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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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divinité des êtres célestes, des astres  ; un ensemble d ’ actes religieux, prières, évocations des âmes, incantations magiques, dont l ’ efficacité découle d ’ une manière en quelque sorte mécanique de l ’ observance exacte des rites prescrits. Ce ne sont pas là, p.465 bien entendu, des découvertes de Plotin, mais des idées communes qu ’ il agrège à sa philosophie. Sous toutes les formes, on voit se répandre aux I I e et II I e siècles le culte du soleil, aussi bien dans les mystères de Mithra, dont les adeptes sont aussi nombreux à cette époque que dans le culte officiel du Deus Sol  [666] qu ’ institue Aurélien, empereur en 270  ; culte dans lequel il prétendait réunir toutes les religions de l ’ empire et auquel pouvaient participer, sans rien sacrifier de leurs préférences personnelles, les Syriens adorateurs de Baal, les Grecs et les Latins. Près d ’ un siècle plus tard, en 362, c ’ est aussi autour du culte du Soleil que l ’ empereur Julien, qui est un adepte des mystères de Mithra, veut réorganiser une religion païenne officielle. Et comment comprendre, en effet, cette vénération religieuse que le cosmos inspire aux néoplatoniciens sans cette substructure religieuse, dont ils sont moins les auteurs que les témoins  ? Tandis que le philosophe légitime ce culte par l ’ ensemble de ses spéculations, on voit des monuments figurés s ’ efforcer de la faire parler à l ’ imagination, comme cette sphère magique du I I e ou II I e siècle où s ’ accumulent les symboles des divinités cosmiques  [667] : le soleil, personnage assis, entouré d ’ une auréole de sept rayons, le triangle, symbole de la génération et cinq cercles sécants indiquant les cinq éléments que distingue Aristote  ; détails dont beaucoup se retrouvent dans un hymne au Soleil de Proclus. A ce culte solaire se rattache, d ’ ailleurs, dans le mithriacisme, la même vue de la destinée humaine que l ’ on trouve chez Plotin  ; dans les bas-reliefs mithriaques, « le soleil rayonnant fait continuellement descendre, le long de ces sept rayons, des particules de feu dans le corps qu ’ il appelle à la vie. Inversement, quand la mort a dissous les éléments dont l ’ être humain est composé, le soleil les élève vers lui  [668]. La transformation de l ’ âme en un être céleste, après la mort, p.467 ou, dès cette vie  ; sous l ’ influence des cérémonies des mystères, est la croyance courante des religions des mystères, vers le I I e siècle  ; dans les mystères de la Grande-Mère, Apulée nous représente l ’ initié, appelé à la renaissance et à une vie nouvelle, revêtant successivement douze habits au cours des cérémonies nocturnes de l ’ initiation, et le matin, revêtu de « l ’ habit céleste », honoré comme un dieu par toute la communauté  [669] .
    Les néoplatoniciens cherchent parfois à aller à la rencontre de ces croyances, en se faisant eux-mêmes plus populaires  ; de là naissent des écrits comme le petit écrit de Salluste, Des dieux et du monde , sorte de catéchisme néoplatonicien qui s ’ adresse aux gens du commun, avec la prétention de s ’ appuyer uniquement sur le sens commun et sur les mythes connus de tous, avec un évident souci de clarté. Un dogme fondamental de cette religion, et qui l ’ oppose aux nouvelles croyances chrétiennes, c ’ est celui de l ’ éternité du monde, avec l ’ ordre qu ’ il possède actuellement  ; admettre la création revient à admettre que les astres ne sont pas des êtres divins  ; et les néoplatoniciens, de Porphyre à Proclus, ne se lassent pas de répéter contre la création le même argument  : la production du monde est un résultat nécessaire et par conséquent éternel de la nature de Dieu, qu ’ on ne peut supposer inactif qu ’ en le supposant imparfait.
    Un second trait de la religion de Plotin, c ’ est l ’ extraordinaire force attribuée au rite, qui transforme au fond tout acte cultuel en un acte magique  [670] , C ’ est encore là un trait commun du temps. En nulle époque, on ne trouve plus d ’ incantations magiques écrites sur des tablettes, qu ’ il s ’ agisse de tablettes d ’ exécration ou de charmes d ’ amour  ; en nul temps, on n ’ a de moyens plus nombreux de prévoir l ’ avenir  ; de là un charlatanisme sans frein comme au I I e siècle, celui d ’ Alexandre p.468 d ’ Abonotique, dont Lucien, dans son

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