Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
Vom Netzwerk:
S ’ il emprunte d ’ autre part à Aristote la notion de l ’ intellect agent, c ’ est pour l ’ identifier à la partie cachée de l ’ esprit ( abditum mentis ), à la profondeur de la mémoire ( profunditas memoriae nostrae ), image de Dieu, à laquelle sont immédiatement présentes sans recherche les règles éternelles et l ’ immuable vérité, tandis que l ’ abstraction relève seulement de la faculté cogitative.
     
    XX. — RAYMOND LULLE
    @
    L ’œu vre immense et encore incomplètement étudiée de R. Lulle est un témoignage des préoccupations qui dominent le XII I e siècle finissant. Ses ouvrages, écrits en catalan, mais p.701 traduits la plupart en latin, sont tous au service du même but pratique, qu ’ il visa aussi par ses actes et par une propagande inlassable  : établir sur la terre entière la catholicité, considérée comme identique à la raison. Né à Majorque en 1235, il quitte en 1265 femme et enfants pour se donner tout à sa mission : pendant neuf ans, il apprend à Majorque la langue et la science des Arabes  ; vers 1288, il propose aux papes un plan de croisade et de mission dans les pays des infidèles. En 1298 et plus tard en 1310 et en 1311, il est à Paris où il écrit un grand nombre de traités (encore manuscrits) contre les averroïstes. En 1311, il assiste au concile de Vienne et y demande que l ’ on crée des enseignements de langues arabe et hébraïque à Rome et dans plusieurs universités pour préparer les missionnaires. Lui-même partit Tunis pour convertir les infidèles et il y mourut en 1315.
    Cet homme si ardemment dévoué à sa tâche pratique, ce mystique dont l ’ activité eut pour point de départ une vision et qui écrivit des Dialogues et cantiques d ’ amour entre l ’ ami et l’aimé , est l ’ auteur de ce fameux Grand Art, qui a, conformément au dessein général de sa vie, un caractère pratique bien plus que théorique. Comme tous ceux qui, au Moyen âge, voulurent combattre les infidèles ou les hérétiques, et selon la tradition du XI I e siècle tout entier, R. Lulle entend «  prouver les articles de foi par des raisons nécessaires  » . C ’ est au service de ce but qu ’ il met son Ars generalis ou ars magna , art de raisonner qui doit, dans son intention, être assez populaire et facile d ’ accès pour donner, même aux gens du commun, les moyens de défendre la foi  : une religion universelle, appuyée sur une méthode de penser également universelle, voilà l ’ idée que Lulle se fait de la catholicité.
    En quoi consiste ce grand art ? On se rappelle que la logique d ’ Aristote s ’ achoppait à deux problèmes, qui étaient l ’ un et l ’ autre des problèmes techniques  : en premier lieu la découverte de prémisses nécessaires ou principes qui pussent donner à la p.702 conclusion du syllogisme un caractère démonstratif et scientifique  ; en second lieu, étant donné les termes extrêmes, la découverte du moyen terme qui les unira. Ce sont ces deux problèmes que le Grand Art se vante de résoudre  ; cet art n ’ est pas à proprement parler un art de raisonner mais un art de la découverte. Le titre même de quelques-uns de ses traités le dit  :«  De venatione medii inter subjectum et praedicatum, Ars compendiosa inveniendi veritatem, seu ars magna et major, ars inveniendi particularia in universalibus, quaestiones per artem demonstrativam seu inventivam solubiles, Ars inventiva veritatum.  »
    «  Chaque science a ses principes propres et différents des principes des autres sciences  ; aussi l ’ entendement requiert qu ’ il y ait une science générale avec des principes généraux dans lesquels soient impliqués et contenus les principes des autres sciences particulières comme le particulier dans l ’ universel  » , tels sont les premiers mots de l ’ Ars magna generalis et ultima . Rappelons-nous la méthode qu ’ Aristote avait indiquée pour découvrir le moyen terme permettant de résoudre une question, c ’ est-à-dire de savoir si un prédicat était ou non vrai d ’ un sujet donné  : en cherchant, pour un sujet donné tous les prédicats possibles, pour un prédicat donné tous les sujets possibles, on arrivait nécessairement à découvrir entre ce sujet et ce prédicat tous les moyens possibles. Le Grand Art est une généralisation de ce procédé. Lulle pense d ’ abord découvrir tous les prédicats possibles d ’ un sujet quelconque en

Weitere Kostenlose Bücher