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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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quelque peu représentatifs dans ces pays étant ceux de la Syrie et du Liban.
    L’Afrique noire également fut peu touchée, sauf l’Afrique du Sud qui eut son parti communiste, les contacts avec Moscou se limitant ailleurs à l’envoi de quelques Africains à l’Université des travailleurs de l’Orient, à la participation au congrès de Bruxelles contre l’impérialisme (1927), organisé par Willy Münzenberg, mais la « question nègre » n’y occupa guère plus de place que le problème colonial aux premiers congrès du Komintern, malgré la présencede Senghor et de deux représentants sud-africains, et de nombreux Noirs américains. La vedette était tenue par Jawaharlal Nehru, Mohammed Hatta (Indonésie), M me  Sun Yat-sen, Albert Einstein, Victor Haya de la Torre (Pérou) et Messali Hadj (Algérie).
    L’essor ancien du panafricanisme.
    Le mouvement panafricain, ou panafricanisme, a joué un rôle moteur dans l’émancipation des populations du continent noir : il constitue, par excellence, l’idéologie de la décolonisation en Afrique noire, britannique surtout. Sous sa forme large — l’Unité africaine —, il date seulement de la conférence d’Accra, en 1958 ; mais, plus profondément, il remonte aux tout débuts du XX e  siècle, à la conférence de Londres, en 1900. Au vrai, celle-ci est également un aboutissement, car le mouvement de libération africain voit sa préhistoire remonter au XVIII e  siècle.
    Effet boomerang de l’époque de la traite et de l’esclavage, le mouvement puise en effet ses racines aux trois angles du commerce triangulaire : d’abord, l’Afrique de l’Ouest, et plus précisément la Gold Coast (Ghana) qui fut un des plus actifs pourvoyeurs d’esclaves. Le premier Africain qui critiqua la traite fut Ottobah Cugoano, un Fanti du Ghana, à qui l’on doit : Thoughts and Sentiments on the Evil and Wicked Traffic of Slavery and Commerce of the Human Species, Humbly Submitted to the Inhabitants of Great Britain, by Ottobah Cugoano, a Native of Africa , Londres, 1787. Ultérieurement, avec le Ghana, la Sierra Leone et le Nigeria constituèrent la pépinière des mouvements nationalistes noirs. Le deuxième côté du triangle se situe en Angleterre, où le mouvement méthodiste anima la lutte contre la traite et emporta l’abolition de l’esclavage à l’époque de Wilberforce (cf. ici ). Le troisième côté du triangle se place entre les Caraïbes et les colonies anglaises d’Amérique du Nord — les futurs États-Unis. Dès le XVI e  siècle, des Noirs s’étaient révoltés, de la Guyane aux Caraïbes, et en 1688, à Barbade, avait été institué lepremier Code Noir. Les Antilles furent à nouveau à la pointe du combat pour la liberté des Nègres à l’époque de la Révolution et de l’Empire, Haïti devenant définitivement indépendant en 1804 à l’époque de Toussaint-Louverture. Les Afro-Américains des Caraïbes fournirent depuis les principaux leaders du mouvement panafricain, tels Marcus Garvey, George Padmore, le père Dubois ; et, côté français, Aimé Césaire, Frantz Fanon, puis d’autres chantres de la négritude. Encore faut-il constater que, du côté anglais, les premiers mouvements jouirent tôt, au moins à Londres, de la liberté d’expression, et aussi de rudiments d’une représentabilité partielle.
    En Angleterre, cependant, la création de la Sierra Leone Company fut certes un échec (cf. ici ), mais cette colonie n’en allait pas moins devenir une sorte de laboratoire de la modernisation, en Afrique de l’Ouest, avec son collège de Fourah Bay à Freetown et ses premiers cadres missionnaires. Ceux-ci essaimèrent en Nigeria et en Gold Coast, où apparut le premier roi chrétien, Joseph Aggrey, qui ne manqua pas de revendiquer l’indépendance pour son pays. Cela lui valut une déportation temporaire en Sierra Leone, mais l’idée du self-government avait accompli un premier pas (1865).
    En se rendant indépendants au nom de la liberté, en 1783, les Américains ne s’attendaient pas, certes, à recevoir les revendications des Noirs qui avaient combattu à leurs côtés, ce qui explique qu’un grand nombre de ceux-ci, déçus, soutinrent les Anglais. Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d’indépendance et propriétaire d’esclaves, se posa la question du sort des Noirs dans ses Notes on the State of Virginia (1787). Il résumait ses propositions avec cette formule : «  What further

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