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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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énumérant les attributs suivants  : « bonitas, magnitudo, aetertas  ; potestas, sapientia, voluntas  ; virtus, veritas, gloria  ; différentia, concordia, contrarietas  ; principium, medium finis  ; majoritas, aequalitas, minoritas  » , dont les neuf premiers désignent des attributs divins, et les neuf derniers des relations  ; tout prédicat est, selon lui, réductible soit à un de ces attributs, soit à une combinaison de ces attributs, combinaison qui se fait selon certaines règles. D ’ autre part, à propos d ’ un sujet, on p.703 peut se poser dix questions  : s ’ il est, ce qu ’ il est, de quoi il est fait, pourquoi il est, combien grand ( quantum ), quel ( quale ) il est, quand il est, où il est, avec quoi il est.
    Ces préliminaires suffisent pour montrer que le Grand Art ne pouvait parvenir à dépasser le cercle de la logique d ’ Aristote  : ce prétendu art d ’ invention n ’ est qu ’ un art de classer et de combiner des concepts donnés, non pas du tout de les découvrir. Il semble parfois que Lulle confond l ’ ordre avec l ’ invention  : il donne par exemple à «  l ’ artiste  » qui traite de la physique, le conseil «  d ’ appliquer successivement le concept sur lequel il est en doute (celui de la nature) aux dix règles  » , c ’ est-à-dire de se poser à son propos les dix questions ci-dessus, et il ajoute (fol. 78 b)  :«  Comme un cristal placé en une couleur rouge se dispose relativement à cette couleur et de même dans une couleur verte, ainsi, quand un terme inconnu est promené ( discurritur ) à travers les règles et les espèces des règles, ce terme inconnu est coloré ou éclairci par les règles dans lesquelles on le place  » , éclaircissement, on le voit, purement formel, qui consiste à savoir ce que l ’ on doit demander d ’ une chose, qui permet de chercher la chose sous divers aspects, mais qui ne sera jamais suffisant pour découvrir les réponses.
    Tels sont les courants de la pensée au XII I e siècle. On aura remarqué un trait commun à ces pensées si diverses  : ce n ’ est pas en vain que la période que nous étudions a été inaugurée par Innocent III, qui défendit, plus qu ’ aucun pape, la primauté du spirituel, et que les réguliers, dépendant immédiatement du pape, ont pris dans les universités une place considérable. Partout on rêve d ’ organisation hiérarchique et d ’ unité spirituelle  : les systèmes que nous avons décrits, viennent du même esprit qui a produit les croisades  : étendre partout la catholicité. On projette dans la réalité métaphysique cette unité spirituelle, et tout le monde, sans exception, accepte que la métaphysique néoplatonicienne (facilement conciliable avec l ’ idée de la création), avec son unité et sa hiérarchie, p.704 représente exactement cette réalité. On construit une politique idéale où le pouvoir temporel est ou bien absorbé par le pouvoir spirituel, ou bien subordonné à ce pouvoir  ; si, pour certains, la raison et la cité terrestre sont autonomes, c ’ est de la manière dont on peut appeler autonome une fonction dont les limites ont été précisément marquées par un pouvoir supérieur.
    Or, cette aspiration à l ’ unité aboutit à un complet échec : au XI V e siècle, tandis que, dans les affres de la guerre de Cent Ans, naît l ’ idée de nationalité qui va écarter pour toujours l ’ idée d ’ une unité politique de la chrétienté, la représentation de l ’ univers se disloque. N ’ est-il pas vrai d ’ ailleurs que les éléments que les penseurs dit XII I e siècle avaient reçus dans leur construction travaillaient sourdement à la miner  ? Platonisme, aristotélisme, expérience, mathématiques, traditions antiques, toutes ces forces qui nous ont apparu momentanément participant à la construction d ’ un système de pensée chrétienne vont se faire voir maintenant sous leur véritable jour comme des forces complètement indépendantes de la croyance chrétienne à une destinée surnaturelle .
     
    Bibliographie
     
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CHAPITRE VI
    LE XIVe SIÈCLE
     
    I. — DUNS SCOT
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    p.708 Le premier symptôme de cette désagrégation se trouve dans le mouvement d ’ idées inauguré par Duns Scot, le docteur subtil. Il eut une carrière fort courte  : né en Angleterre avant 1270, il reçut l ’ enseignement d ’ Oxford, dont il recueillit le goût traditionnel pour les mathématiques, considérées

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