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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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Larochefaucault le dirigeaient, comme les Lameth et Barnave dirigeaient celui des Jacobins. Mirabeau faisait partie de l’un et de l’autre, et il y était également recherché. Ces clubs, dont l’un dominait dans l’assemblée, et l’autre sur le peuple, étaient attachés à l’ordre nouveau, quoique à divers degrés. Les aristocrates voulurent attaquer la révolution avec ses propres armes   ; ils ouvrirent des clubs royalistes pour les opposer aux clubs populaires. Celui qui fut établi le premier, sous le nom des Impartiaux, ne put pas se soutenir, parce qu’il ne s’adressait à aucune opinion. Ayant reparu sous le nom de club M onarchique, il eut pour membres tous ceux dont il représentait les vœux. Il voulut se rendre favorable le peuple et lui fit des distributions de pain   : mais, loin de les accepter, le peuple considéra cet établissement comme une manœuvre contre-révolutionnaire, il en troubla les séances, et le força à changer plusieurs fois le lieu de ses réunions. Enfin, l’autorité municipale se vit obligée de fermer ce club, devenu l’occasion d’émeutes fréquentes.
    La défiance de la multitude était extrême   ; le départ des tantes du roi, dont elle s’exagérait l’importance, vint accroître son inquiétude, et fit supposer qu’on préparait un autre départ. Les soupçons n’étaient point sans fondement, et ils occasionnèrent une sorte d’émeute dont les contre-révolutionnaires voulurent profiter pour enlever le roi. Ce projet échoua par la détermination et l’habileté de La Fayette. Pendant que la multitude se transportait à Vincennes pour abattre le donjon, qui, selon elle, communiquait avec les Tuileries, et devait servir à la fuite du roi, plus de six cents personnes, armées d’épées et de poignards, envahirent les Tuileries, afin d’entraîner le roi à fuir. La Fayette, qui s’était rendu à Vincennes à la tête de la garde nationale pour disperser la multitude, vint désarmer les contre-révolutionnaires du château, après avoir dissipé l’attroupement populaire   ; et il reconquit, par sa seconde expédition, la confiance que devait lui faire perdre la première.
    Cette tentative fit craindre plus que jamais l’évasion de Louis XVI. Aussi, lorsqu’il voulut quelque temps après se rendre à Saint-Cloud, il en fut empêché par la foule et par sa garde elle-même, malgré les efforts de La Fayette, qui tenait à faire respecter la loi et la liberté du monarque. L’assemblée de son côté, après avoir décrété l’inviolabilité du prince, après avoir réglé sa garde constitutionnelle, attribué la régence au plus proche héritier mâle de la couronne, déclara que sa fuite hors du royaume entraînerait sa déchéance. Le redoublement de l’émigration, ses projets bien avoués, l’attitude menaçante des cabinets de l’Europe, étaient bien propres à faire craindre que le roi ne prît une semblable détermination.
    Ce fut alors que pour la première fois l’assemblée voulut arrêter les progrès de l’émigration par un décret   ; mais ce décret était difficile. Si l’on punissait ceux qui sortaient du royaume, ou violait les maximes de liberté consacrées dans la déclaration des droits   : si l’on ne mettait pas d’entraves à l’émigration, on exposait la France, que les nobles ne quittaient un moment que pour l’envahir. Dans l’assemblée, à part le côté favorable à l’émigration, les uns ne voyaient que le droit, les autres que le danger   ; et selon sa manière d’envisager la question, chacun se déclarait pour ou contre une loi répressive. Ceux qui la demandaient, la voulaient douce   ; mais, dans le moment, il n’y en avait qu’une praticable, et l’assemblée recula devant elle. Cette loi, sur la désignation arbitraire d’un comité de trois membres, devait prononcer la mort civile du fugitif et la confiscation de ses biens. « Le frémissement qui s’est fait entendre à la lecture de ce projet, s’écria Mirabeau, prouve que cette loi est digne d’être placée dans le code de Dracon, et ne pourra figurer parmi les décrets de l’assemblée nationale de France. Je déclare que je me croirais délié de tout serment de fidélité envers ceux qui auraient l’infamie de nommer une commission dictatoriale. La popularité que j’ambitionne, et dont j’ai eu l’honneur de jouir, n’est pas un faible roseau   ; c’est dans la terre que je veux l’enraciner, sur

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