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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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d ’ une croisade contre les Turcs en 1454.
     
    III. — LES DÉBUTS DU NOMINALISME
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    Nous avons donc devant nous, aux XI V e et X V e siècles, une génération d ’ hommes à l ’ esprit froid et sobre, qui ont perdu l ’ enthousiasme religieux qui animait les générations des grandes p.719 croisades, et qui ont acquis, dans la diplomatie compliquée qu ’ exige à cette époque la moindre affaire, cet esprit net et positif qui caractérise leur doctrine. Car nous voyons alors tomber, sous les coups des nominalistes, toute cette machinerie métaphysique que nous avons vu s ’ élever au XII I e siècle. Le nominalisme de cette époque est tout autre chose qu ’ une solution particulière du problème spécial des universaux : c ’ est un esprit nouveau qui déclare fictives toutes ces réalités métaphysiques que croyaient avoir découvertes les péripatéticiens et les platoniciens, qui se tient aussi près que possible de l ’ expérience et qui rejette dans le domaine de la foi pure, inaccessible à toute communication avec la raison, les affirmations de la religion.
    Le premier des nominalistes, le dominicain Durand de Saint-Pourçain (en Auvergne) mort en 1334 évêque de Meaux, n ’ accepte l ’ autorité d ’ aucun docteur «  si célèbre ou solennel qu ’ il soit » . Et il déclare fictives les espèces sensibles et intelligibles, que saint Thomas disait nécessaires, mais que personne n ’ a jamais vues  ; fiction, l ’ intellect agent, dont l ’ opération d ’ abstraction, bien comprise, ne nécessite nullement l ’ existence  ; il est nécessaire sans doute lorsque l ’ on prend l ’ universel pour la forme spécifique, qui est la réalité foncière des choses  ; cette réalité, n ’ étant pas donnée dans les images sensibles, doit être saisie par une opération supérieure  ; il en est tout autrement si l ’ universel ne naît que d ’ une certaine manière de considérer l ’ image sensible en ne tenant pas compte de ce qu ’ il y a d ’ individuel en elle  ; l ’ universel ne préexiste pas à cette considération, il diffère de l ’ individu comme l ’ indéterminé du déterminé. Faux problème par conséquent, le problème de l ’ individuation qui suppose que l ’ espèce existe avant l ’ individu, puisque l ’ on demande ce qui l ’ individualise  ; or rien n ’ existe que l ’ individuel, qui est le premier objet de notre connaissance.
    De même le franciscain Pierre Auriol qui, après avoir été p.720 maître de théologie à Paris en 1318 mourut à Avignon, en 1322, à la cour du pape Jean XXII, dont il était le protégé, montre un nominalisme décidé dans son Commentaire sur les sentences . La connaissance de l ’ universel ne va pas plus profondément que celle de l ’ individuel  ; au contraire «  il est plus noble de connaître une réalité individuelle et désignée ( demonstratam ) que de la connaître de manière abstraite et universelle  [869] . On comprendra mieux cette formule en suivant l ’ analyse de la connaissance que tente Pierre Auriol  : les choses produisent dans l ’ intellect des «  impressions » qui peuvent être différentes en force et en précision  ; en suite de quoi il se produit dans l ’ intellect une « apparence » que Pierre appelle aussi un être intentionnel ( esse intentionale ), un reflet ( forma specularis ), un concept ou une conception, une apparence objective, tous mots synonymes qui désignent, non pas comme la species du thomisme, l ’ intermédiaire à travers lequel l ’ âme connaît la chose, mais l ’ objet propre de la connaissance  ; ajoutons même que cette apparence n ’ est pas du tout pour lui comme une image de la chose ayant une réalité distincte de ce qu ’ elle représente  ; c ’ est la chose elle-même, «  présente  » en l ’ esprit, mais en ce qu ’ elle a d ’ actuellement visible par lui. Dès lors, on dit qu ’ il y a connaissance du genre, lorsque la «  conception  » est tout à fait imparfaite et indistincte, connaissance de l ’ espèce lorsqu ’ elle devient plus parfaite et plus distincte. Le progrès de la connaissance va donc de l ’ universel au singulier, ce qui veut dire du confus au clair et au distinct.
     
    IV. — GUILLAUME D ’ OCCAM
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    Le plus grand des nominalistes, celui qui déduisit toutes les conséquences de la théorie, est le franciscain anglais Guillaume p.721 d ’ Occam, qui fut étudiant à

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