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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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Jean Scot au néoplatonisme. Dans la deuxième partie de cette doctrine, d’abord, celle qui concerne la nature de l’homme et le retour à Dieu, on voit avec quelle fidélité scrupuleuse il suit les Pères : la double nature p.546 de l’homme, son état avant et après le péché, l’homme microcosme, l’interprétation du Paradis, toute cela provient du De Paradiso d’Ambroise, qui lui-même a beaucoup emprunté au de Opificio mundi de Philon, au De Imagine de Grégoire de Nysse, et à d’autres ouvrages. Et, par ces auteurs, il recueille la tradition du vieux mythe d’Anthropos, l’intermédiaire entre Dieu et les choses, mythe si développé chez Philon et complètement absent de l’inspiration plotinienne. Par eux, aussi, il accueille l’idée antihellénique (et qu’il sait telle) de la fin du monde, à la place de l’ordre éternel de Plotin. Rien, dans ce salut ou retour de la nature à Dieu par l’homme, ne rappelle cette conversion plotinienne dans laquelle l’être émané se retourne éternellement vers son principe pour en recevoir les effluves et se constituer ainsi en tant qu’être.
    Si nous revenons maintenant à la première partie de l’œuvre, nous verrons qu’elle n’est pas, à la rigueur, un véritable système d’émanation, où le principe rayonne ses influences par une nécessité naturelle : sans doute, en Dieu, être et vouloir, nature et volonté sont termes identiques ; il n’en reste pas moins que la production est avant tout une théophanie  ; le Père, invisible et inconnu, se manifeste par le Verbe divin, qui naît dans le même sens que, en nous, l’intelligence, d’abord invisible et inconnue, se manifeste au contact des choses sensibles ; et la création des autres choses n’est, pour le Verbe, qu’une occasion ou un moyen de se manifester. Cette théophanie et cette résorption dans le premier principe sont différentes de la procession et de la conversion, en ce que les premières impliquent que la réalité a une histoire et comporte des initiatives, tandis que les dernières désignent un ordre éternel et immuable.
     
    Bibliographie
     
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CHAPITRE II
    LE Xe ET LE XIe SIÈCLE
     
    I. — CARACTÈRES GÉNÉRAUX
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    p.549 Il faut attendre la fin du XI e siècle pour saisir, dans l’Occident, une réelle reprise de l’activité intellectuelle : non que cette période intermédiaire soit vide ni sans importance. Il se fonde de toute part et dans les monastères et aux cloîtres des cathédrales, des écoles : centres dispersés, mais où la culture est la même. Auxerre, Reims, Paris ont, dès le IX e siècle, des écoles auprès de leurs cathédrales ; à Aurillac, à Saint-Gall, à Chartres, les études continuent. Il faut nous représenter au milieu de quelles difficultés matérielles ; après la conquête de l’Orient par les Arabes, le papyrus et le parchemin deviennent si rares que les bibliothèques restent nécessairement fort pauvres ; une des plus riches, celle de Saint-Gall, contenait quatre cents volumes en 860. Le renouveau intellectuel coïncide, à la fin du XI e siècle, avec la création d’ordres religieux, qui copient activement les manuscrits ; et au XII e siècle, la bibliothèque de saint Vincent de Laon contenait onze mille volumes [759].
    L’on sait à peu près le contenu de ces bibliothèques du haut Moyen âge en ouvrages philosophiques : Saint-Gall, par exemple, possédait au IX e siècle les œuvres logiques d’Apulée, des œuvres de Cassiodore, d’Isidore, de Bède, et d’Alcuin, sans compter les Phénomènes d’Aratus ; il s’enrichit au X e siècle de la Consolation de Boèce, de la Pharsale de Lucain, du Songe de Scipion p.550 (peut-être avec le commentaire de Macrobe), au XI e siècle, des traités logiques de Boèce. Cette énumération nous montre les étroites limites de l’horizon intellectuel en un temps où la culture ne reposait que sur les livres, qui étaient si rares.
    Aussi nous ne possédons guère de cette époque que des gloses marginales et des commentaires (la plupart non publiés) aux écrits de Boèce ou de Marcianus Capella. Dans cette éducation, en dehors de la doctrine chrétienne, la dialectique prend à peu près toute la place. Éric d’Auxerre (mort en 876), Rémy d’Auxerre qui enseigne à Chartres vers 862, Bovo de Saxe, au début du X e siècle, Gerbert d’Aurillac devenu pape (999-1003) sous le nom de Silvestre II, Fulbert, son élève qui ouvrît

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