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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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dépositaire de la dignité et de la sûreté de la France, il concluait la guerre contre l’Autriche. Louis XVI dit alors, d’une voix un peu altérée   : « Vous venez, messieurs, d’entendre le résultat des négociations que j’ai suivies avec la cour de Vienne. Les conclusions du rapport ont été l’avis unanime des membres de mon conseil   ; je les ai adoptées moi-même. Elles sont conformes au vœu que m’a manifesté plusieurs fois l’assemblée nationale, et aux sentiments que m’ont témoignés un grand nombre de citoyens des diverses parties du royaume   ; tous préfèrent la guerre à voir plus long-temps la dignité du peuple français outragée et la sûreté nationale menacée. J’avais dû préalablement épuiser tous les moyens de maintenir la paix. Je viens aujourd’hui, aux termes de la constitution, proposer à l’assemblée nationale la guerre contre le roi de Hongrie et de Bohême. » Quelques applaudissements furent donnés aux paroles du roi   ; mais la solennité de la circonstance et la grandeur de la décision avaient pénétré tout le monde d’une émotion concentrée et silencieuse. Dès que le roi fut sorti, l’assemblée indiqua pour le soir une séance extraordinaire, dans laquelle la guerre fut décidée à la presque unanimité. Ainsi fut entreprise, avec la principale des puissances confédérées, cette guerre qui s’est prolongée un quart de siècle, qui a affermi la révolution victorieuse, et qui a changé la face même de l’Europe.
    La France entière en reçut l’annonce avec joie. La guerre communiqua un nouveau mouvement au peuple, déjà si agité. Les districts, les municipalités, les sociétés populaires, écrivirent des adresses   ; on leva des hommes, on fit des dons volontaires, on forgea des piques, et la nation sembla se lever pour attendre l’Europe ou pour l’envahir. Mais l’enthousiasme, qui, en fin de compte, donne la victoire, ne supplée pas d’abord à l’organisation. Aussi n’y avait-il, à l’ouverture de la campagne, que les troupes régulières sur lesquelles on pût compter, en attendant que les nouvelles levées se formassent. Voici quel était, à cet égard, l’état de nos forces. La vaste frontière depuis Dunkerque jusqu’à Huningue était divisée en trois grands commandements. Sur la gauche, de Dunkerque à Philippeville, l’armée du nord, forte d’environ quarante mille hommes et huit mille chevaux, était sous les ordres du maréchal de Rochambeau. La Fayette commandait l’armée du centre, composée de quarante-cinq mille hommes, de sept mille chevaux, et placée de Philippeville jusqu’aux lignes de Weissembourg. Enfin l’armée du Rhin, de trente-cinq mille hommes et huit mille chevaux, avait pour chef le maréchal Luckner, qui occupait depuis les lignes de Weissembourg jusqu’à Bâle. La frontière des Alpes et des Pyrénées était confiée au général Montesquiou, dont l’armée était peu considérable   ; mais cette partie de la France n’était pas encore exposée.
    Le maréchal de Rochambeau était d’avis de rester sur la défensive et de garder nos frontières. Dumouriez, au contraire, voulait prendre l’initiative des mouvements, comme on avait pris celle de la guerre, afin de profiter de l’avantage d’être prêts les premiers. Il était fort entreprenant   ; et comme il dirigeait les opérations militaires, quoiqu’il fût ministre des affaires étrangères, il fit adopter son plan. Il consistait dans une rapide invasion de la Belgique. Cette province avait tenté, en 1790, de se soustraire au joug autrichien, et, après avoir été un moment victorieuse, elle avait été soumise par des forces supérieures. Dumouriez supposait que les patriotes brabançons favoriseraient l’attaque des Français, comme un moyen d’affranchissement pour eux. Il combina une triple invasion dans ce but. Les deux généraux Dillon et Biron, qui commandaient en Flandre sous Rochambeau, reçurent l’ordre de se porter, l’un, avec quatre mille hommes, de Lille sur Tournai, l’autre, avec dix mille, de Valenciennes sur Mons. En même temps La Fayette, avec une partie de son armée, partit de Metz, et se dirigea sur Namur à marches forcées, par Stenai, Sedan, Mézières et Givet. Mais ce plan supposait aux soldats une habitude qu’ils n’avaient point encore, et il exigeait un concert bien difficile de la part des chefs. D’ailleurs les colonnes d’invasion n’étaient pas assez

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