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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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clairement définie ont contribué à leur échec qui s'explique aussi par une très forte répression de la part du pouvoir.

1. LA LIQUIDATION DU JACOBINISME
    Les jacobins avaient profité de la crise politique de la fin du Directoire pour refaire surface et apparaître comme les ,principaux adversaires des révisionnistes au moment du coup d'Etat du 18 brumaire. Leur résistance au Conseil des Cinq-Cents avait manqué faire échouer le complot, si bien qu'ils furent particulièrement visés par, la répression qui s'abattit sur les députés au lendemain du coup d'Etat. Dix-neuf d'entre eux furent emprisonnés tandis que trente-six autres étaient bannis. Certains échappent à ces mesures, à la suite d'interventions de notables du nouveau régime : Joseph Bonaparte s'attribue ainsi l'initiative d'avoir soustrait à cette mesure Jourdan, Bernadotte et Saliceti. Quelques jours plus tard, le 17 novembre, Fouché dressa une liste de trente-huit proscrits, condamnés à la déportation en Guyane, parmi lesquels quatre anciens députés, Destrem, Aréna, Marquesy et Truc, tandis que vingt-trois autres étaient assignés à résidence dans le département de Charente-Inférieure. La mesure fut rapportée pour la plupart des intéressés, mais la menace d'une arrestation policière planait en permanence sur les jacobins. Certains acceptèrent du reste de se 86
     
    LA LUTfE CONTRE LES OPPOSITIONS
    rallier, à l'image du député de la Lys, Beyts, auquel Bonaparte écrivit : « Ralliez-vous tous à la masse du peuple. Le simple titre de citoyen français vaut bien, sans doute celui de royaliste, de clichyen, de jacobin, de feuillant et ces mille et une dénominations qu'enfante l'esprit de faction et qui, depuis dix ans, tendent à précipiter la nation dans un abîme d'où il est temps enfin qu'elle soit tirée pour toujours. » Beyts fut peu après nommé préfet du Loir-et-Cher. De même, Moreau de Worms que Bourrienne avait soustrait à la liste de proscription obtint, après son ralliement, une place de commissaire au Conseil des prises. Plus généralement, Bonaparte puisa dans ce réservoir que constituaient les anciens jacobins pour former les cadres de la nation. Cette politique de ralliement est au cœur de la stratégie bonapartiste de réconciliation des partis. Elle déroute certains observateurs, par exemple Talleyrand relatant dans ses Mémoires un propos de Bonaparte distinguant parmi les jacobins les ralliés et les irréductibles :
    « Je me rappelle qu'un jour où je parus étonné de voir sortir du cabinet du Premier consul un des jacobins les plus déhontés de la Révolution, il me dit : " Vous ne connaissez pas les jacobins. Il y en a deux espèces : des sucrés et des salés. Celui que vous venez de voir est un jacobin salé. De ceux-là, je fais ce que je veux. Il n'y a personne de meilleur à employer pour soutenir toutes les hardiesses d'un pouvoir nouveau. Quelquefois il faut les arrêter, mais avec un peu d'argent, c'est bientôt fait. Mais les jacobins sucrés ! Ah ! ceuxlà sont indécrottables ! Avec leur métaphysique, ils perdraient vingt gouvernements l ". »
    Une fraction des jacobins refusa cependant de se rallier, sans pour autant mener une opposition systématique au nouveau régime. De toute manière, les mesures prises contre la presse, en janvier 1800, les privaient de toute tribune. Aucun journal véritablement jacobin ne figurait sur la liste des treize journaux parisiens autorisés à paraître et le Journal des hommes libres, dont la rédaction avait été confiée par Fouché à Méhée de la Touche, naguère impliqué dans les massacres de Septembre, fut à son tour supprimé pour avoir tenu des propos trop imprégnés d'esprit révolutionnaire. En province, les principaux titres jacobins sont également supprimés. Privés de tribune, les jacobins apparaissent aussi isolés et sans soutien véritable dans le pays. Les clubs de province n'avaient pas bougé après le 18-Brumaire. Ils ne pouvaient donc espérer le salut d'un sursaut national. A Paris, même le faubourg Saint-Antoine, haut lieu de la résistance populaire aux tentatives de réaction pendant la décennie révolutionnaire, resta étonnamment , calme. Seule une poignée de jacobins tenta de résister au coup d'Etat. Mais ils ne furent pas suivis par la population. En outre, ces révolutionnaires professionnels étaient particulièrement bien surveillés par la police de Fouché qui les connaissait tous. Parmi

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