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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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passage n’était qu’une solution au coup par coup.
    Mettre la main sur l’Empire espagnol, pour Louis XIV, devait résulter d’une association entre la puissance française montante et celle des Bourbons d’Espagne, décadente depuis le règne de Charles II. Quant aux Anglais, leur commerce interlope avait commencé à se développer à partir de la Jamaïque sur les côtes du Mexique, et ils avaient su ajouter à cette fraude le rachat de contrats d’ asiento que le roi d’Espagne avait consentis aux commerçants portugais. Cet affermage de la traite des Noirs dans le monde ibérique rapportait des profits considérables, de sorte que, par la contrebande et grâce à leurs importants contrats d’ asiento , ils souhaitaient pénétrer les colonies espagnoles d’Amérique plus encore que les conquérir : car ils en tiraient d’immenses profits, et les risques d’une guerre étaient moindres.
    La mort de Charles II et la succession d’Espagne, attribuée par testament au petit-fils de Louis XIV, remirent tout en question. L’Europe se coalisa contre la France (1701) et la guerre commença, en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas, sur mer, aux colonies : la France fut même envahie après la défaite du duc de Bourgogne à Oudenarde, et la prise de Lille (1708). La victoire de Villars à Denain redressa la situation de Louis XIV, mais déjà un compromis était élaboré à Utrecht : Philippe V, le petit-fils, garderait l’Espagne, mais il renonçait à ses droits sur la Couronne de France (1713).
    Indépendamment des conflits de puissance opposant les Habsbourg à la monarchie française — l’empereur reçut les possessions italiennes de l’Espagne et des Pays-Bas —, la guerre avait eu pour principal enjeu le destin des colonies espagnoles d’Amérique. Au traité d’Utrecht, elles demeuraient sous la souveraineté de Philippe V.
    Mais l’Angleterre y élargissait sa sphère d’influence.
    En premier lieu, elle obtenait pour une compagnie privée le monopole de l’ asiento pour trente ans, clause garantie par les deux États. Ensuite, elle obtenait le droitdit du « vaisseau de permission », c’est-à-dire de disposer d’un vaisseau qui pourrait librement commercer en Amérique — et pratiquer l’interlope. Les Anglais perfectionnèrent aussitôt ces avantages en postant le vaisseau en face de Buenos Aires, les autres navires faisant la navette jusqu’à Bristol, et le vaisseau constituant ainsi une sorte de base permanente installée au cœur de la baie. Et comme l’Angleterre avait signé avec le Portugal un accord, avec Methuen, qui lui permettait de négocier au Brésil, une route parallèle à celle de la Plata devait lui permettre aussi de trafiquer par le Paranagua, Asuncion et le Chaco. Mais les missions jésuites firent obstacle. Cependant, à l’autre, bout de l’Empire espagnol, les Anglais s’installaient au Honduras, à partir de la Jamaïque, d’où ils s’efforcèrent de contrôler Panama depuis le territoire des Mosquitos. Commerce d’abord, à la différence des Espagnols, les Anglais n’évangélisent pas.
    De sorte que, d’un côté, les Anglais s’arrogeaient le droit de faire de la contrebande par toutes les entrées de l’Empire espagnol, de l’autre, Madrid sévissait sans oser déclarer la guerre. La crise éclata lorsque les marchands de Bristol et de Liverpool commencèrent à protester contre la façon dont les Espagnols réglaient les litiges suscités par leurs propres abus… Ils avaient rêvé de mettre la main sur une partie de l’Empire espagnol lors des négociations d’Utrecht, et les concessions obtenues leur semblaient dérisoires. Robert Walpole fut débordé par ce courant belliqueux, la guerre fut déclarée en 1739, le cardinal Fleury se joignant à l’Espagne.
    Cette guerre anglo-espagnole fut marquée par le fameux périple de l’amiral Anson, que Voltaire a glorifié dans Le Siècle de Louis XIV  : chargé de débarquer au Pérou, sa flotte en partie détruite par la tempête, avec le seul navire qui lui restait il repartit vers les Philippines à la poursuite du galion de Manille et s’en empara, pour en rapporter triomphalement les cargaisons en Angleterre (1744). La paix conclue sur les bases du traité de Methuen permettait aux produits anglais de pénétrer librement dans la péninsule espagnole.
    Le fait nouveau, dans ces guerres et conflits de l’époquede Walpole et de Newcastle, est l’intervention de

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