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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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is to be done with them ?  » (qu’est-ce qu’on va bien en faire ?). L’idée d’en réexpédier un grand nombre en Afrique fit son chemin, et, en 1816, The American Colonization Society réussit, en quelques années, par la séduction et la menace, à en rembarquer entre 12 000 et 20 000, et en Afrique ils fondèrent le Liberia. Naturellement cela souleva l’indignation des Noirs américains qui entendaient prendre en main leur propre retour — ce qui devait aboutir, quelques décennies plustard, à la création du Back to Africa Movement , de Marcus Garvey.
    Lorsque se réunit la conférence panafricaine de Londres, en 1900, la situation générale des Noirs s’est largement détériorée sur un siècle, tant aux États-Unis, malgré la guerre de Sécession, qu’en Afrique du Sud et dans le reste du continent. Le mot d’ordre, « l’Afrique aux Africains », ne reçoit qu’un seul encouragement « historique », alors que s’affirme plus que jamais la domination de l’homme blanc : la victoire des Abyssins sur les troupes italiennes à Adoua en 1896. Celle-ci redonne espoir et vigueur au mythe panafricain qui avait désigné l’Éthiopie comme la base originelle de la civilisation africaine… Naturellement, la défaite des Russes, en 1905, relança aussi les espoirs de liberté pour les peuples de couleur… En 1913, paraissait, à Madagascar, Le Japon et les Japonais , par le pasteur Ravelojaona, qui fondait le Vy Voto Sakelika, ou VVS, Fer-Pierre-Réseau, d’esprit anticolonialiste. Globalement, pourtant, du côté des colonies françaises, la tentation assimilatrice continua à exercer ses attraits — c’est ce qui explique que le mouvement panafricain demeura surtout anglophone.
    Deuxième trait du mouvement panafricain, son rapport avec les Églises, méthodistes surtout, qui, en Gold Coast d’abord, et ailleurs en Afrique de l’Ouest, ont aidé à la naissance d’une élite mulâtre ou noire, européanisée que les Anglais ont définie comme des «  educated natives  ». Graduellement, des membres de cette élite ont assumé la position des dirigeants traditionnels, par exemple lorsque les Fanti ont élu J.R. Ghartney, marchand à Anomabu, roi de Winneba sous le nom de J.R. Ghartney IV. Les méthodistes n’ont pas pu jouer le même rôle aux Caraïbes ou dans les colonies anglaises d’Amérique parce que là leur action s’est heurtée à l’hostilité des colons.
    Par réaction, c’est donc aux Amériques que le mouvement s’est développé de la façon la plus radicale, revendiquant avec W.E.B. Du Bois le retour des Noirs en Afrique et l’indépendance de leur pays d’origine.
    Car, paradoxalement, c’est dans l’exil américain que, regroupés, les Noirs des différentes ethnies ont construitune image de l’Afrique, image fictive sans doute, mais bien active ; alors que, en Afrique même, les anciennes divisions des royaumes, la parcellisation des territoires, puis les découpages coloniaux n’avaient jamais donné naissance à un concept africain. On observe également qu’aux Caraïbes comme en Amérique les mulâtres furent moins portés à devenir les chantres de la négritude africaine que les Noirs purs, tels Martin R. Delany, Garvey, par ailleurs champions du Retour en Afrique.
     
     
    Aux États-Unis, tout comme le projet abolitionniste, dont les Quakers furent les chantres dans le Massachusetts, l’action des Afro-Américains devient manifeste en 1787, où apparurent, à Philadelphie notamment, des cercles et des écoles pour Noirs, dont l’animateur fut le huguenot Anthony Benezet de Saint-Quentin, dont la famille avait été chassée par l’Édit de Nantes. Dans ces écoles, la Constitution des États-Unis est l’objet de discussions qui aboutissent au rejet de l’esclavage dans les futurs États en voie de formation — ceux du Middle West. Des Noirs fondent la même année le Free African Society dans une église méthodiste, d’autres créent la première loge maçonnique aux États-Unis, The Free African Lodge , autonome de la Loge africaine de Londres. Le droit à l’éducation égale pour tous fut revendiqué, cette année-là, par Prince Hall, un mulâtre de Barbade qui adressa cette pétition au Parlement du Massachusetts (1787). Moins d’un siècle plus tard, lorsque s’ouvre la première conférence du panafricanisme, ses 30 participants viennent, pour l’essentiel, des Caraïbes et de l’Amérique du Nord (10 + 11), 4

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