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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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celle de la déchéance, étaient plongés dans la stupeur   ; tant on perd vite en temps de crise le droit de défendre son opinion   ! La découverte de l’armoire de fer redoubla surtout le fanatisme de la multitude et l’impuissance des défenseurs du roi. Après le 10 août, on avait trouvé dans les bureaux de la liste civile des pièces qui prouvaient les relations secrètes entretenues par Louis XVI avec les prêtres mécontents, l’émigration et l’Europe. Dans un rapport, ordonné par l’assemblée législative, on l’avait accusé du dessein de trahir l’état et de renverser la révolution. On lui avait reproché d’avoir écrit, le 16 avril 1791, à l’évêque de Clermont, que, s’il recouvrait sa puissance , il rétablirait l’ancien gouvernement et le clergé dans l’état où il était auparavant   ; de n’avoir plus tard proposé la guerre que pour accélérer la marche de ses libérateurs   ; d’avoir été en correspondance avec des hommes qui lui écrivaient   : « La guerre forcera toutes les puissances à se réunir contre les factieux et les scélérats qui tyrannisent la France, pour que leur châtiment serve bientôt d’exemple à tous ceux qui seraient tentés de troubler la paix des empires… Vous pouvez compter sur cent cinquante mille hommes, tant Prussiens qu’Autrichiens et Impériaux, et sur une armée de Vingt mille émigrés »   ; d’avoir été d’accord avec ses frères, qu’il désapprouvait par ses démarches publiques   ; enfin, de n’avoir cessé de combattre la révolution.
    De nouvelles pièces vinrent à l’appui de toutes ces accusations. Il existait aux Tuileries, derrière un panneau de lambris, un trou pratiqué dans le mur, et fermé par une porte de fer. Cette armoire secrète fut indiquée au ministre Roland, et l’on y trouva tous les complots et toutes les intrigues de la cour contre la révolution   ; des projets tendant à renforcer le pouvoir constitutionnel du roi avec les chefs populaires, à ramener l’ancien régime avec les aristocrates   ; les manœuvres de Talon, les arrangements avec Mirabeau   ; les propositions acceptées de Bouillé, sous la constituante, et quelques nouvelles trames sous la législative. Cette découverte augmenta le déchaînement contre Louis XVI. Le buste de Mirabeau fut brisé aux Jacobins, et la convention voila celui qui était placé dans la salle de ses séances.
    Il était question depuis quelque temps, dans l’assemblée, du procès de ce prince, qui, ayant été déchu, ne pouvait plus être poursuivi. Il n’y avait pas de tribunal qui pût prononcer sa sentence, il n’y avait pas de peine qui pût lui être infligée   : aussi, l’on se jeta dans de fausses interprétations de l’inviolabilité accordée à Louis XVI, en voulant le condamner d’une manière légale. Le plus grand tort des partis, après celui d’être injustes, est celui de ne pas vouloir le paraître. Le comité de législation, chargé d’un rapport sur la question de savoir si Louis XVI pouvait être jugé, et s’il pouvait l’être par la convention, se prononça pour l’affirmative. Le député Mailhe s’éleva en son nom contre le dogme de l’inviolabilité   ; mais, comme ce dogme régissait l’époque précédente de la révolution, il prétendit que Louis XVI avait été inviolable comme roi, et non comme particulier. Il soutint que la nation, ne pouvant pas perdre sa garantie touchant les actes du pouvoir, avait suppléé à l’inviolabilité du monarque par la responsabilité de ses ministres, et que là où Louis XVI avait agi en simple particulier, sa responsabilité ne tombant sur personne, il cessait d’être inviolable. Mailhe limitait ainsi la sauve-garde constitutionnelle dévolue à Louis XVI, aux actes du roi. Il concluait à ce que Louis XVI fût jugé, la déchéance n’ayant pas été une peine, mais un changement de gouvernement   ; à ce qu’il le fût, en vertu de la loi du Code pénal relative aux traîtres et aux co nspirateurs   ; enfin, à ce qu’il le fût par la convention, sans suivre la procédure des autres tribunaux, parce que la convention représentant le peuple, le peuple renfermant tous les intérêts, tous les intérêts étant la justice, il était impossible que le tribunal national violât la justice, et dès-lors inutile qu’il fût assujetti à des formes. Tel était l’enchaînement des sophismes au moyen desquels le comité transformait la

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