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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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supprimer ou de chasser les premiers occupants des régions où ils s’installèrent. Au contraire, il semble qu’il y ait eu un certain degré de fusion entre ce que nous pouvons appeler les aborigènes et les arrivants plus tardifs.
    Mais une telle harmonie, si tant est qu’elle existât, ne dura pas longtemps. En effet, durant leur séjour en Corée, les immigrants entrèrent progressivement sous l’influence d’une culture nettement supérieure à la leur, la première culture chinoise du métal, qu’il nous est possible de dater avec une certaine précision. La culture du bronze de la Chine septentrionale (qui a quelques affinités scytho-sibériennes) se répandit en Mandchourie méridionale puis en Corée vers 300 avant Jésus-Christ, et influença peu à peu la culture néolithique de la Corée. Des émigrants ou autres voyageurs, passant de la Corée sur les rivages occidentaux du Japon, commencèrent alors à introduire certains objets et procédés appartenant à une culture du métal, et modifièrent ainsi la vie de diverses communautés japonaises favorablement situées, notamment celles des colonies de la côte du Kyüshü où elle est le plus proche de la Corée du Sud.
    L’influence de la culture chinoise du bronze atteignit sans doute le Japon vers 200 avant Jésus-Christ, voire avant, et elle ne tarda pas à transformer ou remplacer la civilisation néolithique qu’elle rencontra. Mais avant que cette culture du bronze ne puisse prendre racine, elle fut supplantée par la culture du fer qui se développa en Chine sous la dynastie Han, vers la même époque, et qui, passant par la Corée, gagna à son tour le Japon.
    L’action de la culture chinoise sur la Corée, et donc sur le Japon, se trouva renforcée par la grande expansion que connut le pouvoir chinois sous les empereurs Han. En 108 avant Jésus-Christ, la conquête étendit ce pouvoir sur la moitié nord de la péninsule coréenne, où ne tardèrent pas à prospérer de nombreuses colonies chinoises. Impressionnés par la puissance et la richesse de la Chine et de sa civilisation, certains chefs tribaux de l’ouest du Japon commencèrent alors à envoyer des missions auprès du gouvernements colonial établi à proximité de l’actuelle ville de Pyongyang. Leur but consistait certainement à obtenir des objets et des informations utiles, car l’adoption de particularités matérielles provenant d’une civilisation supérieure devait leur conférer sur leurs rivaux un avantage certain. Ils surent aussitôt apprécier la valeur des armes et des outils de fer, qui les aidèrent à accroître leur puissance militaire et à améliorer leurs méthodes de culture, à gagner des terres en abattant des arbres et en creusant des canaux de drainage et d’irrigation, à construire des habitations de meilleure qualité. De tels travaux pouvaient être accomplis avec des outils de bronze, mais lentement et péniblement, tandis que les outils de fer, et en particulier les instruments tranchants, permettaient des progrès rapides et conféraient une place à part à ceux qui les utilisaient.
    Quand, où et comment ces changements s’opérèrent peut se déduire avec une certaine précision de vestiges archéologiques tels que le contenu de tombes, mais aussi de documents écrits comme les premières chroniques chinoises. Il y a, par exemple, de bonnes raisons de croire que l’influence culturelle de la Chine, sous la forme d’objets à la fois de bronze et de fer (comme des miroirs et des épées), a commencé à atteindre le Japon par l’intermédiaire de la colonie Han de Corée durant le premier siècle avant Jésus-Christ, et l’on peut conclure à coup sûr que les ambitieux chefs de clan japonais s’efforcèrent dès lors d’entrer en relation avec les autorités de la Chine et de commercer avec les marchands chinois et coréens. La première preuve écrite de tels rapports est le compte rendu de la visite d’un envoyé japonais auprès, non pas du gouvernement colonial, mais de la métropole chinoise. La chronique dynastique officielle où elle est mentionnée la place en l’année 57 de notre ère, et précise que l’envoyé reçut un sceau en or avec une inscription reconnaissant son maître comme roi de son pays, identifié depuis comme une localité aujourd’hui connue sous le nom de Hakata, sur la côte nord-ouest du Kyùshù*.
    Cet événement, outre qu’il prouve que des relations régulières avec la Chine étaient

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