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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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passé, la connaissance du présent par les sens, et les conjectures sur l’avenir, telles que celles de l’astronome, qui reposent sur l’expérience ( experimentum ) ; en second lieu les sept arts libéraux.
    Mais à côté de cette notion d’une source unique de vérité qui tend à unir et à confondre, agit un principe tout différent : d’après ce principe le commentaire de l’Écriture domine tout ; et les répertoires des sciences profanes ne doivent, eux aussi, que fournir des matériaux pour l’intelligence du sens spirituel de l’Écriture. La grammaire, par exemple, aux yeux de Rhaban Maur, contient une partie, la métrique, qui est indispensable à l’intelligence du psautier ; la dialectique apprendra les règles des connexions des vérités, qui permettront de savoir ce qui peut se déduire correctement des vérités enseignées par l’écriture ; l’arithmétique, grâce à la connaissance des nombres, nous découvrira des sens cachés de l’Écriture, qui restent fermés aux ignorants ; la géométrie, dont les proportions ont été observées dans la construction du tabernacle et du temple, nous aidera à pénétrer le sens spirituel ; l’astronomie, enfin, est indispensable au calcul des temps [753].
    p.538 La connaissance de l’univers a le même usage que celle des arts libéraux : on en cherche avant tout une image d’ensemble ; le De Natura Rerum de Bède décrivait le monde selon l’ordre des éléments : le ciel avec ses planètes et ses étoiles ; l’air avec ses météores, comètes, vent, tonnerre, éclair, arc-en-ciel ; les eaux, l’océan avec ses marées, la mer Rouge et la crue du Nil ; la terre avec sa vie intérieure, ses volcans. Dans le De Temporibus , c’est un tableau complet de l’histoire avec ses six âges, dont le dernier, qui dure encore, commence avec le début de l’empire romain. L’usage de ces vastes tableaux d’ensemble, dont aucun trait, à peu d’exceptions près, ne vient de l’expérience directe et personnelle, où presque tout vient de la tradition (et en particulier de Pline l’Ancien), se montre en des encyclopédies du genre du De Universo de Rhaban Maur, dont la science est surtout dérivée d’Isidore de Séville : ce qui fait l’unité de cette compilation, dans la mesure où elle en à une, c’est une vaste interprétation allégorique de l’univers entier où tous les détails du monde ont un sens spirituel ; la pensée du suint livre y est perpétuellement présente.
    On voit donc ce que le christianisme absorbe de la culture hellénique : des matériaux pour la grande œuvre religieuse du salut de l’homme ; de l’esprit qui l’animait, on ne paraît pas avoir le plus léger soupçon. Il ne s’agit pas de la comprendre de l’intérieur, mais tout au plus de l’inventorier et de l’utiliser ; dans les cercles instruits, on ne se refuse pas, après saint Augustin, à agréer les philosophes : « Si ceux même qu’on appelle les philosophes, les platoniciens surtout, dit Rhaban Maur après avoir parlé des arts libéraux, se trouvent avoir dit des choses vraies et concordantes avec notre foi dans leurs exposés et leurs écrits, il ne faut pas craindre ces choses, mais il faut les leur prendre pour notre usage, comme à d’injustes possesseurs. ( Ibid. , chap. XXVI.)
    Si l’on essaye de se représenter les moyens qu’un homme du VIII e siècle avait pour se représenter ce passé philosophique, p.539 voici ce que l’on trouve : d’une part une série d’œuvres authentiques, mais de basse époque, détachées et sans lien, et qui toutes se rattachent à la spiritualité néoplatonicienne : nous voulons dire le Commentaire de Timée de Chalcidius, et la traduction du début du même dialogue par Cicéron, le Commentaire du songe de Scipion , par Macrobe, ce qui a passé de Plotin et de Porphyre chez saint Augustin. Une seconde source était les doxographies très nombreuses qui donnaient quantité de détails historiques, d’ailleurs de plus en plus déformés et inexacts, sur les écoles disparues ; or ces doxographies, dont Rhaban Maur nous offre un exemple [754], dérivent des Pères, chez qui elles sont une préface à la démonstration de l’identité entre les sectes philosophiques païennes et les hérésies chrétiennes. Enfin viennent les traités techniques logiques de Boèce, issus d’Aristote.
    Ce tableau du passé philosophique, si incomplet, si déformé, explique la

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