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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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Dans le bled, deux ans plus tard, cette gamine ne va pas à l’école : « Vous n’y pensez pas, me dit le père, à l’école, il n’y a que des Arabes. »
    Ainsi, que les colons s’opposent bec et ongles aux réformes venues de la métropole n’a pas besoin d’explication. Au reste, le pied-noir ne demande pas aux métropolitains de le comprendre, il leur demande d’en être aimé (P. Nora, Les Français d’Algérie) .
    Figures emblématiques
    Les sociétés qui se sont constituées dans le cadre de la colonisation ont été à l’origine d’activités nouvelles qui se sont greffées sur les formes traditionnelles de la vie.
    Les plantations ont figuré parmi les premières installations de caractère économique et elles ont été une des marques de la société coloniale. Outre les villes nouvelles qui ont été fondées, avec leur architecture spécifique — leurs églises notamment —, les colonies se sont couvertes ultérieurement de chemins de fer, d’hôpitaux, d’écoles — ces signes du progrès au regard du conquérant.
    L E   PLANTEUR ET   SA   PLANTATION
    Passé l’époque du pillage ou de l’exploitation des mines, tel le Potosi, la plantation devint, aux Amériques d’abord, le centre de l’entreprise coloniale. Ce fut, au vrai, une création originale, la marque de l’Europe et de ses conquêtes. Qu’elle se dénomme hacienda ou estancia , la casa grande, great house ou grande case , est le centre de la Propriété. Celle-ci a des traits caractéristiques bien établis : maîtrise des ressources naturelles — la terre et l’eau —, contrôle des forces de travail et des échanges locaux ourégionaux. Par ailleurs, elle rompt avec le paysage et les produits naturels du pays, les plantes qui y sont cultivées étant apportées d’autres continents ; ainsi, la canne à sucre asiatique et le caféier africain en Amérique, le cacaoyer, l’hévéa et le tabac américain en Afrique, etc. Troisième caractéristique : répondre aux demandes de pays lointains, les consommateurs appartenant soit à l’Europe soit à l’Amérique tempérée. Surtout, son paysage est réglé, dominé par la demeure centrale, du Maître, la Casagrande et par les engerros, engins, engehos de assucar pour le sucre au Brésil. Plus loin, se trouvent les baraques des travailleurs, senzalas au Brésil, et, tout à l’écart, les cultures de patates, de manioc, les bananeraies, qui servent à la nourriture des esclaves, eux aussi venus d’ailleurs.
    Forme agressive d’intervention européenne en pays tropical, les plantations ont créé des situations humaines entièrement nouvelles qu’ont eu à connaître les assujettis au travail forcé ou des esclaves.
    Car, aux Caraïbes notamment, l’esclave est bien le personnage central de la plantation — avec la famille du maître —, on l’a fait venir d’Afrique, étant entendu que l’Amérique donne la terre et l’Afrique les travailleurs. Aux origines, certes, le Blanc est venu pour faire fortune, pas pour travailler ; mais très vite, observant que le Noir, accoutumé, travaille moins, ou mal, il préfère en acheter des « neufs » plus dociles. De plus, l’esclave élevé sur place finit par coûter plus cher que l’esclave importé : ainsi la Jamaïque est passée de 45 000 esclaves, en 1703, à 205 000, en 1778, alors qu’elle a, pendant ce temps, importé 359 000 Africains. Or, bientôt l’esclave s’échappe, comme on a vu, et le « marronage » est devenu une des premières formes de la réaction des esclaves à leur destin. Mais leur départ a posé un premier problème aux planteurs.
    Dès que la fin de la traite a été vraiment respectée, par les Anglais en premier lieu, un grand nombre d’esclaves avaient déjà disparu dans l’intérieur des terres, au moins là où c’est possible — à la Jamaïque, à Saint-Domingue et ailleurs ; et les colons durent faire appel à une autre main-d’œuvre qu’ils espéraient plus docile : venue de l’Inde, on l’envoie à Trinidad, mais aussi à la Réunion et à l’îleMaurice. Vers 1950, en Guyane britannique, on comptait que, parmi les ouvriers des plantations, il s’en trouvait 190 000 de descendance africaine, et 270 000 de descendance asiatique. Ces proportions étaient les mêmes à Trinidad.
    Deuxième changement : alors qu’au XVIII e  siècle la plantation type se trouve aux Antilles ou au Brésil, au XIX e  siècle elle s’y est

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