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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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bénéficié de la vente des biens du clergé qui leur ont offert de vastes bâtiments, se prêtant assez bien à l'industrie manufacturière. Cet investissement capitalistique s'est effectué à bas prix, du fait des bonnes conditions de vente des biens d'Église. En outre, l'industrie textile profite pleinement de la libération du travail ; elle est l'une des premières à employer systématiquement des enfants. Enfin, l'industrie du coton bénéficie d'un fort accroissement du marché, à un moment où la concurrence étrangère est faible.
    Deuxième secteur industriel après le textile, la sidérurgie est également en plein développement, la croissance repartant après 1801
    pour atteindre son apogée en 1809, même si elle reste très en retrait par rapport à la production anglaise. Elle avait fortement pâti, sous la Révolution, de la désorganisation de l'exploitation des forêts, véritablement dévastées par les paysans. Le Consulat remet de l'ordre dans l'exploitation forestière, permettant ainsi l'essor de l'industrie sidérurgique. Parallèlement, la production de houille augmente : la France produisait six cent mille tonnes de charbon en 1789 ; elle en extrait neuf cent mille tonnes à la fin de l'Empire ; c'est encore une production faible au regard des résultats de la fin du XIXe siècle, mais elle annonce les belles heures de l'industrie française. Enfin, l'industrie chimique connaît elle aussi un très vif essor, grâce notamment à des savants qui se sont faits eux-mêmes industriels. C'est le cas de Chaptal qui peut ainsi écrire après l'avoir vécu : « Les progrès qu'ont faits les arts chimiques, depuis trente ans, étonneront d'autant plus la postérité que c'est au milieu des tempêtes politiques que les principales découvertes ont pris naissance ; on se demandera un jour comment un peuple, en guerre avec toute l'Europe, séquestré des autres nations, déchiré au-dedans par les dissensions civiles, a pu élever son industrie au degré où elle est parvenue [ .. ] Bloquée de toutes parts, la France s'est vue réduite à
    .
    ses propres ressources : toute communication audehors lui était presque interdite ; ses besoins augmentaient par le désordre de l'intérieur et par la nécessité de repousser l'ennemi qui était à ses portes : elle commençait déjà à sentir la privation d'un grand nombre d'objets qu'elle avait tirés jusque-là des pays étrangers : le 169
     

    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    gouvernement fit un appel aux savants ; et, en un instant, le sol se couvrit d'ateliers ; des méthodes plus parfaites et plus expéditives remplacèrent partout les anciennes ; le salpêtre, la poudre, les fusils, les canons, les cuirs, etc., furent préparés ou fabriqués par des procédés nouveaux ; et la France a fait voir encore une fois à l'Europe étonnée, ce que peut une grande nation éclairée, lorsqu'on attaque son indépendance 3. »
    Chaptal donne d'autres exemples des effets de l'utilisation des inventions chimiques sur l'ensemble de l'industrie ; elles ont permis notamment l'essor de l'industrie du savon et de celle des papiers peints, désormais largement utilisés dans les intérieurs bourgeois.
    Elles ont favorisé l'industrie textile grâce aux nouveaux procédés de teinture, notamment mis au point par le chimiste Berthollet. En Alsace, le secteur chimique est avec le textile un des moteurs de la croissance industrielle ; celle-ci est beaucoup plus rapide qu'ailleurs, en partie à cause d'une densité rurale très forte et des revenus très faibles des paysans qui les poussent à aller rechercher vers les usines de nouvelles conditions de travail.
    L'industrie française s'est donc renouvelée depuis la fin de l'Ancien Régime, mais les secteurs de pointe tels que la chimie n'emploient encore qu'un nombre limité d'ouvriers. Pourtant le milieu des ouvriers de manufacture est alors un monde en plein développement, même si ses effectifs restent réduits, puisque l'on estime à environ cinq cent mille le nombre des ouvriers d'usine dans la France impériale. C'est surtout dans le secteur textile que s'opère cette concentration. De très grandes filatures de coton sont ainsi établies dans les régions en pointe comme la Normandie, le Nord ou la région de Mulhouse. La concentration touche aussi l'ancienne industrie drapière. À Sedan par exemple, des ateliers d'une dizaine de métiers sont organisés sous la direction d'un contremaître. Dans

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