Histoire du Japon
déjà bien établies durant le premier siècle de notre ère, signale une caractéristique importante des rapports entre le Japon et le continent. Du côté japonais, ceux-ci étaient presque exclusivement le fait des tribus ou communautés pour qui la Corée était le plus facilement accessible. C’est ainsi que Hakata, que nous venons de mentionner, était un port d’où il était aisé d’atteindre la Corée méridionale après un voyage bref et presque direct, à l’abri des îles d’Iki et de Tsushima. Il s’agissait là de la traversée la plus courte, mais d’autres localités situées sur la côte nord du Kyushû et sur le littoral de l’île principale du Japon, face à la Corée et à la Mandchourie, avaient également l’avantage d’être à proximité du continent et de se trouver ainsi en étroit contact avec sa puissante culture.
(II faut noter que le sceau découvert à proximité de Hakata et supposé être le sceau en question n’a été trouvé qu’en 1784, et que certains savants le considèrent comme un faux. Cependant, le fait qu’il y eut relations en 57 ou environ après Jésus-Christ ne peut guère être contesté).
Il résulta naturellement de cette situation que le premier centre de pouvoir économique et politique important apparut dans l’ouest du Japon, et notamment sur l’île de Kyüshü. C’est là qu’il nous faut chercher l’origine de l’État japonais tel qu’il se développa à l’époque historique ; et il est intéressant de noter que, étant pauvre en ressources naturelles, l’île de Kyüshü n’avait guère d’autres avantages que sa position géographique. Cependant, les relations entre la Corée méridionale et le Japon occidental demeurèrent très étroites et il n’y avait alors que peu de chose qui les distinguât l’une de l’autre.
Les chroniques chinoises nous donnent une vague idée de ce qu’étaient les Japonais au premier siècle de l’ère chrétienne, lorsque des voyageurs de la Chine Han leur rendaient visite. A l’époque, la population du Kyüshü était déjà ouverte depuis un certain temps à l’influence chinoise, de sorte que les tribus que rencontraient les voyageurs étaient déjà sorties de la vie néolithique et connaissaient une organisation sociale que signalaient des différences de rang et un certain degré de discipline. D’après les textes Han, il y avait au Japon plus de cent « communautés », dont le tiers entretenaient des relations avec la Chine depuis que celle-ci avait fondé des colonies en Corée. Des chroniques chinoises plus tardives indiquent que le nombre des « communautés » diminue, et il semble que les tribus ou clans aient eu tendance à fusionner ou à se fédérer dès le premier siècle. Cette tendance ressort clairement des textes Wei, les plus sûrs et les plus détaillés des témoignages chinois sur le Japon d’alors. Ils furent compilés en 292 déjà, et constituent une description presque contemporaine de la vie japonaise au m e siècle. Durant la grande période de la dynastie Wei, qui atteignit son apogée dans le nord de la Chine entre 220 et 265, des ambassades furent envoyées du Japon au gouverneur chinois de la Corée, qui résidait aux environs de l’actuelle Séoul. Ces visites eurent lieu entre 238 et 247, et la Chine eut soin de les rendre. Les observations des visiteurs chinois furent consignées dans les registres Wei, et s’il est douteux qu’ils voyagèrent à l’intérieur du Kyüshü, ils paraissent avoir pris la peine de s’informer très sérieusement, et leurs témoignages peuvent être considérés comme exceptionnellement fidèles.
Selon leurs descriptions, le Japon comptait « trente pays » qui entretenaient avec la Chine une forme de relation de dépendance. Ces « pays » étaient de toute évidence les territoires des chefs tribaux, et ils sont décrits comme placés sous le gouvernement d’une reine. En fait, le Japon est présenté comme Pays de la Reine, et une liste énumère les pays sur lesquels elle reigne. L’identité de cette reine et l’emplacement de ces divers pays sont depuis de longues années matière à controverse parmi les savants japonais, et continuent d’alimenter les réflexions et les débats des historiens. La relation Wei situe le Pays de la Reine dans un district appelé Yamato ; or Yamato n’est pas un nom de lieu exceptionnel, et l’on s’en est servi plus tard pour désigner la région du centre
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