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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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établir définitivement. Cette cité implique deux espèces de connaissances : les connaissances purement profanes et la science des choses divines ; les connaissances profanes forment l’ensemble de cette propédeutique ou arts libéraux, qu’un Philon et un Sénèque plaçaient au début de la philosophie : le trivium, grammaire, rhétorique, dialectique, qui comprend tous les arts de la parole et du discours, et le quadrivium, composé des quatre sciences dont Platon faisait le point de départ de la philosophie : arithmétique, géométrie, astronomie et musique. Pas plus que chez un Philon ou chez un Sénèque, elles n’ont leur fin en elles-mêmes ; elles ne sont justifiées pour le clerc qui les enseigne aux autres clercs qu’autant qu’elles peuvent servir à la science des choses divines ; le trivium trouve sa justification dans sa nécessité pour la lecture et l’explication de l’Écriture et des Pères, et pour l’enseignement du dogme ; le quadrivium est indispensable à la liturgie et au comput ecclésiastique : pour un usage aussi limité, on n’éprouve pas le besoin d’augmenter les connaissances acquises, ni de promouvoir ces sciences pour elles-mêmes, mais on se contente, en des encyclopédies plus ou moins vastes, d’inventorier l’héritage du passé ; ainsi, ces connaissances, d’ordre purement rationnel pourtant, n’ont aucune autonomie, puisque l’on n’en retient que ce qui est acquis et dans la mesure du service qu’elles peuvent rendre à l’Église.
    D’où les encyclopédies qui furent écrites avant l’époque de p.534 Charlemagne, dans les cantons de l’Europe où subsistait encore quelque vie intellectuelle. c’est-à-dire en Espagne et en Irlande. Isidore, évêque de Séville (570-636) écrit ses Étymologies qui traitent « de l’origine de certaines choses d’après le souvenir des livres anciens » : trois livres sur le trivium et le quadrivium, dont les chapitres sur la dialectique, venus d’Apulée et de Marcianus Capella, contiennent, outre quelques éléments de logique, les divisions de la philosophie ; puis dix-sept livres sur tout ce qui peut intéresser un clerc en matière de calendrier, d’histoire, d’histoire naturelle, de géographie. Plus tard Bède le Vénérable (672-735) écrit au monastère de Jarrow un De natura rerum de même qualité, où il copie Isidore, mais où il utilise souvent Pline l’Ancien.
    Il en est tout autrement de la science des choses divines, qui repose sur l’autorité. L’autorité n’est point quelque chose de simple ; les hérétiques, eux aussi, veulent s’appuyer sur l’autorité, et les Ariens citent l’écriture en leur faveur. Delà des difficultés qui font l’objet propre du Commonitorium de Vincent de Lérins ; cet ouvrage, écrit en 354, ouvre véritablement la pensée du Moyen âge, en formulant les règles destinées à discerner la tradition véritable en matière de foi : suivre de préférence l’opinion de la majorité, en se défiant des opinions privées ; au cas pourtant où l’hérésie risque de s’étendre, s’attacher à l’opinion des anciens ; si l’on trouve des erreurs en ces opinions, suivre les décisions d’un concile oecuménique, ou, s’il n’y a pas eu de concile, questionner et comparer les maîtres orthodoxes et chercher l’opinion commune à tous. Il y a bien dans la tradition une croissance, mais une croissance organique qui ne procède jamais par addition ou innovation, mais par développement et éclaircissement. Voilà donc, fixées, dès le début du Moyen âge, les règles qui doivent permettre à l’unité spirituelle de se maintenir, sans aucune intervention de la pensée philosophique.
    D’autre part, la pensée médiévale sur les choses divines reçoit de saint Augustin la tradition néoplatonicienne. Dieu p.535 est l’intelligence au sens éminent, la source de l’intelligible ; et la connaissance ou vision de Dieu est comme la limite supérieure de toute connaissance intellectuelle. Comme Plotin, saint Augustin pense que « quand l’âme se sera recueillie, ordonnée et sera devenue harmonieuse et belle, elle osera alors voir Dieu, la source même d’où découle toute vérité, et le père même de toute vérité ». Au-dessous de cette vision, réservée au petit nombre, « l’âme intelligente naturellement unie aux intelligibles aperçoit les vérités dans une certaine lumière incorporelle de même nature

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