Histoire du Japon
les matières à disposition et par l’habileté que requiert leur emploi. La main qui taille une image du Bouddha doit son adresse à la dureté du bois, à la fibre exigeante du camphrier ou du cyprès qui poussent sur le flanc des montagnes.
CHAPITRE II
Le peuple – LES ORIGINES
Les origines du peuple japonais ne sont pas connues avec certitude, mais ceux qui étudient son histoire estiment pour la plupart qu’il est d’ascendance mixte, avec une forte proportion d’immigrants du nord de l’Asie et une proportion sans doute moindre des régions côtières du Sud-Est asiatique ou, moins vraisemblablement, d’Indonésie ou de Polynésie.
De nombreux témoins archéologiques nous permettent de nous faire une image remarquablement claire du Japon à la fin de l’âge de la pierre. Des tumuli, des tombes, des poteries et d’abondants autres vestiges attestent l’existence de deux types distincts de culture néolithique. Ils présentent des différences d’ordre spécifique et géographique, ce qui justifie l’hypothèse selon laquelle un type serait plus ancien que l’autre, qui finit par le supplanter. Ce qui signifie que la première culture (dont les vestiges les plus anciens sont mésolithiques plutôt que néolithiques) s’est étendue sur l’ensemble de l’archipel et a probablement atteint son apogée bien avant l’arrivée de la seconde, dont les traces les plus évidentes se trouvent dans l’ouest du pays.
Cette première culture – de chasseurs et de pêcheurs, non de cultivateurs – a probablement été développée par les descendants d’immigrants venus à diverses époques de différentes parties du continent. Selon des découvertes archéologiques récentes, certains d’entre eux ont atteint le nord du Japon à partir de la Sibérie orientale ; d’Ezo (Hokkaidö) et peut-être Sakhaline, leur culture s’est progressivement étendue jusqu’au centre de l’île principale (Honshù) et à la région du Kantô. Les anthropologues estiment qu’ils sont les lointains ancêtres des Aïnous, peuple caucasique dont on ne trouve plus aujourd’hui que de rares représentants dans l’île nord du Japon et à Sakhaline.
D’autres courants de culture mésolithique et néolithique sont supposés avoir atteint le Kyüshü et l’extrémité occidentale de l’île principale, en provenance d’une région côtière de la Chine du Sud, en passant par Formose et par l’archipel des Ryükyü.
Les explications touchant la première phase de la culture néolithique au Japon sont pour une bonne part faites de conjectures. Mais dès que l’on passe à la phase ultérieure, il n’y a guère de place pour le doute. Il ne s’agit plus alors d’une culture de chasseurs et de pêcheurs, mais essentiellement du produit d’une société sédentaire occupée d’abord à cultiver le riz dans des champs irrigués. Ces méthodes agricoles nous permettent de conclure que celle-ci est certainement d’origine méridionale, et qu’elle a probablement atteint le Kyüshü (et peut-être la Corée méridionale) à partir du sud de la Chine ou de l’Indochine avant de coloniser l’île principale. Toutefois, bien que les outils de pierre prédominent dans la majorité des sites de cette culture, les objets de bronze sont également nombreux, de sorte qu’il y a de bonnes raisons de croire que ce que nous appelons culture néolithique tardive est, ici, l’extension d’une culture énéolithique commune à la Mandchourie, à la province maritime de Sibérie et à la péninsule coréenne. Pour des raisons géographiques évidentes, les relations avec la Corée revêtent d’ailleurs tout au long de l’histoire du Japon une importance particulière. C’est principalement à partir de la Corée que la culture néolithique tardive a gagné l’archipel, apportée par des immigrés du Nord-Est asiatique, mais d’une autre origine que ceux de la première phase néolithique déjà installés au Japon. Ils appartenaient à un groupe ethnique, ou plus exactement à un groupe linguistique, qui comprend les Finnois, les Huns, les tribus tongousiques et les Mongols. On ne peut dire s’ils entrèrent au Japon en tant qu’envahisseurs ou comme simples colons ; néanmoins, il semble qu’il n’y eut pas de mouvements de masse, mais plutôt une série d’immigrations de petite envergure par des groupes et par des familles que ne satisfaisait pas leur vie en Corée. Rien ne prouve qu’ils essayèrent de
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