Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
Vom Netzwerk:
politique  : mélange intime d ’ atomisme social et d ’ autoritarisme sans frein qui reflète dans la société la vision de l ’ univers que nous venons d ’ exposer  : les hommes sont d ’ abord tous égaux  ; mais ils ont, de plein gré, sacrifié leur indépendance à une autorité qu ’ ils se sont donnée à eux-mêmes pour limiter les dangers que leur égoïsme leur faisait courir l ’ un à l ’ autre  ; cette autorité est dès lors toute-puissante et sans contrepoids  ; le chef institue, distribue et révoque à son gré les propriétés  ; il n ’ y a d ’ autres lois que les lois positives instituées par lui  ; il n ’ a d ’ autres devoirs que les devoirs envers Dieu, et, parmi ces devoirs, la conversion par force des Juifs (que Duns Scot voit persécutés et bannis autour de lui, au début du XII I e siècle, p.715 par cette monarchie capétienne qui réclamait pour elle cet imperium que lui accorde la théorie du Franciscain)  [866] .
    Ce volontarisme de Duns Scot trouve son expression la plus complète chez un oxfordien du XI V e siècle, Thomas Bradwardine qui, né avant 1290, mourut archevêque de Canterbury en 1349. Mathématicien et goûtant comme tel la preuve anselmienne de l ’ existence de Dieu qu ’ il veut seulement compléter en démontrant que le concept de l ’ être souverainement parfait n ’ implique pas contradiction, il fut surtout l ’ antipélagien qui en arrivait presque à nier toute autre causalité que la causalité divine  ; non seulement il n ’ y a pas pour lui «  de raison ni de loi nécessaire en Dieu antérieurement à sa volonté  » , mais encore «  la volonté divine est la cause efficiente de toute chose quelle qu ’ elle soit, cause motrice de tout mouvement  » , et l ’ acte le plus libre que l ’ homme puisse faire, c ’ est Dieu qui le nécessite.
    Cette théorie du serf arbitre, si sèche, si éloignée du mysticisme, puisque, loin d ’ unir l ’ homme à Dieu par la méditation et l ’ amour, il l ’ en fait dépendre d ’ une dépendance extérieure comme un serf dépend de son maître ( «  L ’ homme est serf de Dieu, serf spontané, dis-je et non contraint  » ), se répandit au XI V e siècle  ; elle est représentée à l ’ université de Paris par le cistercien Jean de Mirecourt qui vit, en 1347, condamner quarante de ses thèses, parmi lesquelles celles qui disaient que « Dieu veut que quelqu ’ un pèche et qu ’ il soit pécheur, qu ’ il veut, en voulant son bien, qu ’ il soit pécheur, qu ’ il est cause du péché comme péché, du mal de coulpe comme mal de coulpe, auteur du péché comme péché.  » Déterminisme théologique qui, par l ’ anglais Jean de Wiclef, influa sur Luther. Le scotisme qui, au XI V e siècle et au X V e siècle, compta tant de commentateurs et même de chaires destinées à l ’ enseigner dans les principales universités de l ’ Europe, est donc un des générateurs de l ’ esprit nouveau.
     
    II. — LES UNIVEIISITÉS AUX XIVe ET XVe SIÈCLES
    @
    p.716 Il est difficile d ’ exagérer le rôle social des Universités au XI V e et au début du X V e siècle  ; au X V e siècle, la pragmatique sanction, confirmée encore par une ordonnance de Louis XII en 1499, réservait aux gradués des Universités de grands avantages dans la collation des bénéfices  ; de longues études universitaires (trois années de théologie et de droit canon), étaient une condition indispensable pour être nommé curé dans les paroisses des villes. Nul milieu plus libre d ’ ailleurs que ces Universités : « Oracle de l ’ esprit et guide de l ’ opinion européenne, puissance  la plus redoutable érigée en face des pouvoirs légaux. Aucun corps n’a été plus libre, aucune organisation plus démocratique. Des Assemblées de compagnies, facultés ou nations, et des assemblées générales  ; le droit de statuer sur toutes les affaires, administration, enseignement, justice  ; dans quelques-unes même... une représentation accordée aux étudiants...  ; des maîtres se recrutant eux-mêmes  ; des pouvoirs élus, et pour un temps court (recteur et procureur pour trois, quatre ou six mois, un an tout au plus)...  ; contre l ’ ingérence du pouvoir central ou des pouvoirs locaux, l ’ armure solide de privilèges incontestés  ; exemption fiscale, droit d ’ être jugé par ses pairs, et, pour rendre ces garanties efficaces, le pouvoir de suspendre ses

Weitere Kostenlose Bücher