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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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ne crée pas, c’est le monde sensible ; enfin la nature qui n’est ni créée ni créatrice, c’est Dieu comme fin suprême en qui a son terme le mouvement des choses qui cherchent la perfection. Mais, sous ces différences, on reconnaît l’unité d’une p.544 même nature : selon la vieille formule orphique, que Jean cite sans en connaître l’origine (I. ch. XI), Dieu est à la fois principe, milieu et fin. La première division, Dieu principe, est identique à la quatrième, Dieu fin ; la seconde, Verbe créateur, est identique à la troisième, monde créé ; et enfin la seconde et la troisième, qui forment l’ensemble des créatures, se montrent, dans la rédemption, identiques à la quatrième.
    C’est la pensée simultanée de ces différences et de cette identité qui court à travers l’œuvre de Jean Scot et, contraignant toujours la pensée à retrouver le tout dans les parties et les parties dans le tout, donne à son style même cette sorte de tension que l’on trouve chez tous les penseurs de même race depuis Plotin jusqu’à Hegel et Bradley. C’est bien en effet le Dieu de Plotin qu’il décrit, ce Dieu qui en apparence, se meut du principe à la fin en parcourant tout le cycle des êtres, mais chez qui il n’y a pas en réalité d’opposition entre mouvement et immutabilité, qui ne se meut pas pour arriver au repos ; car, si l’on dit qu’il se meut, c’est parce qu’il est le principe du mouvement des créatures (livre I) ; c’est bien la triade plotinienne des hypostases qu’il retrouve dans la Trinité, où le Père n’a aucune détermination positive, tandis que le Fils contient les causes primordiales dans toute leur simplicité et leur unité, et que l’Esprit les distribue en genres et en espèces ; et les images de la Trinité que, s’aidant de saint Augustin et de Denys, il trouve dans les êtres, la triade essentia virtus operatio , la triade intellectus ratio sensus interior ne font aussi que symboliser ce mouvement de procession ou d’évolution du simple au multiple, d’une part de l’essence cachée à ses manifestations, d’autre part de l’idée à son expression, en suggérant l’identité foncière du multiple avec le simple. Entre ces causes primordiales, il n’y a, comme le dit Plotin de ses intelligibles, aucune inégalité, aucune diversité véritable : c’est l’intelligence qui les sépare et les isole. C’est pourquoi le monde sensible créé et développé dans le temps ne peut être non plus séparé du p.545 Fils et de l’Esprit qui contiennent sa cause ; il n’indique qu’une étape de plus dans la division ; ce qui, dans l’éternel, était simultané, se succède et se développe, comme, de l’unité où sont éternellement tous les nombres avec toutes leurs propriétés, se développe peu à peu l’arithmétique qui les découvre progressivement.
    Après cette extrême division commence le retour des choses à Dieu (livre IV) : et c’est ici et ici seulement qu’intervient l’homme, dont la création marque le début de ce retour. L’énigme de l’homme c’est qu’il est un être double : il est un animal avec ses sens, ses passions et sa vie nutritive ; il est au-dessus de l’animal par la raison et l’intellect ; selon une antique interprétation de la Genèse par Philon, il est à la fois l’être façonné de terre et l’être créé à l’image de Dieu. La solution de cette énigme, c’est que Dieu a voulu créer un microcosme en qui fussent jointes à nouveau toutes les créatures ; elles sont toutes en lui, au moins en idée et par leurs notions ; l’homme primitif, avant le péché, a une connaissance parfaite de lui-même et de son créateur, des anges et des choses inférieures à lui. Il est donc l’organe du retour de toutes choses à Dieu : et parce que ce retour a lieu par lui, toute créature est en lui. Mais l’homme tombe, et la chute a pour conséquence de le faire sortir du Paradis, c’est-à-dire de l’attacher à l’animalité qui est en lui et de le faire dépendre d’elle, sans qu’il perde en rien cependant l’intégrité de son essence. De là, la nécessité de la rédemption : non seulement elle rétablira l’homme dans son état primitif, mais encore elle sera marquée par l’anéantissement du monde matériel et par la spiritualisation de toute chose.
    Cet exposé marque assez les restrictions qu’il convient de faire à l’assimilation du système de

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