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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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général Kellermann, se déclare pour lui, quand lui-même ne l'espérait plus ». Et le ministre poursuit : « Averti par les craintes qu'il avait eues d'une défaite, il sut alors profiter de la victoire sans en abuser 10, » Talleyrand confirme, sans se découvrir, la fragilité du pouvoir de Bonaparte en ce printemps de 1800. La nature de ses relations avec Fouché, voire avec d'autres ministres, tels Carnot, ministre de la Guerre, ou encore Cambacérès, reste obscure. S'eston contenté, dans les milieux gouvernementaux, d'évoquer comme une hypothèse d'école, la disparition de Bonaparte, ou l'a-t-on espérée ? Pour le chef de l'agence royaliste en France, Hyde de Neuville, qui souhaitait lui aussi une défaite de Bonaparte, le complot fomenté par Fouché et Talleyrand a existé : « Il est hors de doute, écrit-il dans ses Mémoires, que l'absence du général Bonaparte, lorsqu'il partit pour l'Italie, et surtout les bruits fâcheux qui précédèrent le triomphe de Marengo, avaient réveillé beaucoup d'ambitieux et suscité plus d'une intrigue dans le sein même du gouvernement. Plusieurs parmi ses membres se préparaient pour l'éventualité d'une défaite qui eût arraché le pouvoir des mains de Bonaparte vaincu. Les deux ministres que je viens de nommer étaient bien décidés à ne se dévouer à lui que dans la mesure de ses succès 1 1 . » Le fait est que, six mois après les débuts du Consulat, tous les retournements sont possibles. Les liens tissés au temps des assemblées révolutionnaires, voire auparavant, restent forts. Ainsi Daunou, un des principaux opposants à Bonaparte, est un ancien oratorien comme Fouché. Quant au sénateur Clément de Ris, il est un ami de Sieyès et aurait pu tremper dans le complot, ce qui expliquerait son enlèvement quelque temps plus tard. En commanditant ce rapt, Fouché aurait cherché à effacer les traces du complot, avant de faire libérer Clément de Ris, le danger écarté. Quoi qu'il en soit de ces manigances, elles se heurtent à l'imparable que représente la victoire de Bonaparte à Marengo. Celle-ci marque « le baptême de la puissance personnelle de Napoléon ». L'expression est de Hyde de Neuville, adversaire acharné du Premier consul, mais observateur lucide des soubresauts de la vie politique française. Revenu victorieux d'Italie, Bonaparte peut s'atteler à poursuivre la réforme de la France, mise en chantier dès la fin de 1799. Il lui reste aussi à conclure la paix, car, comme le rappelle Talleyrand, Bonaparte a compris que la consolidation de son pouvoir passait par une paix au moins momentanée avec ses voisins.
    La victoire de Marengo consolide incontestablement le pouvoir 63
     
    LA RÉPUBLIQUE CONSULAIRE (1799-1804)
    de Bonaparte : « Jamais l'orgueil national n'avait été plus flatté, jamais plus d'espérance de bonheur n'avait pénétré dans les âmes et jamais la nation ne s'était montrée plus disposée à la reconnaissance envers l'homme à qui elle devait tant de gloire et dont elle attendait alors, comme le plus grand des bienfaits, la paix, une paix solide, donnée par la victoire 12. » Fort de ce soutien populaire, Bonaparte peut reprendre le chantier des réformes engagé au lendemain du 18-Brumaire.
     

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    Le chantier des réformes
    « Le 18-Brumaire fut une délivrance, et les quatre années qui le suivirent furent une série de triomphes audehors sur les ennemis ; au-dedans sur les principes du désordre et sur l'anarchie. Ces quatre années sont avec les dix années du règne d'Henri IV la meilleure, la plus noble partie de l'histoire de France 1. » L'auteur de ces lignes s'appelle Victor de Broglie. Né en 1785, il est adolescent au début du Consulat, mais ses origines familiales, son mariage avec la fille de Germaine de Staël et son appartenance au milieu libéral ne font pas de lui un thuriféraire du régime bonapartiste. Son jugement n'en est que plus intéressant. Il révèle combien l'impression de changement fut grande chez les contemporains, au moins sous le Consulat.
    C'est, en effet, dans les premières années du règne de Napoléon Bonaparte, les moins guerrières du régime, que l'essentiel des réformes a été accompli.

1. L'ORDRE ET LA PAIX
    Révoltes chouannes dans l'Ouest, poches de résistance royalistes dans le Sud, brigandage endémique sur une bonne partie du territoire font de la France un pays peu sûr, à la fin de 1799. On hésite à s'y déplacer et à y faire du commerce, ce

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