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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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république toute l’énergie de la défense   ; mais aujourd’hui elle ne pouvait que contrarier l’établissement du nouvel ordre des choses.
    La situation était changée, la liberté devait remplacer la dictature, puisque le salut de la révolution était opéré, et qu’il importait de revenir au régime légal pour la conserver. Un pouvoir exorbitant et extraordinaire comme la confédération des clubs, devait trouver son terme dans la défaite du parti qui l’avait soutenu, et ce parti finir avec les circonstances qui l’avaient élevé.
    Carrier, traduit devant le tribunal révolutionnaire, fut jugé sans interruption, et condamné avec la plupart de ses complices. Pendant qu’on le jugeait encore, les soixante-treize députés que leur protestation contre le 31 mai avait fait exclure de l’assemblée, furent rappelés dans son sein. Merlin de Douai demanda leur rentrée au nom du comité de salut public   ; son rapport fut accueilli avec applaudissement, et les soixante-treize reprirent leur place dans la convention. Les soixante-treize provoquèrent à leur tour le rappel des députés mis hors la loi, mais ils rencontrèrent une vive opposition. Les thermidoriens et les membres des nouveaux comités craignaient de faire par là le procès à la révolution. Ils craignaient en outre d’introduire un nouveau parti dans la convention déjà divisée, et d’y ramener des ennemis implacables qui pourraient bien opérer, à leur égard, une réaction semblable à celle qui avait lieu contre les anciens comités. Aussi les repoussèrent-ils violemment, et Merlin de Douai alla jusqu’à dire   : Voulez-vous ouvrir les portes du Temple   ? Le jeune fils de Louis XVI y était enfermé, et les Girondins, à cause des suites du 31 mai, étaient confondus avec les royalistes. D’ailleurs, le 31 mai figurait encore dans les dates révolutionnaires à côté du 10 août et du 14 juillet. Il fallait que le mouvement rétrograde fît quelques pas de plus pour atteindre cette époque. La contre-révolution républicaine était retournée du 9 thermidor 1794 au 3 octobre 1793, jour de l’arrestation des soixante-treize   ; mais non au 2 juin 1793, jour de l’arrestation des vingt-deux. Il fallait qu’après avoir renversé Robespierre et le comité, elle attaquât Marat et la Montagne. Pour cela, dans le retour presque géométrique de l’action populaire, il devait s’écouler quelques mois encore.
    On continua à abolir le régime décemviral. Le décret d’expulsion contre les prêtres et les nobles, qui avaient formé deux classes proscrites sous la terreur, fut révoqué   ; on supprima le maximum, afin de rétablir la confiance, en faisant cesser la tyrannie commerciale   ; on s’occupa ardemment de substituer la liberté l’a plus générale à la compression despotique du comité de salut public. Cette époque fut marquée aussi par l’indépendance des journaux, le rétablissement des cultes, et la renonciation aux biens confisqués sur les fédéralistes pendant le règne des comités. C’était une réaction complète contre le gouvernement révolutionnaire   ; elle atteignît bientôt Marat et la Montagne. Après le 9 thermidor, on avait eu besoin d’opposer une grande réputation révolutionnaire à celle de Robespierre, et l’on avait choisi Marat. On lui décerna les honneurs du Panthéon, que Robespierre avait différé de lui rendre pendant sa toute-puissance. Mais il fut alors attaqué à son tour. Son buste était dans la convention, aux théâtres, sur les places publiques, dans les assemblées populaires. La Jeunesse dorée le brisa au théâtre Feydeau. Des réclamations s’élevèrent de la Montagne, mais la convention décréta qu’ aucun citoyen ne pourrait obtenir les honneurs du Panthéon, et que son buste ne pourrait être placé dans le sein de la convention que dix ans après sa mort . Le buste de Marat disparut de la salle des séances, et comme la fermentation était très-grande dans les faubourgs   ; les sections, renfort ordinaire de l’assemblée, vinrent défiler au milieu d’elle. Il y avait aussi en face des Invalides une montagne surmontée d’une statue colossale, qui représentait Hercule écrasant une hydre. La section de la Halle au blé vint demander qu’elle fût abattue. La gauche de l’assemblée fit entendre quelques murmures. « Ce géant, dit un membre, est l’image du peuple. – Je ne vois là qu’une montagne, lui répondit un

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