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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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espère avoir suffisamment effrayés par ses mesures de rétorsion pour qu'ils se tiennent tranquilles. Il est vrai qu'à côté des jacobins irréductibles, prêts à tout pour éliminer Bonaparte, d'autres marquent une plus grande modération, à l'image de l'ancien conventionnel Levasseur qui déplore l'attentat de la rue Saint-Nicaise, tout en rappelant son opposition au Premier consul : « Ennemi par principe de Napoléon, je fus révolté de l'atrocité de l'entreprise, et certes il faut avouer que, dans nos jours les plus calamiteux, les plus sombres terroristes n'ont jamais rien trouvé qui approchât de la machine infernale :1. »
    Levasseur, présent à Paris lors de l'attentat, regagne peu après Le Mans, sur les conseils déguisés de Fouché, son ancien collègue à la Convention. Le ministre de la Police a en effet cherché à protéger 90
     
    LA LUTTE CONTRE LES OPPOSITIONS
    certains de ses amis jacobins, ce qui ne l'empêche pas de signer, sous la pression de Bonaparte, le texte prévoyant la déportation des meneurs jacobins. L'affaire fut rondement menée, puisque, avant même la fin de l'enquête, le Premier consul avait fait dresser une liste de cent trente jacobins. Mais Bonaparte rencontra des difficultés inattendues lorsqu'il voulut faire entériner sa décision. Le Conseil d'État auquel le projet avait été soumis pour examen émit de sérieuses réserves face à une loi qui rétablissait une forme d'arbitraire dans le pays. Plusieurs conseillers, parmi lesquels Thibaudeau et Roederer, déconseillèrent de la présenter aux assemblées où elle risquait d'être repoussée. Ces réserves conduisirent Bonaparte à consulter le Sénat, gardien de la Constitution, afin qu'il sanctionne avant même son application le caractère constitutionnel de la loi en préparation. Le gouvernement, encore incertain de son pouvoir, ne voulait pas prendre le risque, en janvier 1801 , de voir un de ses actes jugé inconstitutionnel par le Sénat, d'où le choix de lui déférer le projet de déportation. Le Sénat l'approuva sans difficulté, malgré la protestation vive de Lanjuinais et les critiques, de quelques Idéologues, notamment Cabanis, Garat et Volney. A cette occasion, le Sénat gagna en pouvoir, puisqu'il se vit reconnaître le droit de légiférer, ce que la Constitution n'avait pas prévu. Surtout le sénatusconsulte du 3 nivôse an IX évite d'avoir à demander son avis au Tribunat et au Corps législatif où l'opposition aurait pu regrouper une majorité sur cette question touchant à l'arbitraire.
    Ce sénatusconsulte prévoit donc la déportation de cent trente jacobins. Parmi eux figurent notamment Destrem, Fournier l'Américain, Hesse et Félix Lepelletier. Douze provenaient du faubourg Saint
    Antoine. C'est le cas de Jean-Martin Vacret, un marchand bonnetier du quartier Sainte-Marguerite, qui fut arrêté et déporté aux îles Seychelles où il devait rester jusqu'en 181 1 . Il représente l'archétype du jacobin dénoncé par Bonaparte. Sans-culotte en 1793, il a passé cinq mois en prison après la chute de Robespierre, avant de participer à la Conjuration des Égaux dirigée par Gracchus Babeuf. C'est donc un révolutionnaire pur et dur qui paie en 1801 son long passé de jacobin. Avec lui, neuf autres jacobins du faubourg Saint
    Antoine sont déportés. Seuls deux des douze proscrits y échappent, l'un Humblet parce qu'il parvient à se cacher dans son quartier, l'autre Tissot parce que certains de ses amis intercèdent en sa faveur, ce qui ne l'empêche pas d'être surveillé pendant toute la période de l'Empire. L'exemple du faubourg Saint-Antoine montre comment le mouvement jacobin a été éradiqué. Le gouvernement a visé ses dirigeants et a ainsi terrorisé une base désormais incapable de s'organiser. Certes, après janvier 1801, les opinions jacobines continuent à être professées, mais elles le sont dans la plus extrême discrétion, tant les lieux publics, les cafés en particulier, sont soumis à une surveillance policière sévère.
    L'armée conserve cependant des foyers de jacobinisme. Depuis 91
     

    LA RÉPUBLIQUE CONSULAIRE (1799-1804)
    1792, elle avait été l'ardent propagateur des idées révolutionnaires.
    Après la prise du pouvoir par Bonaparte, les militaires se sont majoritairement ralliés au Premier consul, d'autant mieux qu'il mettait fin à l'instabilité politique. Mais des résistances demeurent, même si tout est fait pour les camoufler, par

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