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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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vocation : d’une dévotion scrupuleuse et variée, célébrant chaque mois les cérémonies de la Grande-Mère, observant les jours néfastes des Égyptiens, jeûnant régulièrement le dernier jour de chaque mois, priant chaque jour au lever et au coucher du soleil et à midi, recherchant les divinités exotiques à qui il adresse des hymnes, pratiquant un art théurgique dont les procédés lui avaient été transmis par Asclépigénéia, la fille de Plutarque, qui les tenait de son père [682], tel est le dévot personnage qui fut par excellence dans l’école néoplatonicienne le grand classificateur, auteur de résumés, de sommes, de commentaires de toute sorte, dont l’ordre, la clarté, la limpidité sont surprenants en matière si abstruse. De grands commentaires inachevés, ou incomplètlement parvenus, sur le Timée , sur l’ Alcibiade , sur le mythe du X e livre de la République , sur le Parménide , sur Euclide  ; des traités théologiques, une longue Théologie platonicienne , de courts Éléments de théologie  ; une dissertation Sur le mal , conservée dans une traduction latine du Moyen âge, telles sont ses œuvres principales.
    Les Éléments de théologie , qui donnent une idée complète de la réalité suprasensible, sont remarquables par leur méthode : ils sont composés de théorèmes démontrés par la méthode euclidienne ; Proclus affectionne la démonstration par l’absurde qui conclut à une hypothèse en éliminant toutes les autres. Tel est par exemple le théorème fondamental du traité, que l’on pourrait appeler théorème de la transcendance : « Un terme également présent à tous les termes d’une série ne peut les éclairer tous que s’il est non pas en l’un d’eux, ni en eux tous, mais avant tous. » Car (ainsi parle la démonstration), ou bien il est en tous, et, partagé en tous, il a besoin d’un autre terme qui unisse ses parties ; ou bien il est en l’un d’eux seulement ; mais alors il ne sera pas présent à tous. Donc, etc. Ce théorème si important est la démonstration du réalisme platonicien ; il veut dire qu’il n’y a pas de choses bonnes s’il n’y a auparavant la bonté ; de choses éternelles s’il n’y a l’éternité, etc. D’après ce théorème, Proclus distingue, à propos de chaque série de choses qui possèdent un caractère commun, par exemple la série des choses bonnes, trois termes : un terme imparticipé , c’est-à-dire transcendant, la bonté ; un terme participé, c’est-à-dire le caractère commun à toutes ces choses, à savoir bon, enfin la ou les choses participantes , c’est-à-dire les choses bonnes. On pourrait dire, en termes logiques, que l’imparticipé est la compréhension du concept, le participant son extension, et le participé ce qui relie la compréhension à l’extension.
    De là une méthode de classification des termes d’après leur généralité décroissante ; l’artifice de Proclus, qui fait de cette p.478 classification une métaphysique, revient à considérer chaque terme général comme cause des choses comprises en son extension ; ainsi l’un ou l’unité est cause de toutes les choses dont on peut dire qu’elles sont unes ; il s’ensuit que plus un terme est général et simple, plus il est élevé en dignité ; mais inversement, plus une chose participante est simple, c’est-à-dire participe exclusivement à des caractères très généraux, moins elle est élevée en dignité ; c’est ainsi que l’être, comme caractère abstrait, est supérieur à la vie (c’est-à-dire a un domaine plus étendu que celui de la vie), et la vie à l’intelligence ; en revanche, l’être intelligent est supérieur à l’être seulement vivant, et l’être vivant à l’être tout court, d’autant que la présence d’un attribut moins universel dans un sujet y implique celle d’attributs plus universels : si une chose est homme, elle est a fortiori animal, et, si elle est animal, elle est être.
    Voilà donc les séries (une série, σείρα, étant la réunion d’un imparticipé, d’un participé et d’un participant, par exemple de la vie et des êtres qui le possèdent) classées en ordre hiérarchique suivant le degré de généralité ou de simplicité de l’imparticipé qui les domine : au principe de tout, l’Un ; audessous, la série des unités (έναδες) ; au-dessous celle de l’Être (au-dessous puisque tout être est un, tandis que

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