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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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ce furent des élèves de Biel, des Gabrielistes, Staupitz et Nathin, qui, au couvent des Augustins, initièrent Luther à cette théologie nominaliste, dont le Dieu ressemble plutôt à un Jéhovah capricieux et arbitraire qu ’ à un Dieu qui soumet sa volonté à la loi de l ’ ordre et du bien conçue par son entendement.
    Les anciens restaient sans doute représentés dans les Universités  : ce sont surtout des commentateurs  : Jean Capreolus (1380-1444), à Paris et à Toulouse  ; Antonin (1389-1459) à Florence  ; Cologne, en particulier, reste une université purement thomiste, d ’ où sort Denys le Chartreux (1402-1471). Au début du XV I e siècle, Cajetan, de 1505 à 1522, et François Silvestre de Ferrare, en 1516, commentent l ’ un la p. 730 Somme théologique , l ’ autre la Somme contre les Gentils . Des scotistes sans originalité non plus, défendent le réalisme de Duns Scot contre le nominalisme d ’ Occam.
     
    VIII. — LE MYSTICISME ALLEMAND
    AU XIVe SIÈCLE : ECKHART
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    La contre-partie du mouvement nominaliste que nous venons d ’ analyser est le mouvement mystique qui se déroule vers la même époque, et surtout en Allemagne. Vers la fin du XI V e siècle, Gerson définissait la théologie mystique «  l ’ intelligence claire et savoureuse des choses qui sont crues d ’ après l ’ Évangile  » [874] . Cette théologie «  doit être acquise par la pénitence plutôt que par l ’ investigation humaine  » et l ’ on peut se demander «  si Dieu n ’ est pas mieux connu par un sentiment de pénitence que par l ’ entendement qui recherche.  » On voit chez ce mystique français, ami de Pierre d ’ Ailly, l ’ influence des Victorins pour qui le mysticisme est avant tout une méthode de méditation liée à l ’ avancement spirituel. La théologie scolastique prouve et démontre, et elle aboutit à un système d ’ idées bien classées  ; la théologie mystique voit et savoure, et elle aboutit à une ineffable union avec Dieu.
    Le milieu et les conditions dans lesquels se développe le mysticisme, les formes littéraires qu ’ il revêt, tout cela le distingue très profondément de la philosophie des universités. Il est inséparable de la vie conventuelle, avec tout l ’ entraînement à la méditation spirituelle que comporte l ’ organisation monastique, des prédications en langue vulgaire qui s ’ adressent au sentiment plus qu ’ à l ’ intellect, enfin d ’ un mouvement général des esprits qui s ’ étend jusqu ’ aux gens du peuple et qui se manifeste surtout par la croyance millénariste, dont nous avons p.731 vu tant d ’ exemples au XI I e siècle  ; elle aboutit au XI V e siècle à une extraordinaire éclosion de prophètes et de prophétesses qui annoncent que les temps sont révolus et que l ’ Antéchrist va paraître. Le mysticisme  [875] , même lorsqu ’ il est doctrinal, garde beaucoup de ces traits qui l ’ apparentent au peuple  ; les mystiques allemands du XI V e siècle usent de préférence du langage vulgaire  ; ils exposent par affirmation, par vision, sans jamais discuter ni prouver  ; leur but est toujours, comme le dit Eckhart, le plus spéculatif d ’ entre eux, de conduire l ’ âme à se séparer et à s ’ informer en Dieu, à se convaincre de sa noblesse et de la pureté de la nature divine  [876] .
    Ce n ’ est pas autrement que parle Plotin, avec qui la pensée d ’ Eckhart a tant d ’ affinité, bien qu ’ elle n ’ en dépende pas directement  ; le dominicain Jean Eckhart, né en 1260, était à l ’ Université de Paris en 1300  ; mais de 1304 jusqu ’ à sa mort en 1327, sauf un séjour à Paris en 1311, il résida en Allemagne, où, vicaire général de son ordre, depuis 1307, il acquit une haute réputation, enseignant, prêchant, réformant les couvents dominicains de son ordre en Bohême  ; les deux dernières années de sa vie furent assombries par les attaques des Franciscains qui, en 1329, firent condamner à Rome vingt-huit de ses thèses.
    Il serait donc difficile de comprendre comment ce dominicain, qui fut à sa manière un homme d ’ action, est arrivé à des spéculations métaphysiques, où l ’ on voit, non sans raison, l ’ origine de la philosophie allemande, si l ’ on n ’ indique d ’ abord comment il concevait la vie chrétienne. C ’ est, semble-t-il, par tout un système d ’ interprétation spirituelle des préceptes évangéliques et des règles

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