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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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supérieure des Japonais, pour d’autres, à leur isolement sur un archipel — et, en Europe, la supériorité des Anglais ne s’est pas expliquée autrement.
    « Quoi qu’il en soit, écrivait Asahi , grand quotidien, le 3 août 1941, la pureté japonaise est enfin démontrée : il n’y a que 6 % des habitants de ce pays atteints de troubles mentaux ou psychiques, contre 20 % aux États-Unis, en Allemagne et en Grande-Bretagne. »
    C’est cette supériorité, raciale malgré tout, qui doit assurer au Japon la maîtrise sur l’Asie pour y mettre fin à la domination occidentale. Au vrai, le projet va plus loin. Il est temps de mettre un terme à la vision européenne de l’histoire et de la géographie, et, en plaçant le Japon au centre des planisphères, de faire disparaître le concept d’Extrême-Orient. Alors que le degré 0 de Greenwich marquait symboliquement, depuis 1911, l’Angleterre comme centre du monde, le professeur Komaki Tsunekichi, de Kyoto, propose de désigner l’Afrique et l’Europe comme la partie occidentale du continent asiatique, l’Amérique devenant le continent est-asiatique et l’Australie le continent sud-asiatique ; quant aux océans qui communiquent entre eux, ils constituaient le « Grand Océan du Japon ». La nipponisation devait prendre d’autres aspects. Ainsi, dans la sphère de coprospérité, l’année 1942 devint, comme au Japon, l’an 2602 (suivant la datation liée à l’établissement de la dynastie impériale en 660 avant J.-C., une date imaginaire). La date anniversaire de l’empereur devint une fête de l’Asie (le 29 avril), tout comme celle de la fondation de la lignée impériale (le 11 février).
    U NE   SURVIVANCE  : LE   PROBLÈME DES   K OURILES
    Dernier épisode de la rivalité russo-japonaise, toujours vivant à la fin du XX e  siècle, le conflit des Kouriles qui s’envenime au XIX e  siècle, lorsque simultanément des pêcheurs japonais, en provenance d’Hokkaido, et russes, venus du Kamtchatka, se disputent ces îles appelées Kouriles en russe, et Chishima Rettao en japonais (les mille îles). En vérité, ces îles avaient été découvertes par les Hollandais en 1643, et les problèmes de rivalité s’étaient résolus une première fois en 1855, par le traité de Shimoda. La grande île de Sakhaline (Karafuto) avait été proclamée indivise entre les deux pays, tandis que la frontière entre les Russes et les Japonais pasait, aux Kouriles, entre Urup (russe) et Etorofu (Japon), c’est-à-dire assez près d’Hokkaido, terre de colonisation japonaise.
    Le conflit apparaît à l’occasion d’un problème de définition : les deux îles Habomai et Shikotan, insérées dans Yeso — Hokkaido — en constituent-elles une partie ou sont-elles les dernières Kouriles du Sud ? En les rattachant administrativement aux Kouriles, l’administration de Tokyo allait faire naître un contentieux… Il est réglé en 1875 par le traité de Saint-Pétersbourg : la Russie abandonne les Kouriles — en échange de la totalité de Sakhaline, traité avantageux pour Alexandre II.
    Au lendemain de la guerre de 1904-1905, le Japon victorieux annexe la partie sud de Sakhaline, gardant la totalité des Kouriles. Mais, en 1945, Moscou reprend ce territoire, annexant en plus les Kouriles, ce qui estconfirmé par le traité de San Francisco (1951). Par contre coup, les deux îles Habomai et Shikotan devenaient soviétiques puisque, selon la définition des Japonais, l’expression « groupe des Kouriles » comprenait toutes les îles entre Yeso-Hokkaido et le Kamtchatka.
    Variations effectives des frontières au nord du Japon

Source : Thierry Mormanne, « Le problème des Kouriles, pour un retour à Saint-Pétersbourg »,
Cipanga , Cahiers d’études japonaises,
Inalco , 1, janvier 1992, p. 59-90.
    Aujourd’hui, la Russie d’Eltsine s’appuie sur sa victoire de 1945 et sur les décrets de l’administration japonaise du siècle précédent pour conserver toutes les îles jusqu’à Hokkaido. Le Japon souhaite revenir au traité de Saint-Pétersbourg, abandonnant ses droits sur Sakhaline… L’ancienne ligne de partage, du traité de Shimoda, serait la voie de la sagesse. Mais la sagesse commande-t-elle les nations ?

CHAPITRE IV
Une nouvelle race de sociétés
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    Aux Amériques, comme en Asie et en Afrique, la colonisation a fait apparaître une nouvelle race de sociétés. Elle a également sécrété

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