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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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fois en 1804, comme le remarque Mme de Staël : « Le 14 juillet fut encore fêté cette année 1804, parce que, disait-on, l'Empire consacrait tous les bienfaits de la Révolution. » Ensuite, Napoléon, qui s'était proclamé fils de la Révolution, en oublie les racines. Pourtant la République est toujours le régime officiel de la France, comme le rappellent la Constitution de l'an XII ou le maintien, jusqu'au 1er janvier 1806, du 151
     

    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    calendrier républicain, voire la persistance jusqu'en 1809, sur les monnaies, des références à la République. Ce vocable s'entend désormais dans le sens latin de Res publica, et désigne donc plutôt l'État que la forme du régime. La lente disparition du terme de République n'en révèle pas moins les ambiguïtés d'un régime qui se refuse à briser net ses racines révolutionnaires.
    Pourtant, l'Empire se dote de ses propres attributs. Il ne remet pas en cause le drapeau tricolore qui, depuis l'Italie, a conduit les armées de Bonaparte à la victoire. Les trois couleurs symbolisent la continuité de la Révolution, prise dans son ensemble, que ce drapeau était déjà l'emblème de la monarchie constitutionnelle - il le redeviendra en 1830, après avoir été abandonné par la Restauration au profit du drapeau blanc. En revanche, la Marseillaise, hymne national et révolutionnaire, est délaissée dès 1800. Son chant ne résonne plus dans les cérémonies officielles, pas plus que sur les champs de bataille, sauf de manière sporadique pendant la retraite de Russie. Mais la Marseillaise n'a pas la même signification que le drapeau tricolore. Lancée en 1792, au moment où le territoire est menacé par les armées étrangères, elle est certes un chant guerrier, mais son histoire est surtout associée à la journée du 10 août 1792 et donc à la chute de la monarchie. En cela, elle est le symbole de la République et l'incarnation de la Révolution jacobine. Elle ne peut donc prétendre à la dimension consensuelle du drapeau tricolore et à la réunion de tous les Français derrière ses vers. Le destin de son auteur, Rouget de l'Isle, est associé au déclin de la Marseillaise.
    Bonaparte lui passe commande d'un nouveau chant, mais ce dernier, le Chant des combats, composé en janvier 1800, n'a aucun succès. Rouget, resté républicain, se prononce ensuite contre le consulat à vie, puis contre l'établissement de l'Empire, et végète sous la surveillance constante de la police. L'Empire n'a donc pas de chant officiel, même si un autre chant composé à l'époque de la Révolution en tient lieu. Les paroles de Veillons au salut de l'Empire, qui sert d'hymne au nouveau régime, ont en effet été rédigées par un chirurgien-chef de l'armée du Rhin, Roy, en 1791, c'est-à-dire au temps de la monarchie constitutionnelle. Elles résonnent curieusement aux oreilles des victimes de l'arbitraire napoléonien : Veillons au salut de l'Empire !
    Veillons au maintien de nos droits !
    Conspirons la perte des rois !
    Liberté ! Liberté ! Que tout mortel te rende hommage !
    Tremblez, Tremblez tyrans ! Il faut expier vos forfaits !
    Plutôt la mort que l'esclavage !
    En se réappropriant ce chant révolutionnaire qui date des premiers temps de la Révolution - ceux de l'esprit de 1789 -
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    L'ANNÉE DU SACRE
    Napoléon confirme son souci de paraître défendre les droits de l'homme : l'égalité, la liberté, la lutte contre la féodalité.
    Au chant et au drapeau, le nouveau régime ajoute d'autres symboles, notamment l'aigle et l'abeille. Quelles armoiries choisir en effet pour représenter l'Empire ? Le Conseil d'État se penche sur cette épineuse question, en juin 1804. Parmi les symboles animaliers sont tour à tour examinés le coq, le lion et l'éléphant. Finalement le coq semble emporter l'adhésion. Pour les conseillers d'État, lecteurs assidus de César, il est la marque de l'antique peuple des Gaules. Ce symbole ne sied pas à Napoléon : « Le coq est de basse-cour, c'est un animal trop faible », s'exc1ame-t-il. Finalement l'aigle est choisi. Il est une réminiscence des traditions romaine et carolingienne et ancre l'Empire au sein des grandes monarchies européennes, puisque la Prusse et l'Autriche utilisent déjà ce symbole. L'aigle au repos est choisi pour omer la hampe des drapeaux. En, revanche, sur le sceau impérial, l'aigle aura les ailes éployées. A l'emblème guerrier, Napoléon adjoint un

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