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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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village d'Auteuil, à l'ouest de Paris, 94
     

    LA LUITE CONTRE LES OPPOSITIONS
    devient ainsi, au début du Consulat, l'un des hauts lieux de l'Idéologie. On parle alors de la Société d'Auteuil.
    Les idéologues se retrouvent également très nombreux au sein de l'Institut, fondé en 1795 et alors divisé en trois classes. Cabanis, Destutt de Tracy, Ginguené et Volney appartiennent à la classe des sciences morales et politiques, alors la plus influente, tandis que Andrieux et Chénier siègent dans la classe des lettres. Ce lieu d'échange et de confrontation des idées survit quelque temps à la mainmise de Bonaparte sur le pays. Mais, en 1803, lassé des débats qui se déroulent au sein de l'Institut, notamment à l'intérieur de la classe des sciences morales et politiques, le Premier consul décide de le réformer. La classe des sciences morales disparaît et ses membres sont répartis dans les quatre nouvelles classes : sciences, langue et littérature françaises, histoire et littérature anciennes, beaux-arts. Cette réforme contribue à briser un peu plus l'unité du groupe des Idéologues, d'autant que ces derniers avaient vu leur principale tribune perdre de son influence.
    Depuis sa fondation, en effet, les travaux de l'Institut étaient relayés par la Décade philosophique, littéraire et politique, journal qui peut être considéré comme l'organe officieux des Idéologues.
    Lancée par Ginguené en 1794, la Décade appartient à six actionnaires qui sont, outre Ginguené, Amaury Duval, Le Breton, Andrieux, Toscan et Jean-Baptiste Say. Ce dernier en est en fait le principal rédacteur. La vocation de ce journal est double ; il se veut un outil de vulgarisation des travaux scientifiques débattus à l'Institut, en même temps qu'un organe politique, attentif aux affaires de la cité. Mais cette dimension tend à s'atténuer après le coup d'État du 18 brumaire et, surtout, après l'épuration de la presse en janvier 1800. La Décade est alors invitée à modérer ses ardeurs polémistes, ce qui ne l'empêche pas d'égratigner les royalistes ou de critiquer le retour en force du catholicisme dans le pays. Ainsi en 1802, Ginguené s'en prend, dans la Décade, à la publication du Génie du christianisme de Chateaubriand. De plus en plus en butte aux critiques du gouvernement qui lui reproche de trop s'attacher aux luttes du passé, le journal connaît une première transformation en 1804. Il abandonne alors un nom aux accents révolutionnaires pour devenir la Revue philosophique. L'Empire installé, les Idéologues, républicains et libéraux, sont contraints au silence.
    La censure s'est aussi abattue sur l'autre groupe marquant du libéralisme, constitué autour de Germaine de Staël et de Benjamin Constant. Même si des liens existent avec les Idéologues, les deux groupes ne peuvent être confondus, ni sur le plan des hommes, ni tout à fait sur le plan des idées. C'est dans son salon parisien que Germaine de Staël réunit, dès la fin du Directoire, une partie de l'élite intellectuelle et politique du pays. La fille de Necker, mariée en 1786, à vingt ans, au baron de Staël-Holstein, ambassadeur de Suède à Paris, s'est passionnée pour la Révolution de 1789, avant 95
     

    LA RÉPUBLIQUE CONSULAIRE (1799-1804)
    de quitter Paris pour Coppet en 1792. C'est en 1794 qu'elle rencontre Benjamin Constant, d'un an son cadet - il est né en 1767 à Lausanne
    -, avec qui elle retourne à Paris en 1795. L'un et l'autre partagent la même adhésion au régime républicain et la même exécration du jacobinisme, ce qui les conduit à se rapprocher des révisionnistes et à soutenir le coup d'État du 18 brumaire. Constant obtient alors une place au Tribunat, tandis que le salon de Mme de Staël s'enorgueillit d'accueillir les principaux dirigeants du moment : Talleyrand, Roederer, Regnaud de Saint-Jean-d'Angély, mais aussi Lucien et Joseph Bonaparte. Le discours de Constant au Tribunat, le 5 janvier 1800, provoque la première rupture avec Bonaparte et la désertion de son salon : « Le lendemain du jour où l'humeur de Bonaparte éclata contre moi, il gronda publiquement son frère aîné, Joseph Bonaparte, sur ce qu'il venait dans ma maison. Joseph se crut obligé de n'y pas mettre les pieds pendant trois mois et son exemple fut le signal que suivirent les trois quarts des personnes que je connaissais 5. » Le différend s'apaise toutefois, la publication en avril 1800 de De la littérature

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