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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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Oxford (1300-1347). Il était nommé aux XI V e et X V e siècles le vénérable initiateur ( venerabilis inceptor ) du nominalisme, le monarque ou porte-étendard ( antesignanus ) des nominaux, et l ’ on appelait indifféremment ses partisans nominaux ( nominales ), terministes ou conceptistes.
    Les arguments de Guillaume contre  l’ existence des universaux ne sont pas nouveaux  ; ce sont ceux, qui déjà employés aux X I e et XI I e siècles, remontent par Boèce à la discussion que fit Aristote des idées de Platon  : l ’ universel étant supposé existant en soi, il sera un individu, ce qui est contradictoire : d ’ autre part, poser l ’ universel pour expliquer le singulier, c ’ est non pas expliquer mais doubler les êtres (application du célèbre principe d ’ économie qu ’ employait déjà Pierre Auriol et que Guillaume énonce ainsi  : nunquam ponenda est pluralitas sine necessitate )  ; enfin, mettre l ’ universel dans les choses singulières, d ’ où l ’ esprit le tirerait par abstraction, c ’ est aussi le rendre individuel.
    Pourtant Guillaume, en cela encore très fidèle à Boèce et à tous les commentateurs antiques des Catégories , ne place pas plus les universaux dans les mots eux-mêmes que dans les choses, mais soit dans les significations d ’ un mot ( intentio animæ, conceptus animæ, passio animæ ) soit dans les mots en tant qu ’ ils signifient quelque chose  : au second sens, ils sont conventionnels puisque les mots sont d ’ institution humaine  ; mais au premier sens, ce sont des universaux  naturels ( universalia naturalia ).
    En désignant les universaux comme des signes ou significations, Guillaume, comme d ’ ailleurs Abélard l ’ avait fait, a transposé la question de la nature des universaux en celle de leur usage dans la connaissance  ; cet usage, qui fait tout leur être, est de remplacer dans la proposition les choses mêmes qu’ils désignent ( supponere pro ipsis rebus ) : loin d ’ être une fiction, comme une chimère, ce sont des images qui p.722 représenteront indifféremment l ’ une quelconque des choses singulières contenues dans leur extension, et pourront les remplacer comme le signe remplace la chose signifiée. Il faut seulement ne jamais perdre de vue cette référence aux choses  ; il faut se rappeler que l ’ universel n ’ est jamais qu ’ un prédicat qui peut se dire de plusieurs choses, qu ’ il n ’ est donc pas une chose, en vertu de l ’ axiome  : res de re non praedicatur .
    La connaissance primitive est donc pour Guillaume l ’ intuition des choses singulières, « acte appréhensif  » qui, à la manière de la compréhension stoïcienne, inclut toujours un jugement d ’ existence  ; cette intuition est ou bien extérieure, et elle atteint les choses sensibles, ou bien intérieure, et alors «  notre intellect connaît en particulier et intuitivement certains intelligibles qui ne tombent aucunement sous le sens, tels que les intellections, l ’ acte de volonté, la joie, la tristesse et choses de ce genre que l ’ homme peut expérimenter être en lui  » [870] . L ’ opposition du sensible à l ’ intelligible persiste donc pour ce nominaliste  ; mais elle n ’ est plus du tout celle du concret à l ’ abstrait, ni celle des données des sens aux réalités métaphysiques qui en sont l ’ origine ou le modèle  ; elle est l ’ opposition de deux expériences, l ’ expérience externe et l ’ expérience interne. Il s ’ ensuit qu ’ elle ne donne plus aucun motif pour compléter les données de l ’ expérience par une réalité métaphysique à laquelle elles auraient à se rapporter  ; c ’ est ainsi que nous ignorons entièrement par la raison et par l ’ expérience si notre âme est une forme incorruptible et immatérielle, si l ’ acte de comprendre implique une telle forme, si l ’ âme ainsi comprise est la forme du corps  [871] . Au contraire l ’ opposition de la sensibilité à la raison porterait Occam, contrairement à saint Thomas, à séparer, comme l ’ a fait Aristote, l ’ intellect de l ’ âme sensible, et à leur ajouter une troisième forme, la forma corporeitatis . Dieu et ses attributs ne sont pas davantage p.723 connus  ; comme Dieu ne nous est pas connu intuitivement, nous nous efforçons d ’ en composer une idée  ; mais ce n ’ est pas avec cette idée, faite de traits empruntés aux choses de notre expérience, que nous pourrons,

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