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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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l’esprit, et l’on ne voit ni comment le Sauveur pourrait en provenir, ni les saints y séjourner [719]. De plus, Dieu n’a créé d’abord que des êtres raisonnables égaux ; mais ces créatures sont douées de libre arbitre et peuvent déchoir ; de là vient la diversité des âmes ; à cette diversité correspond celle des corps qui n’ont pas une existence absolue, mais naissent par intervalle en raison des mouvements variés des créatures raisonnables, qui en ont besoin et qui en sont revêtus [720]. Enfin, Origène ne croit pas qu’il puisse exister des âmes créées complètement privées de corps ; Dieu seul est incorporel ; il faut dire seulement que le corps se modifie en dignité et en perfection, en correspondance constante avec la dignité et la perfection de l’âme.
     
    VI. — LE CHRISTIANISME EN OCCIDENT AU IVe SIÈCLE
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    Des chrétiens moins attachés que Clément et Origène à la civilisation hellène appuyaient encore sur l’impossibilité d’accorder le Christ et la philosophie grecque ; ils sont inconciliables surtout parce qu’ils n’arrêtent pas la divinité au même point de la hiérarchie des êtres ; pour Platon et les Stoïciens, la réalité divine s’étend jusqu’aux âmes, aux astres et au monde qui sont des êtres divins ; les chrétiens la restreignent à la seule Trinité. Or, dans un développement contre le caractère divin des âmes, Arnobe (converti en 297) s’en prend à Platon et à son hypothèse de la réminiscence qui implique que les âmes p.511 sont des êtres divins déchus, au-dessous des dieux et des démons. Comment est-ce possible, demande-t-il, puisqu’il y a des races entières qui sont ignorantes, puisque, dans les sciences, les hommes ont des opinions multiples et opposées, puisque, enfin, le fameux interrogatoire du Ménon ne serait vraiment probant que s’il s’adressait à un être humain, élevé au fond d’une caverne close a l’abri de toute expérience et qui n’aurait pas, comme l’esclave du Ménon , l’usage quotidien des nombres ? Si d’ailleurs elle oublie en entrant dans le corps, c’est qu’elle est susceptible de pâtir, par conséquent corruptible et périssable [721]. Argumentation dont le médiocre esprit d’Arnobe n’a peut-être pas saisi toute la portée, mais dont il résulte que le seul empirisme est d’accord avec l’orthodoxie. L’argument que Lactance (mort en 325) invoque contre la divinité des astres est encore plus instructif. « Ce que les Stoïciens font valoir en faveur de la divinité des êtres célestes, prouve le contraire ; car s’ils pensent qu’ils sont des dieux parce qu’ils ont un cours régulier et rationnel, ils se trompent bien ; et précisément parce qu’ils ne peuvent sortir des orbites prescrites, il apparaît qu’ils ne sont pas des dieux ; s’ils étaient des dieux, on les verrait se transporter çà et là comme des êtres animés sur la terre qui vont où ils veulent parce que leurs volontés sont libres [722]. Esprit certainement nouveau, où l’ordre régulier seul ne suffit pas à prouver la divinité, selon qui, inversement, comme on le voit au livre IV, Dieu se manifeste par des décisions imprévues en inspirant des prophètes et en envoyant son fils sur la terre.
    Ce qui est atteint par ces remarques, provenant d’hommes moins amis des philosophes que les chrétiens de culture grecque, c’est l’idée d’une hiérarchie d’êtres divins naissant les uns des autres et comprenant tout ce qu’il y a de réalité véritable ; le concile de Nicée (325), en affirmant l’égalité absolue des personnes et la Trinité dans cette fameuse formule : le Fils est p.512 consubstantiel au Père, mettait fin à toute tentative de trouver une pareille hiérarchie à l’intérieur de la réalité divine et excluait d’elle toutes les créations spirituelles [723] ; nous indiquerons bientôt dans quelles conditions a pu se reformer pourtant un néoplatonisme chrétien.
    Saint Augustin (354-430) est un de ceux qui ont le plus contribué à répandre l’estime du nom de Platon parmi les chrétiens ; la lecture des œuvres de Plotin dans la traduction latine de Marius Victor a coïncidé à peu près avec sa conversion définitive au christianisme (387), et la parenté de la spiritualité chrétienne avec celle des Platoniciens l’a toujours frappé ; seuls, pense-t-il, ils sont des théologiens ; tandis que les autres philosophes ont usé leur

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