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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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chrétiennes et le culte impérial s'opère à travers la fête du 15 août. Célébrée depuis 1802, cette fête s'enrichit à partir de 1804 pour devenir véritablement jour de fête nationale en 1806. On exhume alors un saint Napoléon qui aurait été victime de persécutions sous Dioclétien. Cet anniversaire est couplé avec celui de la ratification du Concordat, comme le précise le décret du 19 février 1806, dans son article 1er : « La fête de saint Napoléon et celle du rétablissement de la religion catholique en France seront célébrées, dans toute l'étendue de l'Empire, le 15 août de chaque année, jour de l'Assomption et époque de la conclusion du Concordat. » L'année suivante, en 1807, la célébra-195
     
    LA NAISSANCE D 'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    tion du 15 août revêt un éclat particulier du fait de la paix récente, signée à Tilsit avec la Russie et la Prusse. Napoléon, présent à Paris, assiste avec Joséphine et les dignitaires de l'Empire au Te Deum donné à Notre-Dame. La ville est pavoisée : « Dans toutes les rues qu'ont suivies les cortèges de LL. MM., lit-on dans le Moniteur, les maisons étaient décorées de tentures, de devises, et une affluence considérable de citoyens exprimait par ses acclamations sa joie et son amour 10, » Le peuple est choyé : jeux et fêtes ont été organisés au long de la journée et le soir Paris est illuminé, tandis qu'un feu d'artifice, mis en scène par l'artificier Ruggieri, est tiré depuis le pont de la Concorde et qu'un concert est donné aux Thileries. L'Empereur se montre alors au balcon de son palais pour recevoir une nouvelle fois les hommages de la foule. En ce jour férié, la fête bat son plein, à Paris et aussi en province, ce qui contribue à rehausser son prestige.
    Cette commémoration permet d'asseoir encore davantage le culte impérial, en fixant un jour de fête nationale. Le choix du 15 août est justifié par la date anniversaire de Napoléon, il offre l'avantage d'associer cette fête à la célébration de l'Assomption de Marie, dont la popularité est forte. Très vite un glissement s'opère ; le saint vénéré le 15 août n'est plus le martyr hypothétique du Ille siècle, mais bien l'Empereur lui-même, accédant quasiment au statut de saint en sa qualité de restaurateur du culte et de sauveur de l'Église. Au moins jusqu'en 1809, c'est-à-dire jusqu'à la crise entre l'Empereur et le pape, l'Église catholique apporte son concours plein et entier à la glorification du souverain et se transforme en principal propagateur du culte impérial. Les membres du clergé sont ainsi invités à se muer en officiers du culte impérial.
    Reprenant, en les exacerbant, les traditions d'Ancien Régime, le gouvernement recommande au clergé de faire prier pour l'Empereur, de célébrer les grandes victoires du conquérant par le biais de Te Deum, de distiller les intentions du monarque, voire de lire au prône les bulletins de la Grande Armée. Cette collaboration des prêtres au culte en l'honneur de Napoléon trouve son apothéose dans le Catéchisme impérial, publié en 1806. Bien que son objet soit d'abord de fournir aux enfants préparant leur première communion les rudiments de la doctrine catholique, il contient tout un volet consacré au respect des autorités établies, et notamment de l'Empereur qui est nommément cité : « Les chrétiens doivent au prince qui les gouverne, et nous devons en particulier à Napoléon 1er, notre empereur, l'amour, le respect, l'obéissance, la fidélité, le service militaire, les tributs ordonnés pour la conservation, la défense de l'Empire et de son trône ; nous lui devons encore des prières ferventes pour son salut et pour la prospérité spirituelle et temporelle de l'État. » La divinisation du souverain de son vivant est en marche. Elle s'appuie elle aussi sur le modèle antique, comme le prouvent plusieurs exemples.

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    LES INSTITUTIONS MONARCHIQUES
    À côté du 15 août, Napoléon érige, également en 1806, une autre fête nationale. Il décide en effet que « le premier dimanche du mois de décembre dans toute l'étendue de l'Empire serait commémoré l'anniversaire de son couronnement et celui de la bataille d'Austerlitz », c'est-à-dire le 2 décembre qui accède ainsi, de façon très officielle, au statut de journée nationale. Les fêtes de la Révolution sont définitivement gommées, sinon oubliées : le 15 août et le 2 décembre supplantent le 14

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