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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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symbole plus pacifique, l'abeill�, mise en avant par Cambacérès et défendue au sein du Conseil d'Etat par Lacuée pour qui elle représente à la fois « l'aiguillon et le miel ». Insecte industrieux, modèle de discipline et d'obéissance au pouvoir souverain, l'abeille incarne l'autre versant de l'Empire naissant, à savoir la reconstruction de l'État et de la société. Elle est aussi une référence à la dynastie mérovingienne à laquelle Napoléon entend ainsi se rattacher symboliquement. Les abeilles seront partout présentes, sur le manteau du sacre où leur figuration les fait ressembler à des fleurs de lys, comme sur les tapisseries ou le mobilier des palais impériaux.
    Par ces symboles, le régime est donc identifiable. Ils marquent tout à la fois une volonté de rupture et de continuité avec la Révolution, en même temps qu'un souci d'enracinement dans la tradition monarchique du pays. Ce point est très important dans la formation de l'Empire napoléonien. Il explique le sacre, mais plus généralement la reconstruction d'un passé dans lequel sont recherchés les signes auxquels l'Empire puisse se rattacher. La référence à l'Empire romain, et plus généralement aux empires orientaux, est fréquente : Alexandre et César restent les deux modèles auxquels s'identifie Napoléon, d'autant plus qu'ils sont des fondateurs d'empire. Alexandre le Conquérant se survit au travers de ses lieutenants, qui mettent en place les monarchies hellénistiques. César, même s'il n'en prend pas le titre, est le premier des empereurs romains, celui qui déjà fait la synthèse entre la République et l'Empire. Il est aussi le seul auquel Napoléon se réfère, car ses successeurs sont marqués du sceau de la décadence. Il se refuse donc à être désigné par les noms d'Auguste ou de Germanicus : « Auguste n'a eu que la bataille d'Actium. Germanicus a pu intéresser les Romains par ses malheurs, mais il n'a illustré sa vie que par des souvenirs très médiocres », écrit ainsi Napoléon en 1809 alors que l'Institut se propose de lui donner l'un ou l'autre de ces deux noms, 153
     
    LA NAISSANCE D 'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    et Napoléon ajoute : « Le seul homme, et il n'était pas empereur, qui s'illustra par son caractère et par tant d'illustres actions, c'est César. »
    Il refuse également ce nom, galvaudé à travers l'histoire. Cette démarcation ne l'empêche pas de considérer la Rome des empereurs comme un modèle d'inspiration.
    Napoléon se veut héritier de cet Empire qui a façonné l'Occident du leT au IV" siècle et qui s'est prolongé ensuite dans l'Empire carolingien, c'est pourquoi il attache une si grande importance à la figure de Charlemagne dont il s'inspire au moment de son couronnement. Il se rend ainsi à Aix-la-Chapelle en septembre 1804 et se recueille devant ses reliques. L'idée d'un sacre célébré par le pape renvoie aussi au précédent de 800 et la figure de Charlemagne est associée au déroulement de la cérémonie ; elle accueille ainsi les spectateurs venus assister au sacre de Napoléon à Notre-Dame, tandis que plusieurs des ornements du sacre sont copiés sur le modèle carolingien. L'Empire naissant s'appuie sur le thème de la translatio imperii, très fortement ancré dans les esprits au Moyen Âge et selon lequel la puissance impériale serait passée des souverains orientaux aux empereurs romains puis aux empereurs carolingiens. Napoléon se proclame l'héritier de cette tradition, d'autant mieux que le Saint-Empire romain germanique qui revendiquait cet héritage a succombé.
    Au-delà de la transmission de la puissance impériale depuis l'Antiquité, Napoléon s'attache aussi à favoriser l'enracinement de son pouvoir dans la tradition monarchique française. Il développe de ce fait l'idée d'une quatrième dynastie appelée à gouverner la France.
    Dans cette perspective, les Napoléon succèdent aux Mérovingiens, aux Carolingiens et aux Capétiens. L'objectif de cette reconstruction du passé monarchique vise à rappeler que la royauté des Bourbons n'était pas immuable, qu'elle n'était ni première ni unique. Les Capétiens eux aussi avaient cherché à se rattacher aux dynasties anciennes, en particulier aux Carolingiens. Toutefois, le souvenir d'Hugues Capet reste discret dans les fastes impériaux ; il n'a pas il est vrai la trempe d'un Charlemagne, à côté duquel on retrouve, sur la façade de Notre-Dame, le 2 décembre 1804, un autre

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