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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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dans le message qu'il a adressé au Directoire, depuis Aix, le 10 octobre. Après avoir raconté comment il avait appris l'état de la France par l'intermédiaire des journaux anglais, il se contente d'écrire : « Je n'ai pas pensé devoir calculer les dangers ; je devais me trouver où ma présence pouvait être le plus utile 9 », Bonaparte suggérant ainsi qu'il ne pouvait espérer grand-chose d'un séjour prolongé en Égypte.
    Bonaparte arrive à Paris le 16 octobre 1799. Il se rend le soir même chez Gohier, le président en exercice du Directoire. Le lendemain, il est reçu par les cinq directeurs et s'engage devant eux à ne tirer l'épée « que pour la défense de la République et de son gouvernement ». Le Directoire, divisé, se refuse à prendre quelque sanction que ce soit. Dès lors, Bonaparte a les mains libres pour tenter d'imposer ses choix au pays, ce que Fouché, dans ses Mémoires, traduit en ces termes : « Se voyant accueilli et recherché par les gouvernants eux-mêmes, Bonaparte, bien résolu de s'emparer de l'autorité, se crut sûr de son fait 10. » Fouché ajoute cependant que rien alors n'est joué. « Tout allait dépendre de l'habileté de ses manœuvres. » Autrement dit, revenu à Paris, Bonaparte bénéficie d'un large crédit dans l'opinion, mais il lui faut en retirer rapidement les dividendes. C'est ce qu'il cherche à faire en organisant immédiatement un complot pour prendre le pouvoir.
    2. LA PRÉPARATION DU COMPLOT
    L'histoire traditionnelle présente le 18-Brumaire comme un coup d'État parlementaire préparé par Sieyès et dont Bonaparte n'aurait été que le bras armé, avant de prendre les événements à son compte. Certains historiens avancent même l'idée que Sieyès aurait cherché à rappeler Bonaparte d'Égypte, pour lui confier la direction des opérations militaires au sein de la conjuration. Cette, thèse minimise le rôle de Bonaparte dans la décision du coup d'Etat, le cantonnant dans un simple rôle d'exécutant d'une action illégale certes, mais voulue par le plus grand nombre. En réalité, toute la stratégie de Bonaparte, depuis son débarquement, vise à apparaître comme le seul recours possible
    remettre de l'ordre en France. De ce
    point de vue, le coup
    se prépare avant le 18 brumaire. En se
    déplaçant sans cesse accompagné d'une escorte de généraux et de soldats, Bonaparte veut imposer l'idée que seule l'armée peut reprendre les choses en main. Ensuite seulement, il se tourne vers Sieyès et accepte de suivre son plan, mais avant tout pour le contrôler et obtenir le soutien de ses amis révisionnistes. Ce n'est donc pas 35
     
    LA RÉPUBLIQUE CONSULAIRE (1799-1804)
    Bonaparte qui sert de bras armé à Sieyès, mais bien Sieyès qui est la caution parlementaire du général. Il suffit de reprendre la chronologie des événements pour s'en convaincre.
    A son arrivée à Paris, Bonaparte évite soigneusement de rencontrer Sieyès en privé, bien qu'il sache tout de ses projets, en particulier par l'entremise de son frère Lucien, une des pièces maîtresses du complot orchestré par Sieyès. Cette prise de distance s'explique assez aisément par la réputation qui entoure l'ancien abbé, soup
    çonné de s'être rapproché des monarchistes et qui subit, pour cette raison, une forte campagne de dénigrement dans la presse jacobine.
    Or, à la fin du mois d'octobre, Bonaparte n'a pas complètement chassé de son esprit l'idée d'une alliance avec les jacobins dont il a encore quelque mal à mesurer l'exacte influence dans le pays et surtout dans les assemblées. Ses contacts fréquents avec Gohier, l'un des représentants des jacobins au Directoire, montrent son souci de ne pas se couper de cette partie de l'opinion. De même, la rencontre que Joseph Bonaparte a organisée, le 29 octobre, dans sa propriété de Mortefontaine, entre son frère Napoléon et son beaufrère Bernadotte, un des généraux jacobins, indique la volonté de Bonaparte sinon de s'entendre avec les jacobins, au moins de sonder leurs intentions. Au soir du 30 octobre, son opinion est faite. Il sait que les jacobins ne sont pas prêts à faciliter son accession au pouvoir, mais il a aussi compris que leur poids était moins grand qu'il ne le pensait. Il se tourne donc sans hésiter vers les révisionnistes et accepte de rencontrer Sieyès, le 1er novembre.
    Cette rencontre qui a lieu chez Lucien Bonaparte est toutefois l'aboutissement d'un processus préparé de longue
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