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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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un mode de relations économiques et politiques qui n’avait pas de précédent, bilan d’une rencontre entre des civilisations étrangères les unes aux autres. Quelques personnages collectifs nouveaux sont ainsi nés sur la scène de l’Histoire, tels les créoles aux Amériques — ou les pieds-noirs au Maghreb, etc. Ils se sont, ou non, croisés avec les populations des territoires qu’ils ont occupés — à moins qu’ils ne les aient peuplés de Noirs, aux Amériques par exemple, amenés de force depuis l’Afrique. Ces esclaves outre-Atlantique, et bientôt ces « marrons » qui échappent à ce sort, sont aussi des personnages nouveaux, et les Eurasiens, les mulâtres, etc. Le racisme qu’ils ont connu, dont on a instruit le procès, est-il seulement le produit de cette rencontre ?
    A l’âge de l’impérialisme, où on note que les écarts entre les races s’accroissent, de nouveaux personnages emblématiques prennent la relève du corsaire ou accompagnent le missionnaire et le planteur : ces médecins, ces instituteurs. Le discours colonial a-t-il raison d’en être fier ?
    Au reste, les pratiques de la colonisation ne sont pas, partout, similaires : l’Angola n’est ni l’Afrique du Sud toute proche, ni le Brésil, si voisin ; l’Afrique du Nord n’est pas semblable au Turkestan…
    Curieusement, à force de se demander si la colonisation fut rose, ou noire — si elle a rapporté de l’argent, ou si elle en a coûté —, on omet d’observer qu’une de ses fonctions a été de débarrasser les métropoles des gens « dangereux », ou dits tels : en les envoyant à la Guyane, ou en Sibérie,sinon aux antipodes. « Nous avons été une Sibérie, mais au soleil », disent les Australiens aujourd’hui. Ce que deviennent des sociétés de « délinquants » livrées à elles-mêmes est un test intéressant pour l’Histoire, autant que le sort des sociétés métisses.
    Les métis d’Amérique
    Q UELLES FEMMES POUR LES   CONQUISTADORES  ?
    La première colonisation avait été le fait d’une poignée d’hommes. En Espagne, dès les origines, l’émigration était contrôlée par la Casa de Contratacion  : il fallait obtenir une licence pour pouvoir s’installer en Amérique, seuls les sujets de la Couronne de Castille pouvaient l’obtenir — les conversos d’origine juive en étaient exclus. Officiellement, en un demi-siècle, de 1509 à 1559, il partit, en tout, 15 480 personnes, mais ces chiffres officiels sont peu fiables, car les clandestins étaient nombreux. De fait, en 1579, les Amériques auraient compté déjà 150 000 Blancs ; à la fin du XVII e  siècle, il s’y serait trouvé entre 400 000 et 500 000 personnes.
    A l’origine, seuls les hommes étaient partis, mais, au Mexique, Cortez n’avait accepté de fixer 2 000 immigrants venus de Castille qu’à condition que dans les dix-huit mois leurs épouses suivent… Un texte officiel de 1604 fait état d’un départ de 600 femmes, alors que l’autorisation n’a été donnée que pour 50. Par ailleurs, sur place, les Espagnols furent tentés par les Indiennes : dès 1514, à Hispaniola, 64 hommes sur 684 en avaient déjà épousé une. La barranganeria , le concubinage, était tolérée en Castille jusqu’à l’arrivée d’Isabelle et de Ferdinand : cela fut monnaie courante aux Amériques, après un baptême pour la forme, les conquérants se faisant offrir les plus belles femmes par les princes aztèques ou incas : Cortez, Pizarre donnèrent l’exemple… Paradoxe : venus du pays qui avait inventé la limpiezo de sangre — la pureté de sang — et exclu tous ceux qui avaient des ancêtres juifs ou musulmans — un critèrereligieux, à dire vrai —, ce furent ces Castillans qui, aux Amériques, imposèrent le métissage pour assurer leur maintien dans ces pays et ne pas connaître le sort d’Hispaniola, dont toute la population indienne avait été massacrée.
    « Leurs enfants, ces hommes et femmes “de bien” ne devaient pas être appelés “métis”, disait-on alors, car c’est le genre de vie qui différenciait nettement les Blancs des métis. » Les métis d’occasion, si l’on ose s’exprimer ainsi, c’est-à-dire la majorité des enfants nés d’unions fugitives, étaient de plus en plus nombreux… orphelins abandonnés, misérables qui s’engageaient dans l’armée ; ils devinrent rapidement si nombreux — au Pérou, environ 100 000 contre

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