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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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fondateur, Clovis, symbole d'une ébauche d'unité nationale et du lien noué entre l'Église et l'État. Le sacre de Napoléon renvoie, en effet, au souvenir du couronnement de Charlemagne, mais aussi au baptême de Clovis. Les Capétiens ne sont pas pour autant oubliés ; sans eux, la continuité dynastique serait interrompue. C'est plutôt vers le
    « grand roi », vers Louis XIV, que se tournent les regards napoléoniens. Déjà en 1800, le Premier consul faisait entrer TUrenne aux Invalides en grande pompe, honorant par là même le génie militaire de Louis XlV, en même temps qu'était célébré un symbole de la réconciliation nationale, au travers de ce protestant converti au catholicisme. À plusieurs reprises, au cours de son règne, Napoléon 154
     

    L'ANNÉE DU SACRE
    fait référence à Louis XlV, la référence s'imposant presque à l'heure du conflit avec le pape.
    Comme Louis XlV, Napoléon entend préserver son indépendance face à la papauté, voire lui imposer sa puissance. Lors de la négociation du Concordat, Bonaparte avait pris soin de se faire reconnaître les droits et prérogatives de l'ancienne couronne de France. Il se plaît ainsi à évoquer son titre de « fils aîné de l'Église », comme il le rappelle à Pie VII en janvier 1806, en se posant en défenseur du pape. « Je me suis considéré comme le protecteur du Saint-Siège et à ce titre j'ai occupé Ancône. Je me suis considéré, ainsi que mes prédécesseurs de la deuxième et de la troisième race, comme le fils aîné de l'Église, comme ayant seul l'épée pour la protéger et la mettre à l'abri d'être souillée par les Grecs et les musulmans. )}
    Napoléon songe à Charlemagne, référence omniprésente dans son discours, mais aussi aux rois capétiens partis en croisade à l'image de Philippe Auguste et Saint Louis, auxquels il souhaite implicitement qu'on le compare lorsqu'il fait mettre en scène par les peintres ses hauts faits en Égypte et en Palestine.
    La référence à Hugues Capet est, on l'a dit, plus rare et moins glorieuse. Elle sert cependant à légitimer par un autre biais le pouvoir de Napoléon. Dans le « Manuscrit de l'île d'Elbe », reproduit par Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène, à la date de 1816, on peut lire en effet : « Hugues Capet monta sur le trône par le choix du parlement, composé des seigneurs et des évêques, ce qui formait alors la nation », et un peu plus loin : « Aucun prince ne monta sur le trône avec des droits plus légitimes que Napoléon. Le trône fut déféré à Hugues Capet par quelques évêques et quelques nobles ; le trône impérial fut donné à Napoléon par la volonté de tous les citoyens, constatée trois fois d'une manière solennelle. »
    L'allusion aux plébiscites permet à Napoléon de rappeler l'origine populaire de son pouvoir et son attachement au principe de la souveraineté nationale dont il entrevoit les prémices dans la désignation d'Hugues Capet. Les références nombreuses aux anciens rois de France, notamment Henri IV et Louis XlV, même lorsqu'il s'agit de les critiquer et de magnifier l'œuvre de l'Empire au regard de leurs difficultés, ont pour ambition d'accréditer la thèse de la perpétuation du pouvoir monarchique depuis les débuts de la nation France que Napoléon fait commencer avec Clovis. Naturellement, l'Empire n'est pas, aux yeux de Napoléon, une simple imitation de ces royautés du passé ; elle les transcende toutes, en offrant un modèle achevé de monarchie. C'est ainsi qu'il faut comprendre ces propos adressés par Napoléon à Fouché, alors que l'Empire atteint son apogée : « Nous sommes en 1809. Je pense qu'il serait utile de faire faire quelques articles, bien faits, qui comparent les malheurs qui ont affligé la France en 1709 avec la situation de l'Empire en 1809. » Le message est clair : Louis XIV était un grand roi, Napoléon est un souverain plus grand encore. L'enracinement dans 155
     

    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    le passé n'empêche pas l'Empire napoléonien de vouloir affirmer sa propre personnalité et sa propre force. Pour ce faire, le cérémonial joue un rôle décisif.

3. LE SACRE
    Le sacre du 2 décembre 1804 ne fait pas l'Empire, mais il lui apporte un lustre particulier. Napoléon a encore une fois réussi son opération de propagande. Dans tous les esprits, la date du sacre marque les vrais débuts du régime impérial. Pourtant, l'Empereur n'y attachait qu'une

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