Histoire du Japon
cultiver les arts à l’abri des menaces d’invasion, car si le Japon partage de nombreuses caractéristiques avec les autres pays de mousson, sa situation le met à l’écart. 200 kilomètres le séparent de l’Asie en son point le plus proche, et la navigation en mer de Chine est fréquemment dangereuse pour les petites embarcations. En outre, l’approche du continent à partir du Japon est rendue difficile pour les voiliers du fait que les principaux courants océaniques – l’Oyashio, ou courant d’Okhotsk, froid, et le Kuroshio, ou courant Noir, chaud – se dirigent vers les rives du Japon, le premier en provenance du nord et le second du sud. Enfin, la mousson d’hiver souffle violemment du nord-est de l’Asie en direction de l’archipel, et la mousson d’été, lorsqu’elle est au plus fort, a tendance à souffler de sud-ouest en nord-est, décourageant ainsi les communications avec la Chine par les voies maritimes directes. Les communications par mer étaient évidemment possibles dans les deux sens, et à certaines époques elles ne présentaient même aucun danger ; mais en général, les conditions n’étaient pas faites pour stimuler des relations régulières et continues entre le Japon et les autres pays.
De ce point de vue, le contraste entre le Japon et la Grèce, par exemple, est très marqué étant donné qu’en Méditerranée la prédominance de vents réguliers, la clarté de l’air, l’abondance des ports et des points de repère encourageaient la navigation et créaient ainsi une certaine interdépendance, tant politique qu’économique, entre les pays méditerranéens. Cependant, même s’il a privé le Japon de certains avantages, son isolement géographique lui a valu un haut degré d’indépendance, et a donné à sa civilisation un caractère distinct, pour ne pas dire unique.
Certains traits physiques du Japon ne doivent par » être perdus de vue, car ils modifient les données générales concernant le climat et ses effets sur les conditions de vie. En premier lieu, il faut se rappeler que l’archipel couvre des latitudes très diverses, d’où découlent d’amples variations climatiques. Sur ce plan, la grande division se situe approximativement à 38°de latitude nord. Au-delà, l’hiver est froid et l’été généralement beau, mais non pas chaud ; en sorte que le nord du pays, échappant au régime des moussons, doit être considéré comme marginal en matière de riziculture. Au sud, le climat est humide et subtropical, et les conditions sont ainsi favorables à la culture du riz.
Une autre division, d’ordre morphologique, n’a sur le climat qu’un effet indirect. Elle partage le Japon en deux zones, l’Extérieur et l’Intérieur, parallèles l’une à l’autre dans la direction de l’axe nord-est – sud-ouest de l’île principale. L’Extérieur donne sur le Pacifique ; l’Intérieur sur la mer du Japon et l’Asie du Nord-est. Les caractères géologiques de ces deux zones diffèrent à maints égards. Le sujet est trop compliqué pour que l’on en discute ici, mais, dans une perspective historique, il faut savoir que ces différences existent, et qu’elles expliquent celles que l’on observe en matière de coutumes, de vêtement, de langage, etc., surtout dans les communautés que la difficulté des communications isole. Les différences régionales et locales qui existent au Japon ne doivent pas être négligées, même si elles ne sont pas suffisamment profondes pour porter atteinte de façon sensible à l’homogénéité que présente le peuple depuis le vue siècle, où s’est formé l’État centralisé.
De manière générale, la population de l’Intérieur est séparée de celle de l’Extérieur par les montagnes qui constituent l’épine dorsale de l’île principale. Il n’existe qu’une seule route qui permette un passage facile de la côte asiatique à la côte pacifique : celle qui relie la baie de Wakasa, sur la mer du Japon, à la pointe orientale de la mer Intérieure. Par comparaison, le voyage par terre de l’extrémité occidentale de l’île principale à l’ancienne capitale, Kyoto, a toujours été facile ; et lorsqu’on le continuait vers les provinces de l’Est, on ne rencontrait d’autre obstacle important que des cours d’eau guéables et le col de Hakone, qui n’atteint pas 1000 mètres. On empruntait alors la célèbre route du Tökaidö, sur le littoral pacifique. La barrière de
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