Histoire du Japon
riches du Japon sont toutes situées dans des plaines alluviales, qui ne sont pas très étendues. Les plus vastes de ces plaines se trouvent sur la côte est (Pacifique) de l’île principale de l’archipel Honshu. Elles sont au nombre de trois. La première, la plaine du Kantö, s’ouvre sur la baie de Tokyo ; la deuxième, sur la baie d’Ise ; et la troisième, la plaine de Kinai, sur la baie d’Osaka ; elles couvrent respectivement 8 000,1000 et 800 kilomètres carrés, et renferment à elles trois les principaux centres de population. Elles ont une importance prépondérante dans l’histoire du Japon, car le développement de ses institutions sociales et politiques et la nature globale de sa culture sont dans une large mesure le produit des rivalités auxquelles a donné lieu leur possession en tant que principales régions de production alimentaire et, partant, de sources principales de richesse et de puissance. Les premières migrations des tribus qui, du sud-ouest, ont gagné le centre et l’est du Japon répondaient sans doute à une quête de bonne terre. Les sièges du pouvoir politique se sont succédé dans les centres agricoles de ces régions fertiles. Dans la lointaine antiquité, la déesse de la nourriture habitait Ise ; la plaine du Kinai 1 comprend Osaka, le grand centre commercial, et Kyoto, l’ancienne capitale ; dans la plaine du Kantô se situe Edo (l’actuelle Tokyo), dont l’importance stratégique remonte loin dans le temps, et qui, depuis 1600, est le siège principal du pouvoir féodal.
Les guerres civiles récurrentes d’avant 1600 étaient toutes par essence des luttes pour la possession de bonnes terres à riz, et la société féodale se fondait essentiellement sur les conditions de tenure de ces terres. Quoique d’autres céréales (surtout non irriguées, comme l’orge, le blé et le millet), de même que des légumes, le mûrier et le thé, se cultivent en quantités considérables là où le sol ne se prête pas à la riziculture, le riz a toujours dominé l’économie agricole du Japon. Il s’agit en partie d’une question de tradition, car le riz a été de tout temps l’aliment préféré des Japonais. Ce goût depuis longtemps fixé suffit à expliquer pourquoi l’on cultivait le riz à l’exclusion de presque toute autre céréale ; cependant, il faut ajouter que, sauf dans les régions du Nord, les conditions physiques sont favorables à sa croissance, et, dans certains endroits, en permettent même une double récolte.
La chaleur subtropicale, les abondantes pluies estivales, l’irrigation facile et le soleil ardent à la période de la maturation continuent à faire du riz la céréale dont le rendement en grains est le plus élevé par rapport à l’espace occupé. Sa culture exige un travail intensif dans des champs minuscules, ce qui n’a pas manqué d’influencer le caractère de la vie paysanne. En même temps, sa position d’aliment de base, de céréale quasi unique, a rendu l’économie agraire extrêmement vulnérable aux conditions atmosphériques exceptionnelles. Tout au long de l’histoire du Japon, des variations démographiques sont mentionnées, qui ne sont pas faciles à expliquer, mais qui paraissent entretenir an rapport direct avec la perte de récoltes de riz. De telles pertes sont régulièrement signalées jusque récemment, où la variété des cultures et la possibilité d’importer ont supprimé le danger de famine.
La rareté des autres ressources naturelles du Japon ne fait qu’augmenter l’importance des produits agricoles. Car le pays est avare en matières premières, même dans le cadre de l’industrie préexistante à l’époque des machines. Dès avant l’ère industrielle, on exploitait de modestes mines de fer, de cuivre, d’or, d’argent et de mercure ; mais dans la construction et la fabrication d’ustensiles autres que des outils tranchants, le bois des hautes terres et le bambou universel remplissaient la plupart des emplois utilitaires et ornementaux.
Ainsi, depuis la haute antiquité, le peuple japonais était accoutumé à une vie simple et frugale dans un environnement agréable à l’œil. De ce fait, on se plaît à imaginer qu’il apprit à vivre sans de multiples possessions, et que ces conditions ont engendré cet amour de la beauté naturelle et cette tradition esthétique profondément enracinée qui semblent être son héritage national.
Il a eu la chance de pouvoir
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