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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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parti républicain ; il formait l'opposition, c'était son rôle. Benjamin Constant était un de ses chefs, et le salon de Mme de Staël en était le foyer 7. » C'est ce parti qui réussit à porter à la présidence du Tribunat Andrieux, un des Idéologues proches de Mme de Staël. En 1800, il est encore fluctuant ; ses effectifs oscillent entre vingt et quarante, ce qui ne lui permet pas de peser efficacement et avec constance sur la vie politique.
    L'opposition parlementaire a bien compris que ses chances de barrer la route à la toute-puissance napoléonienne, au sein des assemblées, étaient faibles. Il lui reste donc à envisager le remplacement de Bonaparte. Le lancement de la seconde campagne d'Italie 61
     
    LA RÉPUBLIQUE CONSULAIRE (1799-1804)
    en avril 1800 en offre une occasion inespérée. Après avoir entamé la pacification et la réorganisation du pays, Bonaparte sait qu'il joue sa crédibilité sur sa capacité à restaurer la paix à l'extérieur. Encore lui faut-il au préalable rétablir la situation d'une France encerclée, et donc redevenir le général victorieux que les Français ont plébiscité.
    Six mois après sa prise de pouvoir, le Premier consul doit vaincre pour survivre politiquement. Il ne peut se dérober à cette charge et confier les armées à un autre général, au risque de voir se dresser devant lui un rival couvert des lauriers qu'il n'aurait pas su cueillir sur les champs de bataille. En choisissant de se mettre en personne à la tête de ses armées, Bonaparte affirme à la face de l'Europe qu'il entend être à la fois chef d'État et chef de guerre. Il ne dérogera pas à cette politique durant tout son règne. En cela, la décision de partir pour l'Italie au printemps de 1800 est capitale.
    Pour ses adversaires, ce choix est aléatoire et beaucoup pensent qu'il n'en reviendra pas victorieux. « Ses ennemis, et leur nombre augmentait tous les jours, espéraient des revers et se flattaient que des défaites lui arracheraient le pouvoir ; mais ils attendaient en silence l'issue de la campagne », écrit Miot de Mélito, un proche de Joseph Bonaparte, devenu conseiller d'État 8. Les armes pour abattre le Premier consul se fourbissent dans le secret des réunions et des complots. Dans l'entourage de Sieyès, on s'agite déjà pour trouver un remplaçant à Bonaparte. On songe à Carnot, organisateur de la victoire en 1793, et alors ministre de la Guerre, victime du coup d'État antiroyaliste de Fructidor et pourtant républicain intransigeant. D'autres relancent l'idée d'une solution orléaniste, qui consisterait à confier le trône au duc d'Orléans, le fils de Philippe Égalité, autrement dit le futur Louis-Philippe. Mais l'attachement à la République est alors trop fort pour que cette solution soit envisagée sérieusement. Plusieurs groupes se préoccupent de ce changement. Les uns se réunissent à Auteuil chez un restaurateur du nom de Brigault. Ce sont pour la plupart des proches de Sieyès qui ont approuvé le coup d'État, mais sont déçus du tour pris par le Consulat. Ces « brumairiens mécontents », pour reprendre le mot de Roederer, n'ont cependant échafaudé aucun plan visant à abattre Bonaparte ; ils se contentent d'attendre sa perte, tout comme un autre groupe d'anciens brumairiens, pour la plupart membres du groupe des Idéologues, tels Cabanis ou Garat. Ceux-ci se retrouvent chez un restaurateur de la rue du Bac, on les côtoie aussi dans le salon de Mme de Staël, autre foyer de cette opposition diffuse qui se constitue au moment de la campagne d'Italie. Miot de Mélito participe à ces réunions, le 3 de chaque décadi, et évoque le projet d'une constitution calqué sur le modèle anglais, de même que l'éventualité de choisir Joseph Bonaparte comme successeur de son frère 9.
    Sans doute est-ce dans les rangs du gouvernement que les plans de rechange sont les plus avancés. Les traces sont peu nombreuses, 62
     

    LA MISE EN PLACE DU CONSULAT
    car les intéressés ne se sont pas vantés de leur participation à de tels projets, mais il n'est pas improbable que les deux ministres de la Police et des Relations extérieures, Fouché et Talleyrand, aient comploté pour remplacer Bonaparte. La nouvelle, erronée, d'une
    , défaite du général à Marengo parvient à Paris le 20 juin. Talleyrand confirme dans ses Mémoires que le sort fut incertain, évoquant une
    « bataille à la fin de laquelle la fortune aidée par le général Desaix et le

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