Histoire du Consulat et de l'Empire
important dans l'entourage de Napoléon. Le service de la médecine est aux mains du docteur Corvisart, chargé de la santé de Bonaparte depuis 1801 et qui dirige l'ensemble des médecins et pharmaciens des Tuileries à partir de 1804. Il devient ainsi un personnage incontournable, médecin, mais aussi confident des membres de la famille impériale. Vivant Denon règne sur les musées, après avoir accompagné Bonaparte en Égypte. Il lui revient d'organiser le Musée Napoléon, à partir d'œuvres soustraites aux pays conquis.
David, peintre officiel du régime, est également un familier des Thileries. Il y croise son collègue Isabey, professeur de dessin de Joséphine, qui reçoit en 1805 le titre de premier peintre de la chambre de l'Impératrice.
L'organisation de la Maison de l'Empereur a aussi permis d'assoc:.ier un nombre grandissant de personnages au destin de l'Empire.
A côté des grands officiers de la couronne, le nombre des chambellans, pages, écuyers et autres officiers ne cesse en effet de s'accroître. Les chambellans qui n'étaient que dix-huit en 1804 sont cent cinq en 1814. Désormais, ils assurent un roulement par trimestre.
Napoléon a choisi ce moyen pour faciliter le ralliement de l'ancienne noblesse à sa cause. La liste des noms de chambellans illustre cette politique. Le ralliement s'opère aussi par les invitations à la Cour, à l'occasion des diverses cérémonies, fêtes ou bals qui s'y donnent. Le fait d'être présenté à l'Empereur représente le stade ultime de cette agrégation au régime. Même si de nombreux nobles s'en défendirent après coup, arguant de la faiblesse de leurs sentiments à l'égard de l'Empire, et cherchant à railler la Cour impériale, il n'en demeure pas moins que l'attrait suscité par Napoléon a été puissant.
Cette Cour est nombreuse. À eux seuls, les membres des Maisons impériales représentent près de quatre cent cinqua,nte personnes, auxquels s'ajoutent les principaux dignitaires de l'Etat, invités de droit, et les personnalités politiques très souvent présentes, à l'instar des conseillers d'État, sénateurs ou membres du Corps législatif.
Cet ensemble donne à la Cour une allure très administrative ; les piliers de l'État en forment la composante principale, au moins au 194
LES INSTITUTIONS MONARCHIQUES
début de l'Empire, car, au fil des ans, la proportion des membres invités, n'occupant aucune fonction officielle, s'accroît ; ils sont cinq cent quatrevingt-cinq en 1812 contre quatrevingt-seize en 1807. Il faut bien entendu ajouter à ce nombre les diplomates et d'éventuels invités étrangers, pour la plupart ébahis par les fastes impériaux. La Cour éblouit par sa magnificence, même si certains nostalgiques de l'Ancien Régime y trouvent l'atmosphère trop compassée. La Cour comme les palais impériaux qui l'accueillent doivent renvoyer au monde l'image de la puissance de Napoléon et de la France. Sa résurrection marque aussi la fin des mœurs révolutionnaires : le tutoiement est définitivement banni et l'appellation de « Monseigneur » vient remplacer celle de « citoyen ministre ». La Cour est donc l'un des symboles les plus vivants de l'évolution monarchique du régime et de la distance prise avec la Révolution. Elle est enfin un des hauts lieux de la vie politique dans le pays, car s'y côtoient les principaux personnages de l'État, anoblis après 1808, les représentants des familles les plus illustres et les diplomates étrangers.
Elle n'est toutefois que l'un des théâtres sur lequel se déroule la mise en scène du pouvoir que Napoléon développe pour enraciner la monarchie dans le pays.
3. LE CULTE IMPÉRIAL
Napoléon a contribué à faire naître un culte à sa personne qui s'inspire du modèle fourni par le culte des empereurs romains et remontant lui-même à la tradition orientale. Ce culte a une dimension religieuse réelle. Le souverain vénéré s'apparente à une divinité. Napoléon a compris tout l'intérêt qu'il pourrait retirer de la fusion entre le christianisme dont il se fait le restaurateur et le culte impérial. Pour y parvenir, il réutilise les formes de la sacralité chrétienne et se coule dans le calendrier grégorien. Aux yeux des foules, le sacre a conféré à l'Empereur la part de divin qui pouvait lui faire défaut. Il peut désormais être assimilé aux rois d'Ancien Régime, dépositaires d'une fraction de l'autorité divine. Cette osmose entre les traditions
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