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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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de Dieu, qui assimile les mouvements des cieux au mouvement des projectiles, qui, avec le principe d ’ inertie, fonde l ’ unité de la mécanique et relègue dans le passé la théorie des lieux naturels et, avec elle, comme nous le verrons bientôt, la finité du monde et le géocentrisme. Mais ce principe n ’ a pas déroulé d ’ un coup toute la richesse de ses conséquences, et Buridan lui-même l ’ appliquait incorrectement lorsqu ’ il considérait le mouvement circulaire et uniforme d ’ une sphère comme pouvant se continuer, autant que le mouvement rectiligne, en vertu d ’ une première impulsion.
    C ’ est la même erreur que commet Albert de Saxe, recteur de l ’ Université de Paris, en 1353 et mort évêque d ’ Halberstadt en 1390. Mais en même temps, il énonce une hypothèse qui posait d ’ une manière toute nouvelle le problème de la mécanique céleste. «  La terre se meut et le ciel est en repos. Dès lors en effet que l ’ immobilité de la terre n ’ a plus, comme chez p.728 Aristote, de raison physique, il ne s ’ agit plus que de savoir si la nouvelle hypothèse «  sauvera les phénomènes  » . Ainsi renaît la vieille vision pythagoricienne de l ’ immobilité des cieux, qui n ’ a jamais été inconnue du Moyen âge, puisque certains interprètes la trouvaient dans le Timée de Platon, que Scot Érigène et Albert le Grand la mentionnaient, que le scotiste François de Meyronnes, vers 1320, lui donnait la préférence, mais qui trouve cette fois les notions de mécanique générale propres à lui donner son plein sens. D ’ autre part, et dans le même esprit, Albert de Saxe entreprend des recherches sur la pesanteur, en dehors de toute hypothèse sur les lieux naturels  ; et il donne une détermination, d ’ ailleurs encore inexacte, des rapports entre la vitesse, le temps et l ’ espace parcouru dans la chute des corps.
    Nicolas Oresme, qui étudiait la théologie à Paris en 1348 et mourut en 1382 évêque de Lisieux, fut un de ceux qui propagèrent la nouvelle mécanique céleste. Dans son Commentaire aux livres du Ciel et du monde (qu ’ il écrivit en langue vulgaire ainsi que nombre de ses autres œuvres), il montre que nulle expérience et nulle raison ne prouvent le mouvement du ciel et il indique «  plusieurs belles persuasions à montrer que la  t erre est mue de mouvement journal et le ciel non  » ; et il n ’ oublie pas de conclure que «  telles considérations sont profitables pour la défense de notre Foy.  » C ’ est le même Nicolas Oresme qui invente, avant Descartes, l ’ emploi des coordonnés du géomètre  ; c ’ est lui qui, avant Galilée, trouve l ’ exacte formule de l ’ espace parcouru par un corps dans une chute en mouvement uniformément accéléré. En Marsile d ’ Inghem, qui mourut en 1396, en Henri de Hainbuch, qui fut recteur de l ’ Université de Vienne en 1393, et mourut en 1397, et dont les écrits astronomiques et physiques sont encore inédits, ces idées trouvèrent des propagateurs.
    Cependant, chez le cardinal Pierre d ’ Ailly qui, né en 1350, fut chancelier de l ’ Université de Paris en 1389 et mourut en 1420, p.729 légat du pape à Avignon, l ’ esprit occamiste continuait. Comme Nicolas d ’ Autrecourt, il est convaincu que l ’ existence du monde extérieur ne peut être prouvée puisque «  toute chose sensible extérieure étant détruite, Dieu pourrait conserver en nos âmes les mêmes sensations  » . L ’ existence de Dieu n ’ est d ’ ailleurs pas plus démontrable  ; l’une et l ’ autre existence restent simplement probables. Comme Guillaume d ’ Occam, il affirme que la volonté divine n ’ agit nullement sous la raison du bien, mais que l ’ ordre naturel et l ’ ordre moral qu ’ il a voulus dérivent d ’ une «  volonté qui n ’ a aucune raison pour laquelle elle est déterminée à vouloir  » . Dieu n ’ est pas juste parce qu ’ il aime la justice, mais, inversement, une chose est juste parce que Dieu l ’ aime, c ’ est-à-dire parce qu ’ elle lui agrée.
     
    VII. — OCCAMISME, SCOTISME ET THOMISME
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    L ’ histoire des universités du X V e siècle est surtout l ’ histoire de la lutte des anciens et des modernes. L ’ occamisme se répand en particulier en Allemagne où il trouva un vulgarisateur sans originalité mais fidèle en la personne de Gabriel Biel qui enseigna en 1484 à l ’ Université de Tübingen et mourut en 1495  ;

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