Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
les colons de la « compréhension » du régime de Lisbonne et de sa police, la PIDE.
Rhodésie : l’indépendance-colon, « stade suprême de l’impérialisme »
La situation en Afrique du Sud présente ce trait original que les colons eux-mêmes furent à l’origine de la reprise impérialiste des années 1877-1901 et des conflits internationaux qui se greffèrent sur les antagonismes locaux — alors qu’ailleurs, le plus souvent, l’expansion impérialiste avait ses racines en métropole.
A l’origine, l’Afrique du Sud britannique voisine avec des Républiques boers — Orange et Transvaal — et des communautés africaines. Une situation qui conjuguait les difficultés rencontrées au Canada — la présence « d’étrangers », des Français —, en Nouvelle-Zélande — la résistance maorie —, en Irlande — l’opposition entre deux confessions.
Pour l’essentiel, cette Afrique du Sud se composait de deux colonies, le Cap et le Natal, qui n’avaient pas le même degré d’autonomie, et dont les premiers contrôlaient les Sotho du Basotoland ainsi que le Nguni du Transkei, alors que le Natal ne bénéficiait pas de cette situation de semi-Empire ; ce qui n’empêchait pas ses colons de s’intéresser aux terres arables des Zoulous, des Swazi, des Tonga.
Ces communautés noires jouissaient, à cette date, d’une pleine liberté, même si formellement elles dépendaient plus ou moins d’une autorité britannique.
A côté, les deux États boers coexistaient, mais comme l’Orange était un État indépendant dans l’Afrique du Sud britannique depuis 1852, seul le Transvaal jouissait d’une indépendance de fait, au moins depuis la convention de1881. A la façon du Cap, il contrôlait les communautés noires en Stellaland et chez les Zoulous.
La présence britannique apparaissait à Londres comme une nécessité incontournable, étant donné le rôle de la route du Cap — qui demeure essentielle même après la percée de Suez — et qui « doit être conservée à n’importe quel prix » (Charles Dilke, Greater Britain ). Ce prix, c’est le contrôle de l’arrière-pays, car « nous ne pourrions tenir Le Cap si nous ne tenions le reste ». L’autre enjeu est la défense des intérêts propres de la communauté britannique, qui brusquement se multiplient avec la découverte des mines de diamant en Transvaal en 1867, de l’or du Rand en 1881, puis du cuivre en Rhodésie. Il s’agissait, sans doute, de richesses en territoire boer ; néanmoins, pour autant que les Hollandais du Cap — majoritaires à cette date — s’intégraient dans l’Empire britannique, aussi bien que les Français du Canada et mieux que les Irlandais, il semblait possible, à Londres, de construire une Union sud-africaine sous bannière britannique. Au reste, dans plusieurs conflits entre les Boers et les Zoulous, les Anglais estimèrent que les Afrikaners les aidaient à maintenir la paix et l’ordre.
Telle était la « ligne » de la politique impériale, vue de Londres. Mais Le Cap avait aussi ses propres vues sur la situation, et, à sa manière, le « colonialisme », ainsi dénommé à Capetown, s’opposa à « l’impérialisme », défini comme la politique du gouvernement britannique.
Avant tout, les colons veulent régler le problème indigène. Les guerres entre Cafres et Zoulous, les incursions des uns et des autres sur ces terres que « la civilisation avait conquises », voilà qui créait une situation d’autant moins supportable qu’avec la découverte des mines de diamant et d’or un avenir faramineux s’ouvrait à la colonie. Déjà, leur résistance, l’insécurité qu’ils perpétuaient avaient retardé l’équipement du pays, accru les défenses, atteint le niveau de vie des colons. « Nous devons, ou bien nettoyer le pays, ou nous faire respecter ; car, où que nous allions, nous entrons en contact avec des tribus barbares… La seule solution est de les mettre sous notre contrôle. Ce sera difficile, mais c’est inévitable. Nous devons avoir la haute main sur les tribus », écrivait déjà le gouverneur Brownlee,lors des rébellions dans le Transkei, à la fin des années 1870.
De toute façon, jugent les colons, le destin de la barbarie face à la civilisation, c’est de céder. Il faut amener les Noirs sur les voies du progrès, et le premier succès consiste à les faire travailler.
« C’est le travail qui civilise, écrit
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