Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
Vom Netzwerk:
cours..., telle est la charte que la faveur des papes et des rois a reconnue et consacrée.  » [867]
    Cette floraison des universités s ’ étend jusqu ’ au milieu du X V e siècle, où diverses circonstances leur enlèvent force et influence au profit du pouvoir central, où la spéculation est abandonnée, où la préparation aux grades devient l ’ unique affaire  : alors les universités cessent pour longtemps d ’ être les centres actifs qu ’ elles étaient, et nous verrons la vie spirituelle continuer dans des conditions nouvelles.
    Mais aux XI V e et X V e siècles, cette indépendance se manifeste p.717 par des spéculations hardies et nouvelles qui se rattachent, bien plutôt qu ’ à la tradition du XII I e siècle, à celle du XI I e siècle. Toute l ’ époque est dominée par le conflit des antiqui et des moderni . Or les anciens, ce sont en réalité les novateurs du XII I e siècle, tout empêtrés dans les discussions qui sont nées des concepts venus d ’ Aristote et de ses commentateurs arabes, forme et matière, principe d ’ individuation, intellect agent et intellect possible, espèces intelligibles et sensibles, intelligences motrices des cieux  ; les modernes ce sont ceux qui, loin de donner une solution pour ou contre à ces questions, les rejettent comme des non-sens  ; ils en reviennent, en revanche, à la vision de l ’ univers, libre et dégagée, que nous avions vu s ’ ébaucher aux X I e et XI I e siècles  : nominalisme de Roscelin et d ’ Abélard, atomisme de Guillaume de Conches. On ne cherche plus ni à rationaliser la foi, comme saint Anselme, ni à illuminer la raison, comme saint Bonaventure, ni à lui prescrire les limites de son domaine, comme saint Thomas  : la spéculation philosophique se déroule, autonome et libre.
    Au milieu de quelles agitations, on le sait  : rien ne tient plus dans la vieille chrétienté  : le pouvoir de l ’ Empereur anéanti par la dissociation de l ’ empire en plus de trois cents principautés qui minent le pouvoir central  : « Comme les princes dévorent l ’ Empire, le peuple dévorera les princes  » , prédisait en 1433 Nicolas de Cuse  [868] . Le pouvoir des papes n ’ y gagne pas  ; il est déchiré par le grand schisme (1348), qui a pour issue le Concile de Constance (1414-1418) et le Concile de Bâle (1433) qui ne font l ’ un et l ’ autre que rendre plus aigu le conflit entre les conciliaires, partisans de la suprématie du Concile sur le pape, considérant le pape comme un administrateur de l ’ Église, et les ultramontains affirmant la puissance illimitée du pape. Dans cette décadence des pouvoirs traditionnels, les royautés nationales prennent une vigueur incomparable.
    p.718 A ces conflits, qui mettent en jeu tant d ’ intérêts pratiques et qui forcent à réfléchir sur tant de conceptions juridiques, les maîtres du XI V e et du X V e siècles prennent une part active, et ils sont presque tous des juristes et des politiques en même temps que des philosophes. Le grand initiateur du nominalisme, Guillaume d ’ Occam, est aussi un opposant au pape Jean XXII  ; excommunié en 1328, il est reçu à la cour de l ’ empereur Louis de Bavière, où il trouva déjà Jean de Jandun, un autre ennemi du pape, qui avait soutenu en son Defensor Pacis que «  seule, l ’ universalité des citoyens était le législateur humain » et qui avait été excommunié en 1327  ; Guillaume y écrivit pendant plus de vingt ans des pamphlets contre le pape, tels que le Compendium errorum papae Johannis XXII , et un vaste ouvrage de politique, le Dialogus inter magistrum et discipulum de imperatorum et pontificum potestate . Un autre nominaliste, Durand de Saint Pourçain, est l ’ auteur d ’ un De jurisdictione ecclesiastica et de legibus . Le grand schisme est l ’ occasion, de la part du mathématicien et de l ’ astronome Henri de Hainbuch, de nombreux ouvrages sur les conditions de la paix dans l ’ Église, écrits après 1378  ; mais le même est l ’ auteur d ’ écrits économiques et politiques. Au X V e siècle, on voit le cardinal Pierre d ’ Ailly soutenir au concile de Bâle le parti des conciliaires, tandis que, au concile de Constance, Nicolas de Cuse passe au parti du pape et, devenu cardinal, prend une part prépondérante à toutes les affaires ecclésiastiques de son temps, la réforme intérieure du clergé en Allemagne, la prédication contre les Hussites, la préparation

Weitere Kostenlose Bücher