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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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Kazakhstan, un opposant à la perestroïka pour que des émeutes éclatent ; le Premier secrétaire n’avait pas su observer que cet opposant était kazakh, et russe son remplaçant. Autrement dit, les Républiques s’autonomisaient de plus en plus, ce qui était le cas, aussi, de l’Arménie, de la Géorgie.
    Deuxième proposition . Pour les Républiques musulmanes, l’indépendance ne signifiait pas nécessairement la volonté séparatiste. Elles ne l’avaient pas nécessairement en vue, tels la Tunisie ou le Maroc, par exemple, qui, durant les années cinquante, géraient avec Paris les étapes de leur séparation. En Asie centrale, au contraire, on avait affaire à une sorte de séparatisme inversé , en ce sens que les dirigeants des Républiques s’efforçaient d’avoir pouvoir sur les institutions centrales de l’ex-URSS. Ainsi, Pavlov, ministre des Finances — un des participants aucoup d’État —, avait des liens étroits avec l’appareil d’État ouzbek et sa mafia.
    Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que, lors du conflit entre Gorbatchev et Eltsine, l’année qui précéda le coup d’État, les dirigeants des Républiques aient été du côté de Gorbatchev, qui voulait préserver l’Union, et contre Eltsine car, avec la proclamation de la souveraineté de la Russie, il entamait un processus qui mènerait au séparatisme de chaque République ; et cela ruinerait les avantages que ces Républiques endossaient au centre. Il n’est pas étonnant que, dans l’ensemble, elles se placèrent du côté des « putschistes », au moins leurs appareils.
    Troisième proposition . Perçue en Russie comme une ouverture vers la liberté, la perestroïka a été ressentie dans les Républiques musulmanes comme un danger pour l’avenir des relations sociales traditionnelles que le communisme avait, en quelque sorte, perpétuées — le président du Soviet étant souvent un ancien khan, etc. En outre, avec la glasnost, Moscou « ouzbékistanisait » les trafics mafieux — sous prétexte qu’on cultivait le pavot en Ouzbékistan, et tout l’Islam était montré du doigt dès qu’il revendiquait des mosquées —, alors que le pouvoir central flirtait ouvertement avec l’Église orthodoxe. Toute revendication en pays d’Islam était considérée comme le signe d’une allégeance possible à Téhéran. Ce comportement des Russes a eu pour effet de développer un mouvement politique islamiste et toutes sortes de variantes d’un Islam politique, dont les variétés ont renforcé l’identité de chaque république vis-à-vis de sa voisine : depuis l’intégrisme chiite qui domine le Tadjikistan, jusqu’à l’Islam quasi laïque de l’Azerbaïdjan, en passant par des variantes, sunnites ou non. Ce phénomène de renforcement de l’identité de chaque République va à la fois contre la réunification du « Turkestan », et contre l’absorption de l’ensemble islamique par les grands voisins, Turquie, Iran ou Pakistan. Ajoutons que le tempo de la Révolution islamique en Iran ou ailleurs et celui de la crise des Républiques soviétiques n’ont pas coïncidé. C’est sans doute ce qui a prévenu la dérive irréversible de l’Islam soviétique vers ces trois pays.
    Quatrième proposition . On se trouve bien, dans lesRépubliques du pourtour méridional, dans une situation postcoloniale, en ce sens que le départ des Russes a précédé, et de loin, la proclamation de l’indépendance ; cet exode se poursuit, mais sans drames excessifs, ce qu’en d’autres circonstances on eût appelé une décolonisation réussie . Alors, certaines Républiques retiennent « leurs » Russes ou font appel à de nouveaux « coopérants » russes. Il n’y a qu’au Kazakhstan que la situation est différente, parce que dans cette République, où les Russes sont aussi nombreux que les Kazakhs, les responsabilités sont partagées, à tous les niveaux, ce qui sécrète des conflits interethniques permanents.
    Inversement dans certaines Républiques rendues à l’indépendance, au Caucase notamment, les conflits ethniques renaissent, aussi violents qu’avant l’ère russe puis soviétique, entre Arméniens et Turcs-Azéris, Géorgiens et Abkhazes, etc. Dans ce dernier cas, on reconnaît une situation originale : dans leur souci de se libérer des Russes, les Géorgiens ne s’étaient pas aperçus qu’eux-mêmes exerçaient une sorte de pouvoir colonial sur les Abkhazes. On

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