Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
Tunisie et du Maroc. On imaginait qu’un coup d’État militaire rôdait, et d’aucuns pensaient au rôle que pourrait jouer le général de Gaulle.
A la conférence de Genève, Chinois, Vietnamiens, Américains et Français étaient présents. L’accord conclu stipula que le 17 e parallèle servirait de ligne de démarcation provisoire entre le Nord- et le Sud-Vietnam qui demeurent, chacun, sous le contrôle de leur propre administration civile. Étant donné l’état de la carte de guerre, cela signifiait l’indépendance du Nord-Vietnam. Des élections libres devaient être organisées dans tout le pays avant 1956. Ces élections n’eurent jamais lieu.
Pierre Mendès France a commenté ces accords à la télévision française :
« Les Américains ont dit dès le début qu’ils ne voulaient pas signer un document où figurait la signature des Chinois puisqu’ils ne reconnaissaient pas la Chine. On a donc établi un procès-verbal des points sur lesquels l’accord s’était fait et le secrétaire général de la conférence en a donné lecture en séance plénière ; et puis chacune des délégations a faitune déclaration unilatérale pour faire ses observations […] mais aussi pour s’engager à ne pas briser, à ne pas mettre en cause ce qui venait d’être proclamé, et la déclaration américaine, après toutes les réserves à l’égard de la Chine, du Vietminh, etc., a pris deux engagements solennels : premièrement nous ne remettrons jamais en cause ce qui vient d’être décidé, par la force ; deuxièmement, nous considérerons comme agresseur tout pays qui utiliserait la force ou la menace de la force pour le détruire. Par conséquent, les Américains, bien que n’ayant pas signé, ont pris très exactement les engagements que nous pouvions attendre d’eux, qui étaient les mêmes que nous avions pris nous-mêmes. C’est pourquoi les conventions de Genève n’ont jamais été signées par les Américains, ni par personne d’autre. »
Une fois la guerre de Corée achevée, pas plus que le Nord- ou le Sud-Vietnam, ils ne tinrent leurs engagements.
Les hommes politiques français pressentaient que les événements d’Indochine risquaient de se répercuter sur le destin de l’Union française.
Ils en étaient tétanisés.
Lorsque en novembre 1952, bien avant Diên Biên Phu, se réunit le Haut Conseil de l’Union française, sous la présidence de Vincent Auriol, en présence d’Antoine Pinay, président du Conseil, et des représentants du Vietnam, du Laos et du Cambodge, un des délégués de ce pays, Nhiek Tioulong, proposa d’inviter les souverains de Tunisie et du Maroc à participer aux travaux du Haut Conseil… Le président Auriol en eut un haut-le-corps… Au gouvernement, Pinay n’est pas opposé à une idée si simple, si évidente, si ordinaire, mais Martinaud-Deplat, Brune, René Mayer veillent. Le projet est enterré…
Depuis de longues années, les hommes politiques français ne voulaient rien savoir, ils ne voulaient rien comprendre…
« La croyance naïve que la défaite de la France est un châtiment de Dieu, que sa domination est finie et que notre indépendance nous viendra d’une victoire de l’Axe considérée comme certaine, est ancrée dans beaucoup d’esprits et cela se comprend. Eh bien je dis que c’est une erreur, une erreur grave, impardonnable… »
En tenant ces propos, au début de 1943, Habib Bourguiba prenait vraiment un grand risque. Il comptait sur une victoire des nations démocratiques, elle apparaissait possible, probable même, mais pas encore certaine à cette date. Surtout, pour qui a pu voir à la Deutsche Wochenschau de la fin de 1942 comment les jeunes Tunisiens ont accueilli les soldats de la Wehrmacht, avec un enthousiasme délirant, on mesure mal à quel point le leader du Néo-Destour prenait des positions à contre-courant de l’opinion de ses concitoyens.
Le propos est d’autant plus audacieux que les Italiens venaient de libérer Bourguiba qui moisissait dans les geôles françaises, et que le régime fasciste l’avait reçu avec honneur. Or, à la radio italienne, à nouveau, il avait mis en garde ses concitoyens pour qu’ils ne cèdent pas à leurs sentiments élémentaires — car « ce serait prendre le risque de tomber sous une autre domination étrangère »…
Cette liesse des Tunisiens à l’arrivée des Allemands s’expliquait par les désillusions et la colère qu’avait
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