âme serait une essence identique à celle de la réalité supérieure dont elle dérive  ; d ’ après la doctrine véritable de Platon (et aussi d ’ Aristote et de Pythagore), l ’ âme est une substance distincte de cette réalité et douée de caractères propres. p.473 On voit ici, assez nettement, l ’ opposition d ’ un platonisme inspiré du stoïcisme, celui de Numénius, qui fait des âmes de simples fragments de l ’ intelligence divine, et d ’ un platonisme qui multiplie les termes de la hiérarchie des réalités, en s ’ efforçant de conserver à c hacun son caractère propre et original.
    Cette tendance à la multiplication des termes de la hiérarchie, qui apparaît déjà à cette occasion, est le trait distinctif de cette période ultime du néoplatonisme inaugurée par Jamblique  ; il donne la méthode et l ’ exemple, dont Proclus s ’ i ns pirera, si bien que, au l i eu de la simple triade plotinienne, la réalité suprasensible se composera d ’ un grand nombre de ternaires, étagés les uns au-dessu s des autres. Est-ce là, comme o n le répète souvent, la continuation d ’ un mouvement de pensée q ui débute chez Plotin  ? Plotin aurait intercalé, entre le premier principe et le monde, les hypostases de l ’ intelligence et de l ’ â m e, pour rétablir la continuité , rendue impossible par la transcendance du Principe  ; ses successeurs, selon le même procédé, auraient intercalé d ’ autres termes comme on intercale des points, pour se rapprocher d ’ une ligne continue.
    Nous voyons au contraire, dans la direction de Jamblique, une véritable réaction contre l ’ esprit plotinien. Lorsque Proclus, qui est tout à fait dans l ’ esprit de Jamblique, a montré, en son Commentaire du Timée (241 f. sq.), que l ’ Éternité était une hypostase à intercaler entre le Bien et l ’ Animal en soi (de même que le Temps doit être intercalé entre le monde intelligible et le monde sensible), il fait la remarque suivante à propos d ’ auteurs qu ’ il ne nomme pas et qui doivent être Plotin et ceux de son école  :«  Les autres confondent tout  ; n ’ admettant que l ’ Intelligence entre l ’ âme et le Bien, ils sont forcés de reconnaître l ’ identité de l ’ Intelligence et de l ’ Éternité. » Cette critique simpliste revient non pas à distinguer là où Plotin confond et identifie, comme on le croirait à lire seulement Proclus, mais à méconnaître l ’ esprit de Plotin, qui sans confondre du tout l ’ éternité et le monde intelligible, retrouve l ’ éternité p.474 dans le mouvement de l’intelligence qui revient vers l’un [678], la recherchant donc dans sa genèse et son processus, loin d’en faire, comme ses successeurs, un terme figé. C’est de la même manière que, ailleurs, Proclus critique la théorie des démons que donne Plotin ; Plotin détruit la notion même de démon en faisant, comme les Stoïciens, du démon une partie de nous-même [679] ; encore ici, Proclus néglige la subtile théorie plotinienne de l’âme, d’après laquelle la partie supérieure de nous-même (le démon), la partie contemplative, est nous sans être nous ; elle est nous-même quand nous y atteignons : elle cesse d’être nous, lorsque nous descendons à un niveau inférieur.
    La grande affaire de Jamblique (comme de Proclus) est de trouver

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